Je prie donc je suis

Une impulsion

Sur son blog, le pasteur Marc Pernot répond à un internaute qui affirme qu’il ne peut pas prier, ne reconnaissant pas Dieu comme une réalité. Le pasteur interroge et s’interroge sur « Dieu » et sur « prier ». Lisez sa réponse complète ici. J’ai beaucoup aimé l’humilité du théologien au-delà des réponses dogmatiques, institutionnelles ou toutes faites. Son éclairage a alors alimenté ma propre réflexion et a questionné mon rapport à la prière.

Je prie donc je suis

Je crois en un « ultime », pour reprendre les mots de Marc Pernot, que j’appelle Dieu. Pourquoi ? Sans doute, parce qu’on me l’a appris. Et cet « ultime » se montre mystérieusement présent dans mes journées et dans mes rencontres, dans mes doutes et mes silences aussi. Je ne saurais le décrire ; c’est ma conviction.

Parce que je crois à cette « présence », je m’arrête et je prie. Parfois avec des mots choisis, souvent de manière spontanée, plus souvent encore au travers de silences et de soupirs. En priant, je prends conscience de cet « ultime » qui me dépasse et que je ne parviens ni à expliquer ni à démontrer, mais qui me fait être au monde, en contact, en communion, avec mes frères et sœurs en humanité, chercheurs et questionneurs tout comme moi.

Je suis donc je prie

Le fait d’être au monde me rend aussi sensible à ce qui s’y passe : souffrances, injustices, catastrophes, migrations, dérèglement climatique, harcèlements et j’en passe… Mais, je sais également accueillir la joie de vivre, les rires et les cafés partagés, les amitiés, parce qu’ils me permettent de ne pas désespérer.

Parce que je suis, alors je prie, remettant mon impuissance, mes révoltes, mes colères à cet « ultime ». Je lui adresse aussi ma reconnaissance profonde et sincère pour tous les moments forts de mon existence, où j’ai pu entrevoir ces éclats de grâce.

Des réponses, allons donc !

En priant, je n’entends pas de voix venues d’ailleurs ni d’en-haut qui me parleraient. C’est plutôt de l’ordre de la conviction, intime : un élan, une prise de conscience, un regard sur la réalité qui donneront une orientation à ma journée, à ma manière d’être avec les autres, à accueillir les événements et les imprévus, dans la confiance que rien ne sera (de) trop.

En étant, je prie. Je n’ai pas la prétention de sauver le monde. D’autres s’y sont essayé avant moi et ont échoué. Un seul est le Sauveur . Je m’associe plutôt à cette communauté priante qui passe souvent inaperçue, mais qui porte le monde dans ses pensées et ses mains en les joignant. Prier, c’est demander sans se lasser la paix sur terre, la justice entre les humains, la fraternité pour les peuples, la sauvegarde de la création. C’est croire, malgré tout, à un avenir toujours possible, toujours ouvert.

Et parfois, ici tout près, ou là-bas tout loin, il y a un signe, un reflet, un éblouissement qui disent que notre prière à tous n’a pas été vaine.

Descartes disait : « Je pense donc je suis. » Moi, je dis : « Je prie donc je suis. »

L’unité n’est ni une option ni une évidence pourrait également vous intéresser

Source de l’image d’en-tête : pixabay.com

En savoir plus sur Jean-Marc Leresche

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading