Au fil du Ruau

Le village de Saint-Blaise, sur les bords du Lac de Neuchâtel, offre de belles balades entre ruelles pavées et plages verdoyantes. Même en hiver, la localité permet de déambuler et méditer au rythme et aux sons parfois tumultueux du ruisseau qui la traverse : le Ruau, une eau vive !

En ce début du mois de janvier, il nous prend l’idée de quitter les hauteurs du Jura neuchâtelois pour aller là où la neige est moins présente. Nous décidons de nous arrêter à Saint-Blaise. Si nous y sommes allés en voiture, il est aisé de rejoindre le village par les transports publics depuis Neuchâtel.

Quel accueil !

Ce jour-là, il fait froid. La marche qui nous entraîne du centre vers le Ruau nous fait passer sous le temple et une raide montée nous attend. Un bruit assourdissant nous accueille au pied de cette montée. Le Ruau est en crue. Le dénivelé lui fait prendre des airs de cascade impressionnante. Tantôt à découvert, tantôt souterrain, la rivière joue à cache-cache, mais lorsqu’elle apparaît, elle montre son écume blanche et bouillonnante.

La cascade du Ruau à St-Blaise
Le Ruau prend des airs de cascade

Nous arrêtant quelques instants pour admirer le spectacle, voilà que des mots me viennent à l’esprit :

Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai – dit Jésus- n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.

Évangile de Jean, chapitre 4, 14

Parvenu au sommet de la rude montée toute de pavés, nous arrivons à la rue du Moulin qui doit son nom au moulin à roue à aube qui est là. L’eau le fait tourner. En tendant l’oreille, on perçoit les grincements du bois de l’axe. Nous continuons par un étroit chemin qui longe au plus près les flots.

Le Moulin de St-Blaise
Le Moulin de Saint-Blaise en mouvement

On se croirait à Colmar, dans le quartier de la Petite-Venise. Il y a quelque chose de romantique, malgré le froid et le vent.

En suivant le cours d’eau, voilà que résonnent cette chanson bien connue :

Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive
Elle court comme un ruisseau, que les enfants poursuivent
Courez, courez vite si vous le pouvez
Jamais, jamais vous ne la rattraperez…

L’Eau vive de Guy Béart, évidemment.

Un lieu expressif

Nous nous arrêtons un instant devant l’Atelier du Ruau, cet espace d’expressions créatives, forcément plurielles qui a aussi lancé le projet d’un jardin participatif. On écoutera avec intérêt l’interview de Nathalie Rossel sur RTN le 25 avril 2020. Et on écoutera le reportage « Drôle d’été » de RTS La Première du 27 octobre 2020 où j’y retrouve mon amie Marianne.

L'Atelier du Ruau au bord du Ruau
L’Atelier du Ruau et le ruisseau

Ce jardin participatif pourrait bien ressembler, en une autre saison, à un autre jardin, celui des commencements :

L’Éternel Dieu planta un jardin en Éden, du côté de l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait formé.

L’Éternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l’arbre de la vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin.

Livre de la Genèse, chapitre 2.

De découverte en découverte

La balade se poursuit en nous faisant passer sur un petit pont puis devant L’Eau forte, une chambre d’hôte accueillante de prime abord. À un endroit, le Ruau se prend pour le Doubs et offre une chute, moins impressionnante évidemment, mais tout de même, ramenée à la largeur du ruisseau… Au détour d’une maison, nous passons devant la Fontaine de la Pinte de Dardel et traversons la route cantonale. Ensuite, l’itinéraire pédestre indiqué nous fait traverser un jardin. A-t-on vraiment le droit ? On s’y risque et on débouche sur un jardin public.

Rue du Tilleul - St-Blaise
La balade continue à travers un jardin

On en fait le tour et on admire au passage les ponts, ou pontons, chacun choisira le terme le mieux adapté. On revient par le même chemin, laissant la route et son trafic sur notre gauche. Peu après l’Atelier du Ruau, on bifurque à gauche dans la Ruelle des Voûtes pour passer dans un « coupe-gorge ». Le terme est usurpé, car en levant les yeux, on se rend compte qu’il y a des néons qui doivent éclairer ce passage la nuit. L’espace d’une petite centaine de mètres, on se croit revenus à une époque où il ne faisait pas bon traîner dans les rues. On presse le pas.

Ruelle des Voûtes, St-Blaise
Un passage inquiétant

La sortie nous fait retrouver la rue du Moulin et nous redescendons par le même chemin, accompagnés des flots du Ruau dont les échos se répercutent contre les murs. Revenus au centre du village, nous nous arrêtons encore devant les vitrines de la Galerie l’Angle d’Art, tout en admirant les œuvres mises en valeur par le jeu des spots.

Galerie L'Angle d'Art
Un lieu à découvrir : la galerie Angle d’Art

Nous faisons le projet de suivre à une autre occasion, en une saison sans doute plus douce, la balade des 12 fontaines.

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