Église et évangélisation à l’ère du numérique

Il s’agit de la synthèse de la conférence-discussion que j’ai animée le jeudi 20 février dans le cadre de la rencontre des aînés organisée par la paroisse de La Neuveville. Une dizaine de personnes étaient présentes et se sont montrées intéressées. J’aurais pu craindre que le sujet ne les concerne pas. Bien au contraire.

Une question pour commencer?

Où est l’Église aujourd’hui? Plutôt que Qu’est-ce que l’Église?

Un bâtiment, une communauté, une institution. L’Église est là où les gens se réunissent autour du Christ et il y a différentes propositions sur le site Spiritualites.ch.  Elle est là avec toutes les générations. L’Église est là où les gens sont. Ils sont sur internet, mais pas que… Ainsi, il ne s’agit pas de jouer la « vraie vie » contre le monde virtuel, mais de les réunir.

Quatre intuitions

Ces quatre intuitions me font dire que j’ai raison d’être sur internet au nom de ma foi, en tant que ministre de l’Église réformée, en tant qu’humain, tout simplement.

  1. La mission de l’Église est d’être dans l’Entre-deux : un mouvement d’inspiration et d’expiration. Prendre soin de son « Intérieur », des fidèles tout en étant ouverte et à l’écoute de l’Extérieur. Être sur le seuil, à la fois dedans et dehors.
  2. Les temps et les habitudes changent : de nouveaux automatismes, internet, Google, les réseaux sociaux, applications de rencontres. Avant, on cherchait un renseignement, une réponse, dans un annuaire ou un dictionnaire. On allait sonner chez le pasteur, qui lui savait ou au moins qui avait un annuaire. Ces changements sont synonymes d’opportunités et risques.
  3. Le monde virtuel fait partie du monde. Il est un reflet de la vie réelle. Un territoire où l’Évangile a sa place. Des formes différentes (audibles, compréhensibles, ouvertes), des manières de s’exprimer différentes (images, lien, multitudes). Qui fait le tri ? Comment s’y retrouver ? Qui croire ? Qu’est-ce qui est « parole d’évangile » ?
  4. Les Églises ne peuvent pas se permettre de ne pas être dans ce monde-là aussi. Mais, je constate une prise de conscience très/trop relative de la part des institutions. Les sites des Églises ressemblent à  des« Vitrines ». Ils donnent des informations sur la structure et le fonctionnement. Où puis-je trouver quelque chose qui nourrisse ma méditation quotidienne? Ou qu’est-ce qui me donne envie de m’approcher de cette Église?

Des réponses décalées, parce que personnelles

Depuis quelque temps, on assiste à des initiatives personnelles qui ont vocation d’évangéliser avec le langage et la forme propres au monde virtuel. Celles-ci reflètent une plus de liberté d’expression, parce que les auteurs parlent en leur nom, sans être les porte-paroles d’une Église. La conséquence est que sur internet, on suit des personnes et non des institutions. Ce qui favorise l’échange, le commentaire, le partage. En un mot : on dialogue.

Ma motivation, mes objectifs

Je peux résumer ce qui motive mon engagement et mon implication sur internet et les réseaux sociaux en quatre points:

  • Participer à un mouvement d’action du web protestant;
  • Rencontrer, même virtuellement, les gens là où ils sont;
  • Parler de moi (dans le bon sens du terme);
  • Développer des outils de communication et une manière de communiquer.

Mon Credo

  • JE CROIS QUE j’ai des choses à dire sur Dieu, l’Église, la foi, le monde et j’ai envie de partager mes impressions, convictions, questions.
  • JE CROIS QUE, diacre réformé, j’ai une place à prendre, même s’ils sont absents d’internet, par manque de temps, de compétences, de talents (selon les commentaires que j’ai reçus).
  • JE CROIS qu’être réformé, c’est être à l’écoute du monde et employer ses moyens de diffusion. Luther a profité de l’invention de l’imprimerie pour diffuser la Bible et cela a impliqué aussi l’instruction,
  • JE CROIS que l’Évangile a à être annoncé. Mon témoignage personnel rejoint celui de beaucoup d’autres.

Qu’est-ce que je fais sur internet ?

  • Je publie mes réflexions, prédications, billets d’humeur. C’est accessible et libre. Possibilité de commenter mes articles.
  • Je soutiens et relaie des articles, initiatives et autres publications en lien avec ma foi, les Églises, Dieu, la diaconie sur Facebook.
  • Je rédige une lettre d’information mensuelle pour la PAREF2520 et tiens à jour le site internet.

Avec quels moyens?

  • Je tiens un blog personnel (journal sur internet).
  • Des comptes sur les réseaux sociaux.
  • Des connaissances techniques que je développe au gré de mes ajouts
  • Un réseau d’ « Amis » que je relaie et commente.
  • Du temps (ex. une prédication mise en ligne, avec enregistrement, c’est env. 1h00 de plus)

Les résultats.

Est-ce que cela sert à quelque chose ? Mes efforts sont-ils vains ou ont-ils un impact ? Difficile à dire et difficiles à chiffrer. Je me base sur des statistiques:

  • 11 personnes sont abonnées à mon blog. Elles reçoivent un message à chaque nouvelle parution d’un article.
  • 41 personnes me suivent sur Facebook
  • 115 abonnés Instagram
  • 37 abonnés sur Twitter

La majorité de ces personnes reste anonyme.

Des exemples (consultés le 17 février).

J’ai ensuite présenté quelques sites internet; des références forcément subjectives:

  • Le site REFBeJuSo : http://www.refbejuso.ch/fr/. Le site officiel de l’Église cantonale. Pas très séduisant. On y découvre en Une la présentation des Ressources humaines.
  • Le site PAREF2520 : http://paref2520.ch/. Une présentation assez sobre. Il va être prochainement modernisé.
  • Le site EREN : https://www.eren.ch/. Une première page aérée, avec une large place à l’image. On cherche un peu les indications utiles (contacts, paroisses)
  • Mon blog (3e génération) : https://jeanmarcleresche.ch/ (ex. prédication enregistrée). Je vous laisse libre de juger.
  • Le site Jecherchedieu de Marc Pernot : https://jecherchedieu.ch/ (ex. prédication vidéo). Ce pasteur de l’Église protestante de Genève tient un site de Questions-Réponses et traite, avec beaucoup de subtilité, les questions que les internautes lui adressent. C’est un exemple.
  • Le blog vidéo de Carolina Costa : https://roadtripspirituel.ch/. La pasteur et comédienne Carolina Costa axe sa communication vers les jeunes, utilisant la forme d’un film, elle emploie un langage accessible, fait preuve d’ouverture aux diverses formes de spiritualités, mais parle trop vite, selon les participants à cette conférence.
  • J’aurais pu encore parler du site dédié au mariage dans les Églises protestantes romandes, ou ce site qui répond aux questions en lien avec le pastorat. « Oui, j’aurais pu, j’aurais dû certainement. Je ne l’ai pas fait. Voilà… » (d’après Michel Sardou, le Bac G, 1992) Mais c’est corrigé !

Conclusion

Même si une très petite minorité des participants de ce jour était familier d’internet ou de réseaux sociaux, tous ont apprécié d’avoir pu lever le voile, l’espace d’un après-midi, sur ce « monde » qui fait un peu peur et qui est riche de belles choses aussi. Je laisse le mot de la fin à ce participant : « On n’a jamais fini d’apprendre. »

Un autre article traite aussi de ce sujet: Être Église autrement.

Image par StockSnap de Pixabay

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