Une parole dans la nuit

La parole des commencements

Quelques textes et méditations de la veillée de Noël, le 24 décembre 2022 au temple de Cortaillod.

Parole : Genèse 1, 1-5 : Que la lumière soit…

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre n’était que chaos et vide. Il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme et l’Esprit de Dieu planait au-dessus de l’eau.
Dieu dit: «Qu’il y ait de la lumière!» et il y eut de la lumière. Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres nuit. Il y eut un soir et il y eut un matin. Ce fut le premier jour.

Accueil et invocation

Il était une foi(s)…

Une parole venue du fond des âges. Cette parole raconte une histoire. Et pas n’importe laquelle : l’histoire que Dieu a choisi de tisser avec chacun·e d’entre nous.

Cette histoire se joue du temps, car elle est d’hier, d’aujourd’hui et de toujours. Elle nous fait goûter à l’éternité. La parole qui nous est adressée ce soir, c’est celle de Dieu qui nous accueille en cette nuit, veille de Noël.

Cette parole est naissance et c’est le Dieu de la vie qui la murmure à chacun·e d’entre nous ici, et aussi à chaque habitant·e de la terre. Cette parole, accueillons-la dans le silence, faisons-lui un peu de place dans l’effervescence de ce temps de fêtes. Écoutons-la : « Il était une fois… »

Et accueillons-nous les un·es les autres à ce temps de veillée, au cœur de la nuit, où textes, chants, prières et méditations, viendront illuminer nos cœurs. Cela est bon, car c’est l’œuvre de Dieu. Accueillons encore toutes celles et tous ceux qui n’ont pas pu venir, mais à qui nous pensons. Elles.Ils sont là et reçoivent aussi cette parole de vie et de bénédiction :

Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père,
de son Fils Jésus-Christ, dans le souffle, l’unité et la lumière de l’Esprit-Saint.

Cette veillée sera placée sous le signe de la lumière qui, au cœur de la nuit, vient dire une présence, une naissance, une espérance. Dans quelques heures, cette lumière laissera place à l’aurore d’un jour nouveau où nous accueillerons et fêterons une naissance, celle de « Dieu avec nous » en l’Emmanuel. Cela est bon, car c’est là l’œuvre de Dieu.

Lever de soleil
Que la lumière soit ! – Image par Arek Socha de Pixabay

 

Entrons dans ce temps par la prière avec les mots de Dietrich Bonhoeffer :

Prière d’invocation

Seigneur,
Donne-nous aujourd’hui
D’être présents à ta parole !
Donne-nous d’oser croire aujourd’hui
À la vie et à la résurrection.

Père,
En moi, tout est sombre,
Mais en toi est la lumière.
Je suis seul,
Mais tu ne m’abandonnes pas.
Je suis sans courage,
Mais le secours est en toi.
Je suis inquiet,
Mais la paix est en toi.

En moi habite l’amertume,
Mais en toi est la patience.
Je ne comprends pas tes voies,
Mais, tu connais mon chemin.

Parole : Évangile de Jean 1, 1-8 : la véritable lumière

Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle il y avait la vie, et cette vie était la lumière des êtres humains. La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas accueillie.

Il y eut un homme envoyé par Dieu; son nom était Jean. Il vint comme témoin, pour rendre témoignage à la lumière afin que tous croient par lui. Il n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage à la lumière.

 Méditation

La parole des commencements n’est pas restée accrochée à une étoile tout là-haut dans le ciel, hors d’atteinte, hors de portée. Cette parole, si puissante soit-elle – puisque rien de ce qui existe n’a été fait sans elle – cette parole, donc, est descendue pour illuminer le monde de la lumière d’en-haut.

Ainsi, d’une parole, toute la lumière a été faite sur la création entière. Cette parole de vie et de lumière vient éclairer chaque être de ce monde, car personne n’est trop insignifiant pour ne pas la recevoir.

Cette parole a eu du mal à se frayer un chemin au travers des cœurs humains, souvent endormis ou somnolents. Mais, elle a tenu bon, jusqu’à s’emparer des lèvres de Jean, celui qui baptisait au bord du Jourdain. Elle a fait de lui une voix qui, elle aussi, a eu du mal à se frayer un chemin au travers des cœurs humains. Mais elle a tenu bon pour venir jusqu’à nous.

Cette parole a traversé la nuit pour venir nous visiter aujourd’hui et nous dire, une fois encore, l’amour infini de Dieu. Elle fait de chacun de nous un témoin de cet amour.

Le Dieu des commencements nous fait confiance pour porter sa parole et son amour, pour les faire rayonner tout autour de nous, par nos gestes et nos mots – peut-être maladroits ou balbutiants, mais qu’importe – Dieu nous accompagne ; son Esprit nous inspire.

Cette parole nous traverse à notre tour, faisant son chemin, et nous mettant en route vers un horizon que nous découvrons à chaque pas. Ou nous faisant traverser une nuit qui annonce la lumière d’un jour nouveau.

Cette parole nous incite à faire un pas de plus, dans la confiance que nous ne sommes pas seul·es, malgré les doutes et les angoisses.

Un homme médite sous les étoiles
La parole est devenue une voix – Image par Євген de Pixabay

Parole : Évangile de Jean 1, 14-18 : La parole s’est faite sœur en humanité

Et la Parole s’est faite homme, elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père.

Jean lui a rendu témoignage et s’est écrié: «C’est celui à propos duquel j’ai dit: ‘Celui qui vient après moi m’a précédé, car il était avant moi.’» Nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce. En effet, la loi a été donnée à travers Moïse, mais la grâce et la vérité sont venues à travers Jésus-Christ. Personne n’a jamais vu Dieu; Dieu le Fils unique, qui est dans l’intimité du Père, est celui qui l’a fait connaître.

 Méditation

La parole des commencements n’est pas restée que souffle survolant le monde ou traversant les cœurs. Elle a pris chair, elle est devenue chair. Elle est née au monde.

La parole est devenue notre sœur en humanité, pour être au plus près de ce que nous vivons. Ce n’est ni un concept ni une théorie, ni un dogme ! C’est une naissance ! La parole s’incarne en ce « Dieu avec nous » ou mieux encore, ce « Dieu en nous » dont la lumière nous illumine de l’intérieur. En Jésus, c’est Dieu qui naît au monde pour lui faire entendre sa parole d’avenir et d’espérance aujourd’hui déjà. En Jésus, c’est un amour sans condition qui appelle chaque être de ce monde à sa propre naissance, à devenir qui il et elle est.

Voilà que la lumière et la parole de Dieu s’unissent, s’épousent en un seul mot : la grâce. Cette grâce, c’est ce regard empreint d’amour et de dignité posé par Dieu sur chacun·e sans condition. Et personne n’est trop insignifiant pour en être privé. Ce n’est ni un concept, ni une théorie, ni un dogme, c’est une invitation à la confiance.

En Jésus, la grâce prend un visage, reflet de Dieu lui-même.

En Jésus, ce n’est pas seulement un père, une mère qui donne un fils, c’est Dieu lui-même qui se fait connaître, qui se donne à connaître, qui se donne tout simplement dans la simplicité d’une crèche, dans la faiblesse d’un nouveau-né, dans la force d’un destin et d’une espérance.

C’est Dieu qui fait de cette nuit, une nuit lumineuse, une nuit bienheureuse.

Voie lactée
Le ciel s’illumine – Image par Rene Tittmann de Pixabay

Parole : Évangile de Luc 2, 1-13 : La parole naît au monde

A cette époque-là parut un édit de l’empereur Auguste qui ordonnait le recensement de tout l’Empire. Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Tous allaient se faire inscrire, chacun dans sa ville d’origine.

Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu’il était de la famille et de la lignée de David. Il y alla pour se faire inscrire avec sa femme Marie qui était enceinte. Pendant qu’ils étaient là, le moment où Marie devait accoucher arriva, et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle des hôtes.

Il y avait dans la même région des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour y garder leur troupeau. Un ange du Seigneur leur apparut et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux. Ils furent saisis d’une grande frayeur. Mais l’ange leur dit: «N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une source de grande joie pour tout le peuple: aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur. Voici à quel signe vous le reconnaîtrez: vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire.» Et tout à coup une foule d’anges de l’armée céleste se joignit à l’ange. Ils adressaient des louanges à Dieu.

Méditation

La parole des commencements s’inscrit dans l’histoire du monde. Elle réalise ce qu’elle promet. Cette parole, portée par des messagers il y a fort longtemps s’est déjà adressée à un vieillard du nom d’Abraham, à un prêtre du nom de Zacharie, à une jeune fille prénommé Marie. Elle n’est pas restée sans effet. Elle a été porteuse de vie et elle a donné naissance à ce qu’elle promettait.

Cette parole ne s’adressait pas seulement à des « élus », triés sur le volet qui auraient, par des actes de foi exemplaires, mérité d’en être les seuls bénéficiaires.

Abraham et sa femme Sarah, Zacharie et Elisabeth, Marie et Joseph et tant d’autres que l’histoire a retenus ont été reconnus justes par Dieu, par grâce, sans mérite. C’est là l’œuvre du Seigneur.

Et des bergers, des « marginaux », des pauvres par nature à cette époque-là, ont été les premiers bénéficiaires de la Bonne Nouvelle, parce que personne n’est trop insignifiant pour ne pas la recevoir.

Cette parole a traversé la nuit du monde pour illuminer leur ciel, pour les réveiller et les mettre en marche.

Et ce soir, cette même parole, celle des commencements, venue du fond des âges, c’est à nous qu’elle s’adresse, c’est nous qu’elle vient illuminer, c’est nous qu’elle vient réveiller et mettre en marche.

C’est nous qu’elle prend pour témoins de la fidélité, de l’amour, de la grâce de Dieu pour chacun·e et pour tou·te·s.

Ce soir, c’est notre ciel qui s’illumine et qui résonne. Le concert des anges nous conduit à rejoindre tous ceux et toutes celles qui, à leur tour, se sont déjà mis en route vers une crèche. Celle-ci pourrait être à Bethléem, mais plus sûrement aussi, cette crèche où la parole de Dieu vient incarner les premiers mots de l’histoire, c’est notre cœur. Aujourd’hui, cette parole annonce une bonne nouvelle, celle d’une naissance : « Dieu en nous et pour toujours ! » Chut ! Écoutez ! La parole des commencements nous raconte une histoire : Il était une foi(s)… Amen.

Bible ouverte
La parole de tous les temps – Image par Piotr de Pixabay

Prière d’intercession (pasteur Ion Karakash)

Dieu du temps et de l’histoire,
Des commencements et des résurrections,
Dieu de la mémoire et de la promesse,
Enseigne-nous à vivre avec le temps,
À l’accueillir comme un cadeau de toi,
Donne-nous de l’aimer
Dans ses dimensions d’instant et d’éternité.
Donne-nous d’aimer le temps passé :
Qu’il soit pour nous mémoire, plutôt que nostalgie
Sève et sagesse, plutôt que relique idolâtrée.

Donne-nous d’aimer le temps à venir :
Qu’il soit pour nous destination choisie,
Plutôt que destin redouté,
Promesse qui rassemble,
Plutôt que rétribution qui divise.

Donne-nous d’aimer surtout le temps présent :
Qu’il soit dans nos mains comme pâte à pétrir,
Plutôt que sable fuyant entre nos doigts,
Qu’il soit signe de ton Royaume à suivre sur nos chemins d’humanité,
Plutôt qu’empire à préserver

Merci ! Pour hier et pour les temps passés. Oui, et que ton Règne vienne !
Merci ! Pour demain et les temps à venir. Oui, et que ton Règne vienne !
Me voici, nous voici ! Pour aujourd’hui et le temps présent de l’humain.
Oui, et que ton Règne vienne !

Amen.

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