À l’heure du (premier) bilan

Cela fait maintenant six mois que j’ai changé de ministère, d’Église et de canton, professionnellement parlant, passant d’une aumônerie en EMS à un engagement en paroisse. Ce peut être le temps d’un premier bilan. Ça a été en tout cas l’un des souhaits du conseil de paroisse: j’ai fait beaucoup de choses; j’ai été un peu partout. La lecture du numéro 3/19 de Inter-Pares, dont la couverture illustre ce billet, bulletin de la Société Pastorale Suisse, consacré au (risque) de burn-out dans le métier de pasteur, et par extension de diacre, m’encourage à partager quelques considérations, surtout que l’un des rédacteurs n’est autre que le pasteur de ma région.
La version électronique est ici.

L’agenda

En aumônerie, mon agenda était rempli par des « blocs » de demi-journées : le matin dans telle ou telle institution pour la célébration, l’après-midi dans telle autre pour des visites personnelles. Le programme était relativement précis et redondant de mois en mois. Pour mon esprit structuré et organisé, cela me convenait très bien.

Maintenant, je me retrouve avec des pages blanches, d’autres avec quelques rendez-vous notés. N’allez pas croire que je ne fais rien, mais le temps est organisé différemment. Que faire de ces p(l)ages libres? L’ombre de la culpabilité de ne pas en faire assez pointe le bout de son nez. Pour mon esprit, c’est un apprentissage que d’apprivoiser ce temps offert.

Le cahier des charges

Le cahier des charges de l’aumônerie était très complet et précis. Trop peut-être. Je l’ai considéré longtemps comme une liste de tâches à cocher. Peu à peu, j’ai pris un peu de distance et ai mis l’accent sur tel ou tel aspect au gré de mes rencontres et des demandes qui m’étaient adressées.

En paroisse, le cahier des charges a d’abord été une page blanche, à remplir en fonction des besoins et attentes du conseil et de la communauté d’une part et de mes envies et compétences de l’autre. La première mouture a posé de grandes lignes, avec l’objectif d’affiner au fil des mois. Nous y sommes.

La présence

Dans l’aumônerie, je (me) devais être présent, me faire voir, dans le bon sens du terme. Combien d’entretiens, de visites, d’accompagnements ont commencé par une rencontre informelle ou spontanée. Ils ont été bien plus nombreux que des demandes formulées par les résidents, leurs proches ou le personnel.

Dans la paroisse, je me pose la question d’une présence qui ait du sens. Il ne s’agit pas de faire acte de présence, mais d’être pertinent, quand et là où je suis. Assurer une forme de permanence au bureau du secrétariat, arpenter les rues ou boire un café à une terrasse sont-ils aujourd’hui compris comme des signes pertinents de présence? J’en doute. Je choisis par conséquent de regrouper mes engagements pour répondre aux sollicitations qui me parviennent.

La question des déplacement a aussi toute son importance. En passant de l’aumônerie dans le Haut du Canton de Neuchâtel à un engagement sur les bords du Lac de Bienne, j’ai doublé au passage mes temps de déplacement. J’aimerais optimiser autant que faire ce peut cet « entre-deux ».

L’identité

Dans l’Église réformée évangélique du Canton de Neuchâtel, l’identité diaconale, notamment en aumôneries, est définie clairement (lien si le cursus de formation vous intéresse). Il en va autrement de l’identité diaconale dans l’Église réformée bernoise. Majoritairement et de ce que j’en sais aujourd’hui, le diacre assume souvent l’animation de jeunesse ou l’aspect social d’une paroisse voire d’une région. Le diacre en paroisse est une exception. Je suis donc une exception!

J’arrive aussi avec un bagage et des compétences à la fois variées et spécifiques: l’aumônerie auprès des aînés, l’accompagnement des bénévoles, des réflexions personnelles sur des enjeux de société…

D’entente avec le conseil de paroisse, je choisirai de mettre en avant mes compétences et expériences dans des projets collaboratifs, notamment autour de l’intergénérationnel. Tout en étant ouvert à d’autres domaines, nouveaux pour moi.

Travail et ressourcement

Dans le bulletin susmentionné, le pasteur Marc Balz, fait la proposition de dédier du temps à « l’attention à soi »: soit 1 heure par jour; 1 jour par mois; 1 semaine par an. Je me souviens avoir insisté, en colloque d’aumônerie, pour que le soin à sa pratique spirituelle figure dans la liste des tâches attendues de l’aumônier (diacre ou pasteur). Cet aspect a été un peu négligé dans la paroisse et je veillerai à le remettre en question et à en négocier les conditions.

Et la suite, alors?

Je peux compter sur la prise de conscience et la reconnaissance des membres du conseil de paroisse, des collègues et des paroissiens. Il a été décidé de reprendre et de recentrer mon engagement, en lui donnant une vraie plus-value pour la communauté et pour la population.

Rien n’est figé. Tout peut et doit évoluer. Mon ministère, tout comme l’Église est semper reformanda, toujours à réformer. C’est cela qui donne du sens à mon diaconat.

À suivre…

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