Branche porteuse d'avenir

L’espérance : un hymne à la vie

Prédication enregistrée au temple de Cortaillod (NE) le dimanche 29 décembre 2024, dernier dimanche de l’année.

Textes bibliques : Lettres aux Hébreux 11, 1-3 et Évangile selon Luc 8, 4-10

Jean-Philippe Schenk à l’orgue

Chers Amis,

Il m’est difficile de vous adresser des vœux de bonne et heureuse année en ces temps où des conflits armés s’enlisent et larvent notre monde, et pas si loin de chez nous, où la morosité ambiante prend le pas sur l’enthousiasme, où un virus fait encore parler de lui et tout cela sur fond de réchauffement climatique, de pauvreté, d’isolement, et d’appels répétés à la sobriété.

N’est-ce pas naïf de croire que cette année qui est à nos portes sera bonne et heureuse, meilleure que celle qui se termine ? Les échos du monde nous inciteraient plutôt à la résignation, au désespoir, voire à la dépression profonde. Et pourtant !

Une parole pour tenir bon

Face aux cris et aux images du monde, une parole résonne en moi et m’accompagne, se faisant de plus en plus insistante. Je vous la partage, avec l’espoir qu’elle puisse vous réconforter et vous inspirer à votre tour. Elle vient de la lettre aux Hébreux :

« La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas. »
(Hébreux 11, 1).

Tout se joue dans le « déjà ». La confiance en Dieu – ce que désigne la foi – est ce regard porté sur aujourd’hui. La foi, ce n’est pas un vague espoir pour demain ou après-demain, ni l’attente passive d’un monde meilleur, pas plus qu’une illusion en un « paradis » retrouvé.

Cette confiance en Dieu me – et nous – conduit à considérer maintenant déjà que les promesses de Dieu sont réalisées et que nous en sommes les heureux destinataires. La naissance de Jésus que nous venons de fêter n’en est-elle pas le signe par excellence ?

Cette naissance est un signe d’espérance, un hymne à la vie qui malgré tout est née dans un monde pas si différent de celui que nous connaissons.

La foi ne consiste pas à nier pour autant la réalité, ou la fuir, en se réfugiant dans une bulle hors du temps, hors du monde, en attendant que ça passe. Je crois qu’au contraire, la foi nous incite à être lucides, gardant les yeux et les oreilles grands ouverts et notre bouche prête à partager cette espérance qui nous anime, nous qui plaçons notre confiance en ce Dieu qui veut le meilleur pour chacun·e et qui prend soin de la Création et est à l’œuvre, malgré tout.

Regardons la nature

Pour illustrer le propos, et à l’invitation du pasteur Marc Pernot de l’Église protestante de Genève, regardons un champ dont la terre semble desséchée ou recouvert de neige. Sait-on seulement ce qu’il y a en dessous ? A-t-on idée des graines qui sont en train de germer, de faire leurs racines, traçant leur chemin vers cette terre nourricière ? A-t-on seulement conscience de cette vie cachée ? Et quand la première pousse verte et vigoureuse apparaît au grand jour, il y a déjà tout un processus qui a commencé bien avant, sans que nous y soyons particulièrement attentifs. Et ce processus va se poursuivre : la plante va croître et donner du fruit. Tout comme notre espérance qui ne s’arrête pas aujourd’hui,  mais habite et soutient notre attente patiente et confiante du retour du Christ, comme il a annoncé.

Alors, si, au milieu des mille et une raisons de désespérer, il n’y en avait qu’une seule de croire en un présent et un avenir, aujourd’hui déjà, alors notre foi ne sera pas vaine.

Si, aujourd’hui déjà, à la suite d’une rencontre, d’une parole, d’un événement, un petit bout du monde nous paraît un peu moins triste, un peu moins noir, notre confiance ne serait pas vaine.

L’espérance consiste à délibérément chercher et discerner ce qui est prometteur dans notre être, dans notre monde : un quelque chose de vivant, ou un processus ou une source qui a fait naître de la vie en supplément dans notre existence, ou de la paix, ou un certain bonheur, simplement du mieux.
(Marc Pernot, pasteur, Espérance véritable ou « poudre aux yeux » ? jecherchedieu.ch)

La vie ne résume pas au monde

Bien sûr, vous pourrez me répondre que c’est une manière – peut-être naïve ou méthode Coué – de se rassurer. Eh bien, pour moi, c’est la voie que je choisis aujourd’hui, pour ne pas désespérer de ce que je vois et lis dans les médias.

Il m’arrive aussi de faire un pas de côté, de me mettre un peu à l’écart des bruits du monde, pour apprécier la vie qui s’offre là sous mes yeux, dans la nature, la musique, le chant, la contemplation, le silence. Il y a encore tous ces moments passés ensemble, entre amis, en famille,  en communauté. Et tout cela me fait prendre conscience que la vie ne se résume pas aux chaos du monde ni à sa noirceur.

Voilà, une nouvelle que j’ai envie de partager, de semer dans le monde – le mien, le nôtre – déjà et dans mes rencontres. Et je me dis que je ne suis sans doute pas le seul à vouloir partager cette nouvelle.

Semons, il en restera quelque chose

Tout comme le semeur de la parabole de Jésus qui a semé, nous avons chacune et chacun en nos mains des graines d’espérance que nous pouvons semer à notre tour et dès aujourd’hui dans le terreau de nos vies, qui profiteront à toutes et tous et au monde. Nous pourrions ainsi être étonnés et nous émerveiller des beautés qui écloront, des instants de pure joie, des rencontres vraies et sincères, des horizons qui se dégagent, de l’inattendu de Dieu.

Comme une grande foule se réunissait et que de toutes les villes on venait à lui, il dit en parabole : « Le semeur est sorti pour semer sa semence. Comme il semait, du grain est tombé au bord du chemin ; on l’a piétiné et les oiseaux du ciel ont tout mangé. D’autre grain est tombé sur la pierre ; il a poussé et séché, faute d’humidité. D’autre grain est tombé au milieu des épines ; en poussant avec lui, les épines l’ont étouffé. D’autre grain est tombé dans la bonne terre ; il a poussé et produit du fruit au centuple. » Sur quoi Jésus s’écria : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! »
Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait cette parabole. Il dit : « A vous il est donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu ; mais pour les autres, c’est en paraboles, pour qu’ils voient sans voir et qu’ils entendent sans comprendre.
Luc 8, 4-10

Peut-être que certaines de ces graines ne germeront pas ; pas de la manière ni au temps que nous aimerions, mais nous ne sommes pas maîtres de la volonté de Dieu. Lui sait et il agira.

Nous sommes porteurs et porteuses de cette espérance qui ne vient pas que de nous. Car en chacune et en chacun croît cette force qui ne cesse de nous appeler à la vie, même si nous n’en avons pas toujours conscience. Car, parfois, la maladie, la solitude ou les aléas de l’existence nous empêchent d’y être attentifs, jetant un voile sur nos yeux, mais elle est là, quand même et malgré tout, cette force, cette vie qui fait son chemin envers et contre tout, nous ouvrant à de nouvelles dimensions…

Nous sommes conscients que nous ne voyons pas tout, que nous ne comprenons pas tout, que nous ne maîtrisons pas tout. Mais nous avons la confiance  que Dieu veille et agit pour le bien de chacun·e et qu’il nous fait confiance à son tour.

Alors, maintenant, il m’est un peu moins difficile de vous adresser mes meilleurs vœux pour une bonne et heureuse année, placée sous le regard de Dieu. Nous sommes animé·es déjà de cette espérance en la vie qui vient de lui et qui a pris corps dans notre monde en un petit enfant du nom d’Emmanuel, Dieu avec nous aujourd’hui et toujours.

Amen.

Cette prédication reprend et développe un billet publié sur ce blog en 2023 « Bonne année… Quand même !« 

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