Vallée des Ponts-de-Martel

Retour aux sources

Le retour aux sources a souvent des parfums de douceur. On aime revenir à ses racines. Le retour que je vous propose ici nous fera découvrir des sources d’eaux amères. Sulfureuses pour l’une, ferrugineuses pour l’autre. Des particularités liées à la géographie des lieux : les marais des Ponts-de-Martel.

Pour cette nouvelle balade, je vous invite à me rejoindre là où j’habite. J’aimerais vous faire découvrir les sources d’eaux amères. Elle me font penser à Mara. À chaque fois que je passe près de ces sources, je me souviens de cet épisode du peuple de Dieu en marche vers la Terre promise et qui se plaint de la soif.

Sur ordre de Moïse, Israël quitta la mer des Roseaux et prit la direction du désert de Shour. Ils marchèrent pendant trois jours dans le désert sans trouver de point d’eau. Ils arrivèrent à Mara où il y avait de l’eau, mais ils ne purent pas en boire parce qu’elle était amère – d’où le nom de Mara, Amertume. Alors le peuple se plaignit de Moïse en disant : Qu’allons-nous boire ? Moïse implora l’Eternel, qui lui indiqua un bois d’une certaine espèce qu’il jeta dans l’eau, et l’eau devint potable.

Exode 15, 22-25

Mais revenons à notre balade. Le village des Ponts-de-Martel, dans le Jura neuchâtelois, est célèbre pour ses Tourbières, son Centre sportif et sa fromagerie, entre autres. Mais son marais recèle une curiosité, ou plutôt deux : des sources d’eau. L’une ferrugineuse et l’autre sulfureuse. La balade d’un peu plus d’une heure et demie aller-retour depuis le parking du Centre sportif ou de la gare nous emmène dans la Vallée, au pays des Biolles (ou bouleaux) et de la tourbe.

La balade peut revêtir différents atours au gré des saisons. Celle que je vous propose sera parée de blanc, celui d’un hiver où bise et vent jouent à cœur joie les trouble-fêtes.

En route…

Quittant la route cantonale direction Martel-Dernier, nous tournons à gauche pour rejoindre un chemin blanc bordé d’une allée de  Biolles. D’un côté, la Vallée s’offre à perte de vue et le majestueux Creux-du-Van (qui n’a rien à envier au Matterhorn !) nous regarde de toute sa hauteur. Parfois pudique, il se drape d’un brouillard opaque. Au fond, on découvre un serpent d’eau, le Bied. De l’autre, ce sont les forêts des Tourbières, où la terre noire apparaît à quelques endroits de leur manteau blanc.

L’émission Couleurs locales de la RTS a consacré un reportage à ces marais de tourbe. On y retrouver mon ami Serge-André.

La progression est facile, le terrain est plat et la neige crisse sous nos pas. Le froid pique le visage, bonnet et gants sont de rigueur !

Vallée des Ponts-de-Martel
Le Bied serpente au fond de la Vallée

Au gré d’un contour, l’autre côté de la Vallée se donne à voir : Brot-Plamboz et ses fermes, plus loin à l’horizon, on pourrait voir le Rondel et le Joratel. Les sources sont toutes proches, dans un encaissement. Un panneau indicateur jaune renseigne les promeneurs.

En été, lorsqu’il fait chaud, une odeur âcre et tenace, celle d’œufs pourris, confirme qu’on arrive aux sources. Mais, aujourd’hui, le froid empêche les effluves de nous chatouiller les narines.

On y est ! Sentez ! Santé !

Un étroit sentier conduit à ces sources. La première est celle de l’eau sulfureuse, contenant du soufre.

Eau sulfureuse
Pas de doute, on y est… à la source

Pour découvrir la seconde, il faut passer un petit pont, et voici la source d’eau ferrugineuse, chère à Bourvil. Celle-ci a une couleur de rouille. Toutes deux ont des vertus sanitaires, notamment pour soigner l’anémie, pour aider à la digestion, et même pour guérir de l’alcoolisme !

Source d'eau ferrugineuse
L’alcool, non ! Mais l’eau ferrugineuse, oui !

Les plus courageux pourront s’aventurer à goûter ces « doux » breuvages aux saveurs si particulières. Pour ma part, j’en resterai à ce que je peux lire sur les panneaux explicatifs.

Si on en profitait pour méditer ?

Près de ces sources, il y a une place de pique-nique. Quand la météo s’y prête, on peut s’y arrêter et méditer. Laisser ses pensées s’envoler, se centrer sur sa respiration, écouter sa voix intérieure. Puis, des mots viennent, murmurés, à peine audibles. Prêtons-leur l’oreille et le cœur :

Avez-vous déjà vu de l’eau douce et de l’eau salée jaillir d’une même source par la même ouverture ? Un figuier peut-il porter des olives, ou une vigne des figues ? Une source salée ne peut pas non plus donner de l’eau douce.

Jacques 3, 9-11

Prendre le temps de prendre conscience de cette ambivalence. En moi, en chacun de nous, sans doute aussi. L’accueillir et se dire que cela fait partie de la nature humaine. Ces eaux qui coulent à nos pied sont composées de molécules d’hydrogène et d’oxygène (H2O, si je me rappelle mes cours de chimie) et pourtant elles en ont encore d’autres qui leur donnent leurs particularités.

Mais le froid de cette journée ne nous laisse guère le loisir de nous attarder. Il est temps de rentrer.

Le retour peut se faire soit en direction des Petits-Ponts jusqu’à un arrêt de Car Postal pour rentrer aux Ponts-de-Martel, soit en poursuivant du côté de Martel-Dernier ou encore par le même chemin. Cette dernière option permet de faire face au village des Ponts-de-Martel dans toute sa largeur et sa hauteur.

Les Ponts-de-Martel
Le village des Ponts-de-Martel

Si on le souhaite, on pourra prolonger par le Sentier des Tourbiers, entretenu de mains de maître par l’association Torby.

Nous rentrons en fin d’après-midi. Les derniers rayons du soleil caressent encore l’horizon avant de disparaître. Le brouillard revient donnant une atmosphère particulière toute en nuance de gris. Le froid s’est calmé ou bien me suis-je habitué ?

Fin de journée dans la Vallée
Entre crépuscule et brouillard

Si vous passez par Les Ponts-de-Martel, sortez des sentiers battus, pour retourner aux sources de « nos » eaux sulfureuses et ferrugineuses. N’oubliez pas de vous munir de bouteilles pour en ramener chez vous et les faire déguster à vos amis. Ils vous en seront reconnaissants, à n’en pas douter.

2 réflexions au sujet de « Retour aux sources »

  1. Génial, merci Jean-Marc. Nous nous sommes promenés dans le coin il y a quelques semaines en famille. J’aurais aimé t’avoir lu avant pour porter un regard différent sur ces lieux. La bonne nouvelle, c’est que j’aurai tes lignes en tête pour la prochaine balade.

    Et voilà que je me mets à écouter le «Chant des marais» (même si le lien est ténu et que j’ai fonctionné par association d’idées). La version de l’armée français disponible sur Spotify est magnifique.

  2. Oui, merci Jean-Marc!
    La dernière fois que nous y sommes allés, le froid nous transperçait mais c’était splendide.
    En te lisant, j’aurais envie d’organiser une marche de l’aube pascale dans ce coin avec toi 🙂 Peut-être un jour… qui sait?

Les commentaires sont fermés.

En savoir plus sur Jean-Marc Leresche

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading