Cherchez le seul fondement : le Christ

Textes du jour : 1 Corinthiens 3:10-14 | Matthieu 5, 43-48

>>Le podcast (enregistrement) de la prédication.

Chers Amis, Frères et Sœurs,

Il y a un mois maintenant, nous avons célébré la Semaine de prières pour l’Unité des chrétiens. À cette occasion, et comme chaque année, nous célébrons ensemble et nous réfléchissons à ce que signifie croire au même Dieu, celui de Jésus-Christ, avec nos différences confessionnelles, catholiques, protestants, évangéliques. Nous essayons de montrer qu’il est possible d’être UN au-delà des querelles de clochers. Nous cherchons à revenir au seul fondement qui compte : Jésus-Christ, crucifié et ressuscité.

Là est l’essentiel. Tout le reste n’est que garniture.

Unité, diversité. Comment s’y retrouver?

Mais, avouons-le. Soyons lucides. Des Églises, il y en a beaucoup. Et des Églises qui se réclament de ce même Jésus-Christ, il y en a beaucoup aussi. Toutes disent-elles la même chose ? Toutes croient-elles la même chose ? Toutes ont-elle le même discours sur ce Jésus ? Toutes comprennent-elles de la même manière son message d’accueil inconditionnel et son amour pour le monde ? Non. Je le dis sans détour : non.

Certaines positions autour de la votation du 9 février à propos des discriminations fondées sur l’orientation sexuelle en sont un exemple (voir l’article de la Tribune de Genève, TDG, La norme antihomophobie met l’Église catholique dans l’embarras. 03.02.20, consulté le 16.02.20).

Alors, qui croire ? Qui ne pas croire ?
Qui a raison ? Qui a tort ?
Est-ce seulement possible de le savoir ?

L’histoire nous a montré combien le nom de Jésus a permis et justifié les pires exclusions et autres exactions. Combien, au nom de « l’amour du prochain », des hommes, des femmes, des enfants ont été les victimes d’exclusions et de discriminations.

Pensons un instant à l’Apartheid en Afrique du Sud, au fascisme allemand, soutenu par une partie de l’Église luthérienne nationale, ou plus récemment les scandales de l’Église catholique romaine (voir l’article du Temps, Scandales dans l’Eglise! Et après? 20.03.19, consulté le 16.02.20).

C’est sans doute une page peu glorieuse de l’histoire et du présent de nos Églises. Mais, c’est une page qu’il ne faut ni oublier, ni jeter au feu. Elle doit nous servir d’avertissement. Elle doit nous interpeller, pour le moins, à revenir toujours et encore au fondement de notre foi : Jésus-Christ, crucifié et ressuscité. À ce Jésus qui s’arrêtait et écoutait ceux qui criaient à l’injustice, ceux qu’on voulait faire taire, ceux qu’on avait pris l’habitude de ne plus voir.

Mais en réponse, il y a eu des mouvements de résistance : citons, de mémoire et parmi beaucoup d’autres : Martin Luther King (qui a lutté contre la ségrégation aux États-Unis), Dietrich Bonhoeffer, les groupes de soutien et de défense des victimes d’abus et les communautés chrétiennes LGBT (à l’instar d’Arc-en-Ciel dans le Canton de Neuchâtel).

Revenons à la diversité. Aujourd’hui, nous connaissons certainement des communautés aux manières de célébrer bien différentes de la nôtre. Elles nous interrogent. Nous avons sans doute de la peine à nous y retrouver.

Des communautés qui connaissent un certain succès, parce que les assemblées y sont nombreuses. Il nous arrive de les envier… Peut-être.

Oui, c’est certain, l’Église est diverse. Que faire alors de toute cette diversité ?

Je crois qu’il n’y a qu’une seule et unique question à se poser :
Sur quoi ces communautés fondent-elles leur foi et leur existence ?
Sur quoi fondons-nous notre foi et notre existence ?

À Dieu seul la gloire! Hier comme aujourd’hui.

La situation actuelle n’est pas si éloignée de celle dont Paul a eu écho de Corinthe. Une localité qui était un lieu d’échanges commerciaux, un carrefour des croyances. Paul y ont jouissait d’une réputation certaine. Au point que des croyants de Corinthe se réclamaient de lui.

Mais, l’apôtre rappelle que tout ce qu’il a planté ou fondé ne l’a été que par la grâce de Dieu. Que tout vient de lui et qu’à lui seul reviennent toute gloire et tout honneur.

Cette exhortation devrait être la nôtre aujourd’hui encore. Tout vient de Dieu. À lui seul la gloire.

Ici, à La Neuveville, nous avons de la chance. Nos communautés locales vivent et cohabitent dans une fraternité et une collaboration qui font du bien. Elles se retrouvent autour de ce fondement unique et commun : le Christ mort et ressuscité. Bien sûr, nous le savons, chacune de nos communautés a son histoire, ses traditions, ses discours, mais cela n’empêche pas le vivre ensemble. Chacune connaît aussi ses travers, mais cela ne crée pas de divisions insurmontables.

La perfection n’est pas de ce monde. On le sait…

Serions-nous alors « parfaits » ? Certainement pas. Et quand nous lisons ce mot dans la bouche de Jésus, il a aujourd’hui un goût d’inatteignable, car on sait bien que la perfection n’est pas de ce monde. Qu’aucun de nous aurait la prétention de se dire « parfait ». Aujourd’hui, on a élevé la perfection à un idéal, synonyme d’absence de tout défaut, mais de réussite personnelle et professionnelle, et souvent au détriment d’autres, de beaucoup d’autres.

Mais Jésus dit autre chose : il invite ses auditeurs à être image de Dieu son Père. Il rappelle cette parole des commencements « Faisons l’homme, l’humain, à notre image » dit Dieu.

Être à son image, tendre vers une perfection, c’est faire preuve de la même considération pour ceux que acceptons comme pour ceux que nous excluons. C’est témoigner de son amour, en révisant et renversant nos propres considérations qui nous font voir une humanité clairement divisée entre les bons d’un côté et les méchants de l’autre. C’est considérer son prochain comme un frère, une sœur, même s’il, même si elle, ne correspond pas à mes critères ou à des dogmes établis. En un mot, c’est reconnaître une même dignité à chacun et chacune. Une dignité qui n’est conditionnée par rien et que rien ne peut enlever.

UN pour tous. Tous pour UN. Impossible?!

Notre amitié pour nos frères et sœurs devrait être à l’image de la pluie qui tombe du ciel.

Elle ne fait pas de différences ; elle arrose le champ des bons et la terre des méchants, elle fait du bien aux arbres du voisin à qui je ne parle plus comme aux miens. Elle fait pousser la vie, tout simplement.

Voilà à quoi nous sommes appelés : à faire pousser, à faire croître la vie dans nos communautés et au-dehors. Surtout au-dehors.

Parce qu’élever des murs de séparation, ce n’est pas construire sur le fondement qu’est le Christ. Parce que justifier des discriminations, ce n’est pas construire sur le fondement qu’est l’amour du Christ.

Au contraire, Construire sur ce fondement qu’est le Christ, c’est aller au-delà du raisonnable, au-delà du possible. Ce n’est pas seulement viser la perfection, c’est être parfaits. À l’image de Dieu. Rien de moins.

Impossible, me direz-vous ?

Rien n’est impossible à Dieu. Il nous fait confiance, il compte sur nous. Et nous ?

À Dieu seul la gloire !

Amen.

 

Le palais idéal du Facteur Cheval; Image par Alex Olzheim de Pixabay