Après avoir découvert le but d’une animation de rêve éveillé et abordé les questions pratiques de préparation, il est temps maintenant de se lancer dans l’aventure. Ce que j’ai fait à plusieurs reprises dans le cadre du catéchisme avec des adolescents.
Pour un petit rappel, vous pouvez lire ou relire les deux premiers articles :
• Partage d’expérience autour du rêve éveillé
• Rêve éveillé : les aspects pratiques
La mise en place
Trouver un endroit suffisamment grand pour permettre aux auditeurs d’avoir de la place autour d’eux. Même s’ils ne vont pas bouger, il est plus agréable de ne pas se sentir coincé dans une petite pièce. Le lieu doit aussi être suffisamment silencieux pour favoriser la narration. Il peut être possible de mener un « rêve éveillé » en extérieur, mais il faudra veiller à ce qu’il n’y ait pas trop de bruits parasites. Ceux de la nature sont par contre les bienvenus et à valoriser.
Disposer des sièges en cercle. Je privilégie la position assise qui demande de rester en éveil, plutôt qu’allongé par terre qui peut induire le sommeil. Car, je le rappelle, le rêve éveillé exige d’être éveillé, justement. Il peut être bon de prévoir des coussins. On peut aussi s’asseoir par terre, en tailleur, mais il faut que la position soit assez confortable pour la maintenir une trentaine de minutes.
Une pièce bien aérée favorise encore la sensation de s’y sentir bien. Donc, ne pas hésiter…
L’accueil
Accueillir les participant·es à l’animation et les inviter à prendre place. Faire un tour de présentation et demander la « météo intérieure » est un bon moyen de sentir la disponibilité de chacun·e.
• La météo intérieure: des mots et des émotions | Ithaque Coaching
Rappeler la démarche en expliquant c’est un exercice à la fois collectif et individuel; que chaque participant gardera pour soi ses représentations; qu’il n’y a pas de « juste » ni de « faux » et qu’on est invité à se laisser entrainer par la narration. S’il y a des questions, j’y réponds.
En route
Avant d’amener la narration du rêve éveillé, il est essentiel de se mettre en position relaxante. J’invite alors les participants à trouver une position confortable, à prendre conscience de son assise, de sentir son poids sur la chaise, de repérer d’éventuels inconforts et d’essayer d’y remédier en changeant de position; de porter l’attention sur sa respiration, sans chercher à la contrôler, mais de prendre conscience de ce souffle qui me traverse. Après quelques instants, j’invite à fermer les yeux ou de les garder mi-clos, ceci pour favoriser la venue des images. Toutes ces étapes, je les fais moi aussi et en même temps que les auditeurs. Nous sommes ensemble dans l’histoire. Je garde néanmoins un œil sur le temps qui passe (un minuteur est utile).
L’instant important est de trouver une transition entre le lieu et le moment présent et le lieu et le moment où je veux emmener les auditeurs. J’ai parfois utilisé le fait de s’élever par l’imagination et de « sortir » de la pièce, de la maison, de se laisser porter par le vent… Ou bien la pièce où nous nous trouvons change peu à peu d’apparence, devient floue, disparaît et un autre environnement apparaît de manière tout aussi progressive.
Il y a plusieurs manières, mais c’est important de faire entrer progressivement les auditeurs dans le nouvel univers de la narration.
On s’installe dans l’histoire
Même si le temps est compté, une trentaine de minutes, il ne faut pas négliger les premiers moments où on s’installe dans le décor. Je porte l’attention sur des éléments, un objet, le crissement de nos pas sur un chemin de cailloux, la chaleur, la brise, la pluie, tout ce qui met les sens en éveil.
C’est là que toute la partie de « raconter… raconter encore… raconter pour soi » prend tout son sens, car, c’est en racontant qu’on compose au fur et à mesure l’environnement dans lequel on s’installe. Je raconte en étant pleinement dans l’histoire. Comme si j’avais un casque de réalité virtuelle et je décris ce que je vois au travers de ces lunettes.
Il ne faut pas hésiter à répéter des éléments ou une citation biblique qui constituent le cœur de l’histoire racontée. Même si ce n’est pas exactement ce que dit le texte original, on peut se permettre des libertés.
Se donner le temps de « bien » raconter, laissant suffisamment d’espace à chacun pour imaginer son histoire, mais avec assez de précision pour vivre la même histoire.
Prévoir les cinq dernières minutes pour quitter les personnages et le lieu, de manière tout aussi naturelle que l’entrée. Faire le voyage à l’envers pour revenir à ici et maintenant, à la pièce, à sa position, à sa respiration. Inviter à ouvrir les yeux et à reprendre contact avec l’environnement.
Quelques échos personnels
A la fin, après un bref moment d’étirement, je récolte quelques échos de la manière dont chacun a vécu cette expérience, ce qui m’aide aussi à améliorer ma pratique. Apaisant, reposant, stimulant ont été souvent les qualificatifs qui revenaient souvent. Et ce n’est pas grave si quelqu’un s’est perdu dans l’histoire ou en a manqué une partie ou s’est endormie…
Et s’il y a un truc qui…
Il peut arriver qu’un incident vienne perturber le déroulement du rêve éveillé. Dans le meilleur des cas, j’essaie de l’intégrer dans l’histoire. Mais, si ce n’est pas possible, comme cette sonnerie tonitruante d’un téléphone en plein milieu de la narration qui a fait sursauter tout le monde, il faut interrompre. Pas le choix ! D’ailleurs, les auditeurs ne sont plus dans le jeu. Régler le problème et inviter calmement à retrouver sa position, à retourner à son rythme dans le décor, quitte à prendre plus de temps et renouer avec l’histoire : « Nous étions à ce moment où… »
On y va ?
Ce sont de belles expériences que j’ai partagées et fait partager à des jeunes. J’ai été surpris de l’attention et du silence pendant la narration. Je ne peux qu’encourager chacun à trouver sa manière de raconter et à se lancer. Je serai heureux de partager d’autres manières de faire avec celles et ceux qui le souhaitent.
Photo d’illustration : Kinkate, pixabay.com