Orgueil? Vous n’y pensez pas

Dans l’un de ses billets, mon estimée collègue Diane Friedli partage son impression que s’exposer [sur internet] peut avoir quelque chose d’orgueilleux.

Pour faire partie de ceux et celles, encore trop peu nombreux, qui « s’exposent » sur internet et les réseaux sociaux, je dois avouer que je me suis aussi posé cette question, mais la réponse s’est vite imposée: plutôt qu’un « péché d’orgueil » – je laisse cette considération à une compréhension catholique fondamentaliste – j’y vois plutôt une formidable opportunité de nous adresser à tous ceux qui ne sont pas (ou pas souvent) des nôtres. J’aimerais relever quelques considérations qui justifient mon engagement dans le monde de l’internet et des réseaux sociaux :

L’Église n’est pas limitée à des frontières géographiques, linguistiques, institutionnelles ni virtuelles. Elle est le rassemblement de ceux et celles qui croient en un même Dieu. Ainsi, elle a sa place, non plus seulement au milieu du village, mais sur internet aussi qui ramène la planète aux dimensions d’un village.

D’autre part, il n’est pas rare de se dire croyant mais sans plus revendiquer l’appartenance à une institution. Open Source Church est une initiative au sein de l’Église réformée évangélique du Canton de Vaud qui allie Église, technologie, fiction et jeux, rien que cela! Preuve s’il en est qu’on se retrouve autour de centres d’intérêts communs.

Il fut un temps (que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître) où on allait frapper à la porte de la cure, auprès du pasteur pour demander conseil, pour trouver réponse, pour adresser une demande. Aujourd’hui, le clic a remplacé la sonnette, Google le pasteur et les mots-clés renvoient à un florilèges de sites pas toujours dignes de confiance (mais c’est un autre problème).

Mettre en ligne ses textes, répondre aux questions que se posent des hommes et des femmes en quête de sens, partager des réflexions autour du mariage, synthétiser ce qui est proposé comme offres spirituelles réformées (bien réelles), c’est évangéliser. L’évangélisation est un de ces mots qui effraient, parce qu’on le confond avec prosélytisme. Évangéliser, c’est annoncer une bonne nouvelle: celle d’une reconnaissance et d’un accueil inconditionnels de la part de Dieu, d’un pardon et d’un avenir toujours possibles, malgré les aléas de la vie. Et s’il fallait être plus explicite: laisser entrevoir un Dieu qui aime l’humain, croit en lui et lui reconnaît sa liberté. C’est en tout cas ce qui anime ma présence sur ce blog ou sur les réseaux sociaux.

Et cette bonne nouvelle ne s’adresse pas qu’à ceux et celles qui sont nos « habitués du dimanche matin », que nous saluons à chacune de nos activités et à qui nous exprimons toute notre reconnaissance, car sans eux que deviendraient nos paroisses ? Mais, cet Évangile s’adresse aussi à tous (irais-je jusqu’à dire à toute la terre?!)

Enfin, il y a un changement indéniable des habitudes des « chercheurs de Dieu »: ils se connectent au Divin, parfois, souvent à internet, à d’autres moments que le sacro-saint dimanche entre 10 et 11. Mais en semaine, pendant la pause de midi, le soir, la nuit, profitant du dimanche matin pour d’autres activités peut-être bien tout aussi spirituelles que le culte ou la messe. Ce n’est plus l’Église qui les attend à ses rendez-vous, mais bien eux qui choisissent le moment de cette rencontre. Être présent sur internet, avoir une page Facebook, un profil Instagram ou un blog, enregistrer les cultes, c’est offrir autant d’occasions de faire des rencontres au moment qui convient à celles et ceux qui cherchent une réponse, un conte de Noël (c’est de saison), une prière, une méditation, un début de réflexion. Il arrive même que certains s’abonnent, deviennent nos « amis ».

Ne serait-ce que pour cela – et bien plus certainement -, il vaut la peine d’être là et de nous montrer pas pour notre propre gloire, mais pour celle de Celui qui anime nos vies, À Dieu seul la gloire.

Image : pixabay.com

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