blog

Donner par amour, l’histoire d’une veuve

Textes de la narration et de la prédication du culte du dimanche 17 novembre 2024 au temple de St-Aubin.

Textes bibliques : Premier livre des Rois 17, 10-16 et Évangile de Marc 12, 38-44.

Ce dernier texte a inspiré Myriam Leresche pour le tableau en couverture.

Jean-Philippe Schenk à l’orgue

Chères Amies et Chers Amis,

J’ai fait le choix, audacieux sans doute, de me mettre dans le rôle de cette veuve du Temple de Jérusalem. Je prends le risque de parler à sa place, de visiter les pensées qui auraient pu être les siennes. C’est subjectif, évidemment. Et vous avez le droit de penser autrement. Ensuite, je vous partagerai une courte réflexion.
Alors, je vous invite à la rejoindre, cette veuve, dans l’agitation de ce jour-là au Temple de Jérusalem. Vous la voyez ? Vous l’entendez ? Tendez l’oreille…

Narration

Elles sont là, au creux de ma main. Oh, je ne vais pas les lâcher ! J’ai trop peur de les perdre. C’est toute ma fortune… Tout ce qui me reste ! Moi, la pauvre d’entre les pauvres qui ai tout perdu : mon époux qui est mort trop tôt et nous n’avons pas eu d’enfants. Mon seul soutien n’est plus et je dois faire sans maintenant. Je suis comme Rachel qui pleure et ne veut pas être consolée. Car moi, qui me consolerait ?

Elles sont là. Je sens le bronze qui se réchauffe peu à peu dans ma paume. Je les garde, je les cache contre mon ventre bien trop sec pour porter la vie. J’ai peur qu’on me les vole. Vous savez, il n’y a pas que de bonnes gens au Temple.

Deux pièces, voilà tout ce que j’ai. Deux misérables pièces que je viens verser au Trésor de la Maison du Seigneur. C’est là mon seul et unique sacrifice. Pas assez pour acheter un pigeon, même un peu déplumé. Je ne peux donner que ces deux pièces, ensuite, je n’aurai plus rien.

Que Yahvé pardonne mon indigence ! Qu’Il veuille recevoir cette offrande comme celle de tout mon être. Ce ne sont que deux pièces sans importance, insignifiantes par rapport à ce que mettent les riches. Regardez-les : ils fanfaronnent ! Ils montrent à tous qu’ils ont de l’argent, qu’ils peuvent donner sans compter, eux !

Ce qu’ils laissent tomber dans le Trésor ne leur coûte pas grand-chose, ou si peu. Ils descendront les marches et ne se souviendront même pas de ce qu’ils n’ont plus. Alors que moi…

Alors que moi, en descendant ces marches, je porterai ce vide si lourd. Je retournerai chez moi les mains vides désormais. Je ne pourrai compter que sur la générosité de mes voisines, de braves servantes de Yahvé, qui me donneront de quoi ne pas mourir de faim. Pour le reste…

Qu’il est loin le temps d’Élie le Prophète et la légende de la veuve de Sarepta, qui voyait sa jarre d’huile et son pot de farine toujours pleins. Ces histoires, ça n’arrive qu’aux autres !

Oh, pourvu qu’on ne me voie pas. D’ailleurs, qui regarderait une vieille femme au visage ridé, au dos courbé, à la robe trouée ? Qui la remarquerait au milieu de ces grands qui font briller leur or et leur argent ? Si je fais bien attention, je pourrais jeter mes pièces derrière ceux qu’on admire. Je m’approcherais du manteau soyeux et brillant de ce riche. Comme, j’aimerais toucher cette étoffe de mes doigts déformés, mais je ne m’y risquerais pas. Et je jetterais mon trésor, sans même lever les yeux et je m’en irais par derrière. Ainsi, personne ne me verrait. Oui, c’est cela. Il ne faut pas qu’on me voie…

Seigneur, Yahvé. Pardonne mon indignité !

Me pardonneras-tu un jour ?

Pendant le morceau de musique qui vient, revenons à aujourd’hui, et ici dans ce temple.

Courte prédication

Chères Amies et Chers Amis,

Nous le savons bien, n’est-ce pas : Dieu n’est pas un comptable. Et heureusement. Il ne mesure pas notre foi, notre sincérité, à l’aune de nos dons sonnants et trébuchants. Il n’a pas ce regard inquisiteur par-dessus notre épaule pour vérifier que ce que nous donnons nous coûte vraiment et est à sa hauteur. Parce que, si c’était le cas, je crois que nous ne donnerions jamais assez !

Donner jusqu’à l’excès, vraiment ?

Une question pointe à l’horizon : faudrait-il donc s’appauvrir, au point de tomber dans la mendicité, en donnant tout notre essentiel pour plaire à Dieu et suivre Jésus, à l’image de cette veuve ou de cet homme riche à qui Jésus répond qu’il lui faut vendre tout ce qu’il possède, donner le produit aux pauvres et le suivre ?

Que ce soit la veuve du Temple, le jeune homme ou nous ici et aujourd’hui, voici autant d’exemples qui nous font comprendre que la foi est une invitation au détachement de nos sécurités, un déplacement de notre zone de confort, une prise de risque, un lâcher-prise. Une prise de conscience aussi : tout ne dépend pas de nous seuls ; tout est dans les mains de Dieu, lui qui est riche en bonté et amour pour chacun.

Dieu regarde au cœur

Dieu ne tient pas de compte « pertes et profits » et heureusement. Il n’additionne pas nos « petites misères ». Non, il multiplie largement et sans compter son pardon, son amour et sa grâce. Cela semble évident. Mais, il y a des évidences qu’il vaut la peine de rappeler.

Une autre évidence : Dieu regarde au cœur et avec le cœur. Il sait qu’on ne voit bien qu’avec le cœur, car l’essentiel est invisible pour les yeux… Pour reprendre des mots célèbres de St-Exupéry. Dieu voit la manière dont nous donnons, que ce soit peu ou beaucoup. Et ce qui est invisible, du moins sur les balances, c’est bien l’amour auquel l’Évangile nous appelle. Un amour qui a du poids, malgré tout, un amour en trois dimensions : l’amour pour Dieu, pour le prochain et pour soi. Et c’est cet amour-là qui doit – ou devrait – guider notre manière de donner.

Un amour qui n’a pas de prix… Et pourtant

C’est certainement son amour pour Dieu qui guide la veuve du Temple à donner son essentiel, convaincue sans doute qu’elle ne donne pas à sa juste hauteur. C’est par amour que, plus tard, Jésus donnera son essentiel, sa vie, par amour pour le monde, afin qu’il vive.

C’est par amour que nous aujourd’hui, nous sommes invités à donner ce que nous sommes d’abord et ce que nous avons, et pas seulement dans nos bourses ni nos poches. On peut donner de l’amitié, de la reconnaissance, un regard bienveillant, une oreille attentive, une poignée de main… Tout autant qu’un verre d’eau, un morceau de pain, une invitation. Ce sont là autant  de déclinaisons de l’amour, en fait.

Et cela, nous le savons bien, n’a pas de prix, mais peut se révéler d’une grande valeur. Cela semble une évidence que de le dire, mais il y a des évidences qu’il vaut la peine de rappeler.

Amen.

Pour une Église du seuil

Présentation lors de l’assemblée plénière de la Conférence Diaconie Suisse le 11 novembre 2024 à Neuchâtel. À cette occasion, j’ai été approché pour parler de la diaconie à partir de mon expérience du terrain aux représentant·es des Églises réformées cantonales de Suisse.

Mesdames et Messieurs, chers Membres de l’assemblée plénière,

Merci de me donner l’occasion de m’adresser à vous lors de cette assemblée de la Conférence Diaconie Suisse dans le Canton de Neuchâtel. C’est un honneur et une joie d’être là avec vous. J’aimerais me présenter en quelques mots avant de vous partager quelques réflexions autour de la diaconie en partant de ma propre expérience de terrain.

Je m’appelle Jean-Marc Leresche et je suis diacre de l’Église réformée évangélique du Canton de Neuchâtel et je partage mon emploi du temps entre deux engagements : la responsabilité de la Lanterne, le lieu d’accueil de l’aumônerie œcuménique de rue en Ville de Neuchâtel et le catéchisme des préadolescents et adolescents. Deux activités qui se rejoignent dans le sens où je travaille en équipe avec des collègues, bénévoles et de jeunes moniteurs, où j’accompagne des adultes et des jeunes qui n’ont pas forcément d’implication ni de parcours dans l’Église ; je pourrais parler de « distancés » de nos institutions. Et j’ajouterais encore : deux engagements où la foi s’exprime d’abord dans sa manière d’être et d’accueillir plutôt que dans des discours sur la foi. Et enfin, deux engagements qui m’enrichissent humainement.

Comment me présenter ?

J’ai réfléchi à la manière de m’adresser à vous. J’ai alors fait le choix de commencer par ma réalité du terrain, celle de la Lanterne. Pour cela, je ne suis pas venu seul. Me voici accompagné de quelques-uns de nos visiteurs à qui j’ai donné la parole, écoutons-les : « La Lanterne, c’est un lieu de vie où il est possible de faire des rencontres variées et enrichissantes, où la bonne humeur, la confiance et l’écoute sont de mise. L’ambiance y est décontractée, les animateurs très sympathiques. La Lanterne, ça me fait penser à la Chanson pour l’Auvergnat de Georges Brassens : Toi, l’Auvergnat, qui sans façon, m’as donné quatre bouts de bois quand dans ma vie il faisait froid… Quatre bouts de pain quand dans ma vie, il faisait faim.’ C’est un bel endroit accueillant et chaleureux, où il est possible de se poser et ça compte ! On y vient comme on est, pas besoin de montrer patte blanche. Quand on se sent seul, on y trouve une proximité qu’on ne trouve pas ailleurs. C’est une porte ouverte en cas de coup dur. On peut se plaindre sans peur d’être jugé, et cela compte aussi. »

À lire aussi le journal Reflets de la Lanterne 2-2022.

Je retiens ces quelques mots qui donnent du sens à mon engagement et à celui de la douzaine de bénévoles qui donnent de leur temps et de leur personne à mes côtés :

Rencontres et confiance

La Lanterne est un lieu où se rencontrent des parcours de vie souvent chaotiques, mais au cours desquels nous pouvons découvrir une force de vie, la capacité à rebondir, à trouver un nouveau départ, l’élan pour faire le petit pas de plus. C’est un lieu où la confiance se tisse avec le temps. Et c’est précieux et fragile la confiance, il faut en prendre soin et elle ouvre à la confidence.

L’ambiance

À la Lanterne, on vit la vie avec toutes ses couleurs et nuances. On y rit, on y pleure, on y discute de ses problèmes, on cherche un début de solution et l’ambiance « bistrot » aide à s’y sentir bien. Assis autour d’un petit-déjeuner, d’un bircher, d’une soupe ou d’une salade, qui sont pour certains le premier repas de la journée, on parle de la vie. Quelqu’un a dit un jour : « Ici, à la Lanterne, vous avez le temps de nous écouter, c’est pas comme au café. »

Se poser

Trouver un lieu accueillant, des personnes qui le sont tout autant, ça aide quand il fait froid dehors et dans la vie. Prendre un peu de temps ou beaucoup pour donner la place à chacun, pour déposer aussi le fardeau dans la discussion, la confidence ou la prière.

Une porte ouverte

La Lanterne est une porte ouverte à chacun et chacune. Après 21 ans d’existence, elle est encore connotée « lieu pour les marginaux » et j’aimerais que cela puisse évoluer et que la Lanterne devienne une maisonnette de quartier, car avec une capacité de 15-20 places, on ne peut pas trop rêver.

Une communauté

La Lanterne, ce sont d’abord des visiteuses et visiteurs, des hôtes, des amis… Autant de mots pour éviter ceux de « bénéficiaires » ou d’« usagers ». Elles et ils sont près d’une centaine à franchir le seuil chaque mois. Il y a la douzaine de bénévoles qui se relaient par deux au fil des trois ouvertures hebdomadaires, afin d’accueillir, écouter et servir nos visiteurs. Il y a l’animateur de rue qui se rend présent en ville et fait le lien avec la Lanterne. Il y a le comité de l’association Dorcas qui veille aux aspects administratifs du fonctionnement de notre lieu. Et il y a les trois Églises du canton : réformée, catholique-romaine et catholique-chrétienne qui soutiennent ce lieu d’accueil au cœur de la ville. Ensemble, nous formons une communauté vivante où la dimension spirituelle n’est pas oubliée, puisque notre lieu dispose d’une chapelle et où nous terminons chaque permanence par un temps de prière et de méditation, ouvert à celles et ceux qui le souhaitent. Nous donnons ainsi vie à une communauté « en marge de nos Églises du dimanche matin ». Certains de nos hôtes m’ont dit : « La Lanterne, c’est mon église ! » Et les absents ne sont pas oubliés, mais ont leur place dans nos prières communes.

Une église comme je la rêve

J’aimerais vous faire une confidence, puisque nous sommes entre nous. J’aime cette Église, j’aime cet engagement au plus près des seuils de la société, parce que je crois qu’au travers des visages, des personnes et des histoires, j’ai entrevu quelques reflets du visage de Dieu et de son action dans nos vies. Pas de grandes révolutions, mais de petites révélations ô combien essentielles : retrouver un peu de confiance, oser le pas suivant, faire un choix parfois difficile, mais salutaire…

J’aime cette manière d’accueillir et d’être accueilli dans la convivialité, sans étiquette (ou en les enlevant), en essayant de ne pas trop juger, ni trop vite, en découvrant de belles personnes, de recevoir des confidences de vie et sentir en ce lieu et entre nous un esprit de paix et d’accueil.

À lire aussi : « La diaconie est l’avenir de l’Eglise » – Diaconie Suisse

Des lieux similaires

Je ne vous apprendrai rien, en vous disant que la Lanterne n’est pas une exception et que de nombreux lieux similaires existent en Suisse. Nous en avons eu un panorama francophone lors de la Journée diaconale romande à Lausanne, au mois de février dernier. À La Chaux-de-Fonds, « La Cascadelle » est un autre lieu d’accueil pour le Haut du Canton de Neuchâtel. Et cela me réjouit profondément. Ces lieux, chacun avec sa spécificité et sa réalité, sont une manière d’être et de faire Église. J’aimerais ici remercier toutes les personnes qui s’y engagent et vous, chères Déléguées et chers Délégués, de soutenir de telles actions.

À lire aussi : Lieux présentés lors de la Journée diaconale romande.

L’existence de ces lieux pose aussi la question de la précarité et de la mendicité dans notre pays et la manière de la prendre charge. Cela est une vaste question, mais je me réjouis de constater que les Églises sont partenaires des associations laïques actives dans ce domaine et des autorités politiques.

Notre spécificité

Qu’est-ce qui distingue la Lanterne et les lieux similaires d’un bistrot ou d’une maison de quartier ? Ma réponse sera la dimension spirituelle qui s’exprime déjà dans notre manière d’accueillir, de s’engager, car nous ne sommes jamais seuls. Nous avons la certitude que Dieu nous accompagne dans nos engagements. Il permet que la parole se libère, il ouvre des chemins possibles. C’est là ma conviction et la nôtre.

Dans nos lieux, nous pouvons aussi aborder les questions en lien avec la foi, l’Église, Dieu sans tabou, ce qui n’est pas forcément le cas ailleurs. Comme nous travaillons en réseau avec d’autres associations, celles-ci peuvent orienter leurs hôtes vers la Lanterne pour des questions qui les dépassent. Nous n’aurons pas forcément les réponses, mais nous pourrons cheminer avec la question et c’est déjà pas mal. Et à notre tour, nous pouvons proposer une aide par un service plus spécifique.

Conclusion

Je conclus en relevant deux citations bibliques qui sont le cœur de mon engagement et que je partage avec les bénévoles, le comité et les Églises :

La première :

Que veux-tu que je fasse pour toi ?

reprenant la question de Jésus à l’aveugle Bartimée (Mc 10, 46-52).

L’importance de laisser la liberté à l’autre, de lui donner l’espace pour dire ses besoins, ses attentes. Bien sûr, il est plus facile et rapide de décider pour lui pour elle, mais on prendra alors certainement une mauvaise décision.

La seconde citation :

Il ne faut pas que notre amour consiste uniquement en discours et en belles paroles ; ce doit être un véritable amour qui se manifeste par des actes. (1 Jean 3,18).

Si nous sommes là, c’est aussi pour apporter une aide concrète et matérielle, sous la forme de nourriture ou de bons Migros, pour ce qui concerne La Lanterne. L’Évangile, cette bonne nouvelle, s’enracine aussi dans le quotidien le plus ordinaire et nous avons à accueillir des demandes de soutien et à y répondre avec discernement, c’est aussi un exercice difficile.

Nous le savons bien, n’est-ce pas, la diaconie, c’est le cœur et la main tendus vers l’autre. À la Lanterne, comme ailleurs, j’en suis convaincu.

Rencontrer, faire un bout de chemin, accueillir, écouter, soutenir, voilà ce qui donne du sens à mes engagements.

Arrivé au terme de ma réflexion aujourd’hui, je n’ai évidemment pas fait le tour de la question, mais j’ai souhaité partager avec vous ce qui m’anime, ce que j’ai découvert depuis 4 ans que je suis à la Lanterne.

Alors, comme je l’ai déjà maintes fois expérimenté, c’est par la discussion que nous nous enrichissons, je serais heureux de poursuivre avec vous par un temps de réactions.

Du Metal chrétien, c’est pas sérieux !

Pour sa deuxième édition, le Festival BREF a investi la ville de Morges. Préparé par des jeunes et pensé pour des jeunes de 15 à 25 ans, ce rendez-vous a réuni des catéchumènes et accompagnant-es des Églises réformées de Suisse romande et de France voisine.

Le programme proposait divers ateliers, des célébrations et des concerts variés sous le slogan OSER OUVRIR. Parmi ceux-ci, j’ai accompagné des jeunes à « Oser le métal et la foi » avec cette question : est-ce que le rock metal et la foi ont quelque chose à voir et à se dire.

À lire aussi : Oser élargir le répertoire : paroles de pasteurs | Réformés.ch

Ouvert à la curiosité

J’avoue que j’y suis allé dans un esprit de curiosité, laissant au vestiaire des idées préconçues et entendues durant mon adolescence : « le rock, et plus encore le heavy metal, c’est satanique ! », « Il y a plein de messages cachés contre Dieu et Jésus », « C’est l’Antéchrist ! »

Animant l’atelier, les deux pasteurs francophones Nicolas Charrière et Timothée Reymond ont retracé l’histoire du rock’n’roll jusqu’au metal et comment ce genre musical peut aussi être porteur du message évangélique, tout comme le gospel dans un autre genre.

À lire aussi : Metal et foi chrétienne, un duo surprenant mais gagnant!

Un projet suisse qui rassemble

Pour sa part, le pasteur bernois Samuel Hug a rappelé que beaucoup de psaumes étaient chantés et accompagnés de musique. Nous avons encore quelques indications dans la bible. Ensuite, avec le groupe Adoramus, il a expliqué la naissance de la Metalchurch qui est devenu un projet concret de l’Église bernoise qui y a consacré des moyens.

Ouvert ici. Là, c’est trop fermé

Tout comme le rock à son époque, le projet Metalchurch est né du sentiment pour ses initiateurs de ne pas se retrouver dans les « cases » de la société ni dans celles des Églises. Pouvoir jouer la musique qu’on aime et comme on veut, être soi-même, avec ses goûts, ses cheveux longs (pour les hommes), ses tatouages, ses vêtements, ses bijoux. Un désir et une volonté son nés de pouvoir louer Dieu et le célébrer avec d’autres qui partagent les mêmes passions pour le hard rock et la culture heavy metal, mais qui ne se retrouvent pas dans les célébrations traditionnelles. Car, oui, on peut être chrétien-ne et aimer le metal, avoir un look qui nous est propre, même s’il dérange parfois. Et il y a là une vraie vie d’Église, des rencontres, des accompagnements, des prières, une solidarité, un service à l’autre, en un mot, il y a une communauté vivante.

Pas si loin finalement

Je n’ai pu m’empêcher de tirer un parallèle avec ce que nous vivons, ou essayons de faire vivre, à la Lanterne, à notre échelle : accueillir toutes celles et tous ceux qui ne se sentent pas en phase avec une manière de « faire Église » trop traditionnelle, traditionnaliste, voire moralisatrice.

En ressortant de cet atelier, j’ai ouvert mon horizon musical. Je ne vais pas devenir métalleux pour autant. Mais, j’ai aiguisé ma curiosité pour d’autres manières d’être Église que le dimanche matin aux sons de l’orgue et des cantiques. Je me suis laissé habiter par cette question : comment se rapprocher de celles et ceux qui peinent à trouver une vraie place, la leur, dans notre manière de célébrer, dans nos églises et temples ? Tous ces projets novateurs sont ce qui s’appelle des fresh expressions. Il ne s’agit pas de se convertir l’un à l’autre, mais de s’enrichir, de savoir se montrer curieux, de quitter des idées toutes faites et définitives de ce qu’est ou devrait être l’Église avec un grand E, parce qu’elle a toujours été ainsi. Le Christ ne nous invite-t-il pas à quitter nos schémas au profit d’une rencontre humaine et authentique avec l’autre ?

À lire aussi : Elle est fraîche, mon expression ! – Labo Khi

Un regret… Et une conviction

Je suis revenu avec un regret quand même : je n’ai pas pu assister à un live de la Metalchurch ni au culte metal, prévu en fin de soirée le samedi, car il y avait incompatibilité d’horaires avec d’autres impératifs. Mais, je ne désespère pas d’assister un jour à une telle célébration.

Et je suis aussi convaincu que le heavy metal et la foi peuvent faire bon ménage. Et ça, c’est du sérieux !

À lire aussi : Reflets du festival jeunesse BREF 2024 – paroisse de la BARC et le billet de Laure Devaux – BREF… oser

Le KT, c’est du job !

Récemment, j’ai été occupé par la finalisation des diplômes de nos monitrices et moniteurs. En me prêtant au difficile exercice du décompte des heures, j’ai pris conscience de tout l’investissement que  cela représente et dont on n’a pas toujours une idée très précise. Voici quelques éléments pour en prendre toute la mesure.

Cet article reprend des réflexions de « une expérience de formation« .

Une formation en trois étapes

A l’issue de l’année de KT, les jeunes âgés de 15-16 ans, peuvent choisir de se former pour devenir monitrices ou moniteurs de KT. Cette formation se compose de trois étapes : premièrement,  le ou la  catéchumène est Jeune en formation (JEF). Une formation théorique et pratique lui permet d’acquérir et développer des compétences en animation de groupe, prise de parole en public, réflexion autour de sa propre foi et la manière de la partager.

La deuxième étape sera centrée sur l’aspect biblique et la mise en lien des textes avec les enjeux actuels et comment les partager avec de jeunes publics. Un peu plus âgés, les JEF deviennent  alors de Jeunes accompagnants de catéchisme (JAC). Ainsi, ils et elles prennent plus de responsabilités dans les week-ends et les camps.

La troisième étape est la réalisation d’un travail de diplôme, de la réflexion thématique à son évaluation, en passant par la réalisation pratique et l’animation lors d’une activité,  un week-end ou un camp. Une remise officielle du diplôme lors d’un culte marque cette étape importante.

Un investissement conséquent

On l’imagine aisément, une telle formation demande du temps et de la disponibilité, souvent en soirée, le week-end ou lors d’une semaine de vacances d’été, et un investissement personnel. Tout cela à côté d’une vie de famille, d’une formation, d’engagements associatifs. Car, au-delà de la théorie, il y a les rencontres pratiques d’animation et les séances de préparation qui les précèdent. On atteint ainsi et rapidement quelques centaines d’heures pour obtenir le diplôme (on avoisine au minimum les 500 heures). Tout cela demande un certain esprit de sacrifice, mais la motivation et l’enthousiasme sont au rendez-vous à chaque fois. Je n’ai pas entendu de jeunes regretter leur choix.

Il y a de quoi être fier

Oui, il y a de quoi être fier. Pour les diplomé-es d’abord qui voient leur travail récompensé et leurs efforts mis en  valeur. Et un tel diplôme de JEF (remis au terme de la première année de formation) et le diplôme (JEF+JAC après la  validation du travail) devient un atout incontestable dans le CV et la recherche d’un premier emploi.

Fierté aussi pour les professionnels du KT qui ont accompagné ces jeunes tout au long de leur parcours, les écoutant et les soutenant, les voyant grandir en maturité et en responsabilité.

Et l’aventure ne s’arrête pas là. Par exemple, trois monirices diplomées font désormais partie de l’équipe de direction du KT, là où je suis engagé.

Fierté encore de pouvoir compter sur nos JEF et JAC comme de vrais partenaires dans l’animation et la vie du KT, car sans eux, notre programme ne pourrait tout simplement pas avoir lieu.

Conclusion

On l’aura compris, faire du KT, c’est du job ! Et c’est aussi de magnifiques occasions de vivre des moments extraordinaires et  de se former (même si on a dépassé l’âge des monos), tout en mettant en valeur, et au service de toutes et tous, des compétences,  des qualités,  des dons déjà présents, tout en en acquérant d’autres.

On en viendrait à prétendre qu’on fait le plus beau métier du monde ! Et c’est vrai !

Méditation entre choix et vocation

La première journée du camp du Passeport KT était consacrée à la question du choix et de la vocation.

Souvenirs, souvenirs

Nous référant à l’univers d’Harry Potter, nous avons repris et adapté l’épisode du Choixpeau magique du film Harry Potter à l’école des sorciers, les jeunes catéchumènes, après avoir répondu à un questionnaire, passaient individuellement devant le Miroir de l’Être. Cette Relique de la Vie, jouée par un animateur à côté d’un grand miroir, décidait, avec une petite marge de négociation possible, dans laquelle des quatre Maisons (ou classes) chacun irait.

Le choix et la vocation

Après la répartition des élèves de l’école de sorciers de notre camp, une mise en situation a permis une première « mise en pratique ». Moïse, un berger des temps anciens, est appelé par une Voix pour libérer ses amis victimes d’un roi injuste. Il ne se sent pas à la hauteur et ne sait que décider. La Voix lui propose de consulter de jeunes sorciers pour l’aider dans sa décision. Les Maisons ont réfléchi à la situation et chacune a apporté des arguments à Moïse qui, finalement, a accepté la mission de la Voix.

On pourra lire la version « originale » dans la Bible, livre de l’Exode au chapitre 3.

En guise de conclusion, j’avais préparé une méditation qui, finalement n’a pas été partagée ce jour-là, cela arrive parfois en camp. Je me dis qu’elle pourra peut-être inspirer votre réflexion personnelle.

Choisir, être appelé… Tout cela fait qui je suis

Qui suis-je ? La question semble facile et simple. Mais, la réponse est bien plus complexe. On peut répondre en disant, par exemple, son nom, son âge, d’où l’on vient, ce qu’on sait faire… Ou bien, je suis le frère ou la sœur de … Mais, tout cela ne dit pas tout de qui on est.
Parce que notre identité est à la fois intérieure et extérieure. Elle se définit par ce que je perçois de moi-même (mes forces et mes limites) et aussi en lien avec les autres : comment ils me voient, ce que je fais avec eux et pour eux et eux pour moi.
Il y a encore une autre dimension, verticale celle-ci : ma relation à Dieu qui lui me voit au-delà de moi-même et des autres. Par exemple, aujourd’hui, le Miroir de l’Être a mis en évidence des qualités que vous ne soupçonniez peut-être pas. La Voix a fait confiance à Moïse pour une mission qui lui semblait impossible.
Et vous vous souvenez ce qui arriva à Harry Potter le jour de ses onze ans ? Il reçut une lettre qui allait changer sa vie : il est attendu à l’école de Poudlard où l’on forme des sorciers. Lui-même ignorait qu’il était enfant de sorciers. Et ce sera le début d’une nouvelle histoire dans le Grand Livre de sa vie.
En même temps, ni Moïse autrefois, ni Harry ni nous ici ne sommes laissés seuls, devant nous débrouiller par nous-mêmes avec ces choix. Tout comme Moïse, Dieu est et sera avec nous, il nous donnera au bon moment les outils et les aides qui nous seront nécessaires. Moïse sera accompagné d’Aaron, son frère. Harry fera la connaissance de Ron et Hermione qui deviendront ses inséparables amis. Ici, dans vos Maisons respectives et tous ensemble, nous pourrons compter les uns sur les autres, chacun est précieux, et si toi ou toi ou toi n’étais pas là, il nous manquerait quelqu’un dans notre école, et quelqu’un… d’important.
Alors, en cette fin de journée, gardons à l’esprit que nous sommes chacune et chacun important pour les autres et pour Dieu qui voit et révèle le meilleur en chacun et que nous pouvons vraiment être qui l’on est.