Grâce à Dieu

Tout est vrai… Tragiquement vrai !

L’histoire, le nom des protagonistes. Tout est véridique. Et même certaines répliques à l’image de « Grâce à Dieu, les faits sont prescrits. » Des mots qui ont soulevé l’indignation et pour cause, on parle d’enfants abusés par certains de ceux à qui ont les a confiés… en toute confiance. Je dis bien : certains.

Le film n’est pas d’abord le procès de l’Église catholique, mais d’un homme. C’est la quête du pardon, la reconnaissance d’une enfance blessée, de conséquences qui ne cicatrisent pas.

Le film, ce sont des parcours de vies mis à nus, écorchés, à chair vive. On n’en ressort pas indemne.

Il est facile de tirer des conclusion hâtives : « Ils sont tous comme ça ! » ou « Tous complices ! » Je me refuse à le croire.

J’ai aimé ce film, parce qu’il met en jeu toute l’âme humaine. Il pose la question du pouvoir, de la hiérarchie, de l’institution, de la justice, de la colère, de la vengeance… Du pardon.

Toute ressemblance avec des personnages existants…

« Grâce à Dieu, les faits sont prescrits. » Cela sonne comme un aveu, mais aussi comme l’invitation à laisser le passé au passé, à renoncer à remuer ce passé nauséabond.

Tout est vrai dans ce film et c’est cela qui est tragique. On ne peut pas dire que « Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé n’est que pure coïncidence. » Non, ici, la réalité est là, au plus près et c’est sans doute pour cela que ce film touche, qu’il m’a touché.

« Tu crois encore en Dieu ? » demande le fils à son père Alexandre par qui le scandale ou la vérité a éclaté. La réponse ne vient pas. Elle laisse place à un long silence. À chacun d’y répondre dans son intime conviction.

Je crois encore

Moi, je crois encore en Dieu et je me dis qu’il souffre de voir ses enfants ainsi meurtris, blessés, leur dignité bafouée. Je me dis, mais qui suis-je au fond ?, qu’il souffre de ne pas entendre des paroles de pardon qui ne viennent pas ou de supporter les propos qui sont clamés devant les médias. Je me dis qu’il souffre qu’on fasse l’amalgame entre lui, le tout-autre, le tout-amour, et ceux qui jouent sur les mots : « Le Seigneur nous demande d’aimer les enfants (sic !) »

Moi, je crois en Dieu et parce que je crois, je lui remets son Église au-delà des dénominations, afin qu’elle soit à l’image de son Fils. Qu’elle accueille comme lui a accueilli. Qu’elle aime comme lui a aimé. Qu’elle juge comme lui a jugé, c’est-à-dire en vérité, car il est lui « le chemin, la vérité et la Vie. »

Source de l’image : www.allocine.ch

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