Prédication du dimanche 26 janvier 2025 au temple de Cortaillod (NE)
Textes bibliques : Psaume 19(18), livre de Néhémie 8, 2-8 et Évangile selon Luc 4, 14-24
Jacques Barbezat à l’orgue.
Ayant lu le passage du jour, Jésus referma le livre, le rendit au servant, s’assit. Tous dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui.
Luc 4, 20
[Silence…]
Toute ressemblance…
Toute ressemblance avec des situations ou des personnages existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence… Ou presque.
Ne voyez-vous pas, chers Amis, quelques similitudes entre le prêtre Esdras devant l’assemblée, Jésus à la synagogue et nous aujourd’hui, ici en ce temple de Cortaillod ?
Il y en a plusieurs, évidemment : le fait d’être réunis d’abord en un seul lieu autour d’un « célébrant » et dans l’attente d’une parole. Et surtout, ce qu’il y a au centre, c’est la parole justement. La parole de Dieu, contenue, relatée dans le rouleau pour nos prédécesseurs, dans la bible pour nous aujourd’hui. Une parole. Et bien plus qu’une parole, son interprétation. C’est-à-dire cette volonté de lui donner du sens pour ceux qui écoutent, afin que cette parole lue et proclamée ne reste pas des mots qui pourraient s’évaporer, non ! Mais au contraire qu’ils prennent corps, qu’ils s’enracinent au plus profond de notre être et qu’ils deviennent inspirants pour la vie de chacun.
Prédication enregistrée au temple de Cortaillod (NE) le dimanche 29 décembre 2024, dernier dimanche de l’année.
Textes bibliques : Lettres aux Hébreux 11, 1-3 et Évangile selon Luc 8, 4-10
Jean-Philippe Schenk à l’orgue
Chers Amis,
Il m’est difficile de vous adresser des vœux de bonne et heureuse année en ces temps où des conflits armés s’enlisent et larvent notre monde, et pas si loin de chez nous, où la morosité ambiante prend le pas sur l’enthousiasme, où un virus fait encore parler de lui et tout cela sur fond de réchauffement climatique, de pauvreté, d’isolement, et d’appels répétés à la sobriété.
N’est-ce pas naïf de croire que cette année qui est à nos portes sera bonne et heureuse, meilleure que celle qui se termine ? Les échos du monde nous inciteraient plutôt à la résignation, au désespoir, voire à la dépression profonde. Et pourtant !
Une parole pour tenir bon
Face aux cris et aux images du monde, une parole résonne en moi et m’accompagne, se faisant de plus en plus insistante. Je vous la partage, avec l’espoir qu’elle puisse vous réconforter et vous inspirer à votre tour. Elle vient de la lettre aux Hébreux :
« La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas. »
(Hébreux 11, 1).
Prédication du culte du 3e dimanche du temps de l’Avent, 15 décembre 2024, au temple de Corcelles (NE). Organiste du jour : Maryclaude Huguenin
Textes bibliques : Lettre aux Galates 3, 21-26 et Évangile selon Luc 3, 10-18.
Image de couverture : Crèche de Noël confectionnée par V. Widmer et une équipe de la paroisse.
Un enregistrement vidéo est disponible pendant quelques semaines sur la page Facebook de la paroisse de la Côte : Paroisse de la Côte – EREN | Facebook
Chers Amis,
Nous avons tous expérimenté cette situation un brin gênante, que ce soit dans une salle d’attente, à l’église ou dans la file du cinéma. Nous sommes accompagnés d’enfants – parfois un seul suffit – et nous attendons que le temps passe, que l’orgue se mette à jouer ou qu’arrive notre tour. On a bien prévu des feuilles et des crayons, un petit jeu silencieux, le défi de compter les punaises sur le mur, les poissons dans le filet de l’image du vitrail, les voitures rouges, rien n’y fait, arrive ce moment tant redouté où le bambin s’adresse à nous d’un air plaintif et à grands cris : « On fait quoi, maintenant, c’est trop long ! » « Eh bien, mon chéri, on attend… Et sagement s’il te plaît. » Bon, ça marche moyennement… Mais ça dit bien qu’il y a des attentes qui durent et que la perception du temps n’est pas la même selon la taille et l’âge de celui qui attend.
Textes de la narration et de la prédication du culte du dimanche 17 novembre 2024 au temple de St-Aubin.
Textes bibliques : Premier livre des Rois 17, 10-16 et Évangile de Marc 12, 38-44.
Ce dernier texte a inspiré Myriam Leresche pour le tableau en couverture.
Jean-Philippe Schenk à l’orgue
Chères Amies et Chers Amis,
J’ai fait le choix, audacieux sans doute, de me mettre dans le rôle de cette veuve du Temple de Jérusalem. Je prends le risque de parler à sa place, de visiter les pensées qui auraient pu être les siennes. C’est subjectif, évidemment. Et vous avez le droit de penser autrement. Ensuite, je vous partagerai une courte réflexion.
Alors, je vous invite à la rejoindre, cette veuve, dans l’agitation de ce jour-là au Temple de Jérusalem. Vous la voyez ? Vous l’entendez ? Tendez l’oreille…
Prédication du dimanche 30 juin 2024 au temple de St-Aubin (NE)
Chers Amis,
Peut-être que certains d’entre vous ont prévu une croisière cet été. Si c’est le cas, je vous souhaite de pas avoir à essuyer pareille tempête à celle que les disciples ont ont eu à affronter ce jour-là sur le lac de Tibériade ou de Génésareth – car, c’est là que se passe cet épisode. Une tempête. Des flots qui emplissent la barque qui menace de couler… Peur ! Mort !
Ce jour-là, le soir venu, Jésus leur dit: «Passons sur l’autre rive.» Après avoir renvoyé la foule, ils l’emmenèrent dans la barque où il se trouvait; il y avait aussi d’autres barques avec lui. Un vent violent s’éleva et les vagues se jetaient sur la barque, au point qu’elle se remplissait déjà. Et lui, il dormait à l’arrière sur le coussin. Ils le réveillèrent et lui dirent: «Maître, cela ne te fait rien que nous soyons en train de mourir?» Il se réveilla, menaça le vent et dit à la mer: «Silence! Tais-toi!» Le vent tomba et il y eut un grand calme. Puis il leur dit: «Pourquoi êtes-vous si craintifs? Comment se fait-il que vous n’ayez pas de foi?» Ils furent saisis d’une grande frayeur et ils se disaient les uns aux autres: «Qui est donc cet homme? Même le vent et la mer lui obéissent!» – Évangile selon Marc 4, 35-41
Toutes proportions gardées, on ne peut s’empêcher de penser aux récentes intempéries qui ont touché de nombreuses régions, dont la Suisse ces derniers jours.
Pourquoi parler de cette tempête ?
Tout comme ici, avec les coups de Joran, il ne devait pas être si rare que des bourrasques agitent la surface du lac de Tibériade sur lequel voguent les disciples ce jour-là. Qu’avait donc de si particulier cette tempête, pour que Matthieu, Marc et Luc la relatent dans leur Évangile ? On le sait bien : la Bible n’est pas un reportage-photo de la vie de Jésus, écrit par des journalistes. Elle se veut être des témoignages d’hommes et de femmes qui ont fait l’expérience du divin. Alors, si cette tempête n’était qu’anecdotique, elle n’aurait sans doute pas retenu à ce point l’attention des auteurs de trois évangiles sur quatre. Elle aurait coulé dans le quotidien insignifiant de l’ordinaire de la vie d’un lac. Je ne doute pas que la barque des disciples ait pu, un jour, se trouver aux prises de vents violents et de flots déchaînés, mais pourquoi donc en faire un tel récit ? Il doit y avoir autre chose… Qui nous interrogerait sur Dieu.
L’interprétation « classique » de ce texte invite les lecteurs à chercher en Jésus-Christ le secours dans les remous de l’existence humaine, à le réveiller quand tout est sur le point de nous submerger. L’épisode serait là pour nous rappeler que Jésus est toujours avec nous, même s’il nous arrive de l’oublier ; qu’il dort dans notre barque-vie et qu’il a une autorité qui va jusqu’à faire taire la menace pour restaurer la sérénité et aller là où on doit aller. Soit. Je partage aussi cette interprétation. Mais, il doit y avoir autre chose…
Changeons un peu de regard
Aujourd’hui, j’aimerais vous inviter à relire cet épisode d’une autre manière et pour cela, je vous invite à une courte escale dans les premiers mots de l’Évangile selon Jean. Souvenez-vous :
Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle il y avait la vie, et cette vie était la lumière des êtres humains (…) Et la Parole s’est faite homme, elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père. – Évanile selon Jean 1, 1-5 et 14.
Jean nous rappelle que Jésus, la Parole de Dieu, le Verbe, s’est fait chair. Une parole censée guider les pas de nos vies, comme le rappelle ce psaume :
Ta Parole, Seigneur, est une lampe à mes pieds, une lumière sur mon chemin. – Psaume 119, 105
Jésus est cette parole qui guide les pas du croyant. Alors, ne devrait-il pas être à l’avant de la barque, à la proue, le regard fixé sur l’horizon et guidant les disciples pour trouver la route au travers des flots déchaînés ?
Or, ici, Jésus dort à l’arrière de la barque, à la poupe. Insensible à ce qui se passe… Ou oublié, relégué à fond de cale dans l’agitation du moment.
Mais, lorsque la situation devient tellement instable, au point de mettre en péril la frêle embarcation, la vie même de ses amis, ils font alors appel à lui, comme un ultime recours, un ultime secours… La seule bouée qui pourra les sauver en cas de naufrage.
Une Parole vivante, pas figée
Jésus, Parole vivant de Dieu, n’est-ce pas ? Nous voilà interpellés : où est -elle ? Où est Jésus dans notre vie ? Sommeille-t-il quelque part dans le fond de notre bastingage ? Ou est-il devant, nous encourageant à tendre et détendre les voiles, à tenir bon le gouvernail ? Quelle place occupe-t-elle dans notre vie ?
Cette parole, que Dieu a envoyée dans le monde, n’est pas juste à entendre une fois pour toutes pour l’oublier ensuite. Pas plus qu’elle n’est à enfermer dans un livre, fût-il saint, ni dans une église pour le temps d’une célébration. Encore moins à laisser dormir dans nos souvenirs de catéchisme. Si la parole de Dieu guide notre vie, c’est pour lui donner un peu de calme et de paix et ce sera déjà pas si mal. Car, si l’épisode de la tempête apaisée montre d’abord la tempête puis le calme extérieur, je crois que l’agitation et les tempêtes peuvent aussi être tout intérieures.
C’est alors que la parole de Dieu peut ramener un peu de cette sérénité dans nos vies, à un moment où nous perdons pied. Elle peut nous aider à garder le cap contre vents et marées. Comme une profonde respiration, elle peut apaiser – peut-être même faire taire – nos peurs quand c’est le chaos en nous et autour de nous. Mais, elle ne résout pas forcément tout non plus.
Elle permettra de voir la situation un peu différemment, elle pourra susciter le courage de faire le pas suivant, ou encore souffler un peu de confiance et d’espérance. Ce sera déjà pas mal.
Courage !
L’apôtre Paul, à son tour, encourage les croyantes et croyants de Corinthe à garder le cap de l’espérance et de la confiance, malgré les difficultés présentes. A regarder au-delà des mots, au-delà de ce que nous voyons et percevons.
Et comme nous avons le même esprit de foi que celui exprimé dans cette parole de l’Ecriture: J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé, nous aussi nous croyons, et c’est pour cela que nous parlons. Nous savons en effet que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera aussi par Jésus et nous fera paraître avec vous dans sa présence. Oui, tout cela arrive à cause de vous afin que la grâce, en se multipliant, fasse abonder la reconnaissance d’un plus grand nombre, à la gloire de Dieu.
Voilà pourquoi nous ne perdons pas courage. Et même si notre être extérieur se détruit, notre être intérieur se renouvelle de jour en jour. En effet, nos légères difficultés du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire. Ainsi nous regardons non pas à ce qui est visible, mais à ce qui est invisible, car les réalités visibles sont passagères et les invisibles sont éternelles. – 2e lettre aux Corinthiens 4, 13-18
Et c’est sans doute ainsi que nous pourrons, à notre tour, résister au désespoir et à la résignation, à la peur devant les tempêtes qui agitent le monde actuellement.
Un moment rien que pour la Parole
Cet été, que ce soit sur un bateau de croisière, dans notre jardin, sur une montagne ou ailleurs, si nous prenions un peu de temps pour respirer et réveiller la parole de Dieu au cœur de notre vie. Sans doute que le temps de vacances peut nous le permettre. C’est certainement aussi pour cela qu’il y a le jour du repos, consacré à soigner sa relation à Dieu, à laisser une parole, sa parole, restaurer le calme dans nos vies pour que nous puissions naviguer, ramer, avancer vers son Royaume, dans la confiance et la paix, malgré les circonstances.