D’une page à l’Autre

Tout récemment, j’ai participé à une soirée autour de mes livres. L’invitation m’avait été faite par mon ami et collègue Renaud Rindlisbacher, diacre lui aussi dans l’Église évangélique réformée vaudoise (eerv). Initialement, je me serais rendu sur place, à Aubonne. Mais, les mesures sanitaires actuelles ne permettant pas de rassemblement à plus de 5 personnes, l’événement a eu lieu en ligne, via zoom. Annoncé par une newsletter paroissiale, un courriel et une page internet, il a réuni une dizaine de participants.

Un moment de rencontre et d’échange

Renaud m’apprend qu’il anime depuis quelques années ce rendez-vous quatre fois dans l’année, d’abord intitulé « Jésus et les écrivains », puis « D’une page à l’Autre ». Lisons la présentation sur le site internet :

Quatre rencontres pour approfondir sa spiritualité et se questionner ensemble.

Mes livres parlent de spiritualité, s’enracinent dans l’univers biblique. Ils rejoignent donc les objectifs de la soirée.

C’est la première fois que je me livre à cet exercice, en tant qu’auteur. J’ai déjà assisté à de telles présentations, en spectateurs. L’animateur me laisse carte blanche, tout en présentant le but et le déroulement des soirées précédentes. Les participants apprécient de pouvoir assister à ces rencontres via zoom. Le système donne entière satisfaction et permet d’élargir le cercle des habitués.

Je fais le choix de présenter mes trois livres et d’en lire des extraits. Chacun pourra alors intervenir dans un moment d’échange et de questions. Nous nous entendons à l’avance sur le contenu et faisons un test technique. J’envois aussi quelques éléments à afficher lors de la présentation

Le jour J

Jeudi 11 mars, 19h50, je me connecte sur le lien de la réunion zoom. Les participants arrivent peu à peu, sont aimablement salués par Renaud qui connaît presque chacun. Un ou deux bugs techniques sont vite résolus. Je suis heureux de reconnaître Catherine, amie et collègue de formation, elle aussi diacre dans l’eerv.  Après quelques mots de présentation personnelle, je donne des informations sur les Editions SUR LE HAUT et explique l’esprit qui nous anime : permettre à des auteurs de l’Arc Jurassien de publier leurs livres, de limiter l’empreinte écologique, en privilégiant les circuits courts (impression à La Chaux-de-Fonds).

Chaque auteur dispose de sa propre page, choisit ce qu’il veut y publier, s’il veut imprimer ses livres et à quelle quantité. Les livres sont téléchargeables gratuitement en format pdf.

Site d’édition d’auteur-e-s de l’Arc Jurassien

Trois livres, trois démarches

Mes publications ont un point commun : elles sont toutes illustrées par Myriam, ma femme, peintre. On pourra parcourir son site de Galerie en ligne.

Je présente ensuite chaque livre, en commençant par DES RAMEAUX À PÂQUES, recueil de narrations inspirées de l’Évangile de Marc et accompagnant la semaine sainte, des Rameaux à Pâques. Cette seconde édition est agrémentée de huit tableaux de mon artiste préférée, Myriam, des peintures acryliques sur bois.

 

Peinture de Myriam Leresche
Entrée dans la Grande Ville, tableau de Myriam Leresche

 

Je lis deux narrations « Entrée dans la grande Ville » (ci-dessous) et « Fiasco ! »

Une clameur emplit peu à peu la ville. Elle envahit les rues comme un torrent indomptable. Son écho résonne de façade en façade. On n’a jamais connu une telle agitation, sauf au jour de la pâque, mais nous n’y sommes pas encore. Que se passe-t-il ?

Je me lève de mon bureau et abandonne les calculs et autres rapports que je suis en train de compléter pour l’administration romaine ; les fonctionnaires sont tatillons sur les taxes que nous prélevons et que nous devons reverser à l’Empire. Je sors. La rue est déserte. Étrangement. D’ordinaire, elle grouille de monde autour des étals des marchands. Je descends. Mes pas claquent à leur tour sur les pavés de la route.  Les maisons se renvoient leur bruit qui se mêle à ce chant triomphal qu’on réserve au roi. J’aperçois alors une foule énorme aux portes de la Ville, celle des grands jours. Je m’approche, me mets sur la pointe des pieds, mais n’y vois rien. Alors, je joue des coudes et des épaules pour me frayer un passage. Je bouscule un vieillard qui manque de tomber, une femme portant un bébé. J’écrase un ou deux pieds au passage. Je m’en excuse. On ne me répond pas. On ne fait pas attention à moi. Moi le retardataire. Moi le dernier arrivé ! Tous les visages sont tournés dans la même direction.

– Mais que se passe-t-il donc ?

– Regarde, l’ami. C’est le Prophète ! Celui qui vient de Galilée ! L’Envoyé de Yahvé ! Hosanna au plus haut des cieux !

L’homme qui me répond avec un large sourire édenté tient à la main une grande branche feuillue qu’il agite au-dessus de sa tête. Il n’est pas le seul. Ils sont nombreux, comme lui, à remuer ainsi l’air sec de cette période de l’année.

Et tous reprennent en chœur :

– Hosanna ! Hosanna ! Sauve-nous !

Je pousse encore un ou deux corps pour me frayer un ultime passage. Enfin, je découvre celui qui attire tous les regards. Je le vois. Il est là, celui que les anciens ont annoncé. Celui sur qui on projette aujourd’hui les promesses du temps de nos Pères : promesse de royauté retrouvée, comme aux heures de gloire de David.

Quelle n’est pas ma surprise ! Ma déception aussi !

Je découvre un homme plutôt malingre qui n’a rien du prestige des grands de ce monde. Pourtant, il y a en lui une dignité certaine. Il s’accroche, tient à peine assis sur un jeune âne titubant à chaque pas. Le pauvre animal ne sait que faire de ce poids qu’on lui inflige de porter, sans doute pour la première fois, des vêtements qu’on a jetés sur lui en guise de selle, de ceux qui jalonnent le chemin et qui entravent ses sabots. Je distingue sur sa croupe une croix foncée bien dessinée, comme la portent la plupart des équidés de son espèce. Entouré de ses compagnons de route, le Prophète paraît gêné de cet accueil. Je suis sûr qu’il aurait préféré passer incognito pour rejoindre le lieu du pèlerinage sans éveiller l’attention. Mais c’est trop tard !

Je me joins alors au cortège. Je saisis moi aussi une branche qu’une femme me tend et à mon tour, j’entonne le chant des montées, me joignant aux voix des habitants de la grande Ville :

– Hosanna ! Béni soit ! Hosanna ! Sauve-nous !

Nous prenons alors la direction du Temple. Le petit âne peine à attaquer cette pente. Il souffle. Bientôt, l’esplanade sera envahie par tous ceux qui, nombreux, viendront faire mémoire de la libération de notre esclavage. Aujourd’hui, cette commémoration prend un tour particulier, annonçant une ère nouvelle, celle de notre liberté bientôt retrouvée. Elle me paraît plus proche que jamais.

– Hosanna !

Les retours sont élogieux, en toute modestie ! On s’interroge sur la colère, on relève la colère de ce marchand (narrateur du deuxième texte), quelqu’un fait écho à une conférence de Daniel Marguerat.

DES RAMEAUX À PÂQUES

 

Je passe à MATTAÏ, roman autour de Matthias, celui qui, désigné par le sort ou la prière, rejoindra les apôtres et qui disparaît des textes néotestamentaires. J’explique que le fait de ne rien savoir de sa vie m’a encouragé à lui écrire un « Destin au souffle de l’Esprit » (sous-titre du livre). Je lis un extrait : Dalila, l’amoureuse de Mattaï prie au Temple, souhaitant à la fois que son rêve de fonder une famille soit exaucé, et que son amoureux n’ait pas à choisir en elle et la mission qui lui sera confiée. Quelqu’un relève que c’est touchant, et que j’ai pris le risque de me mettre à la place d’une femme. C’est une audace assumée. On discute autour de comment le livre est construit, des recherches historiques, on aimerait savoir la fin.

MATTAÏ – Un destin au souffle de l’Esprit

 

Enfin, je passe à UN JOUR, LA VIE. Premier recueil dans l’ordre de publication. 9 récits de vie où la mort s’invite. Des récits inspirés de mon expérience d’aumônier auprès des aînés. Je partage un extrait de Pauline, cette jeune trentenaire, chroniqueuse littéraire sur internet, entourée d’amis et qui découvre un cancer incurable et virulent. Elle veut tout contrôler, faisant appel à une association pour l’aider à mourir. Après avoir rencontré l’un des bénévoles, elle envoie son dossier. L’extrait raconte sa dernière journée et l’arrivée ponctuelle de Marcel, le bénévole. La première réaction est un soupir, comme pour évacuer une tension. « C’est fort ! » dira-t-on. « Est-ce qu’on pourrait offrir ce livre à quelqu’un qui vit un deuil ? » Je le pense, je l’espère. Je crois qu’il est important, et essentiel de pouvoir poser des mots sur le deuil.

UN JOUR, LA VIE

 

Je croyais en avoir terminé, mais devant l’enthousiasme général, Renaud me propose une autre lecture. Il a été aussi touché par Caro. Caro, l’infirmière qui découvre une patiente qu’elle croit reconnaître en sa professeur de piano. Mais la vieille dame a oublié. Caro fait le projet d’apporter des photos pour lui rafraîchir la mémoire. À la fin, une participante me demande si j’ai déjà employé des photos dans mes rencontres avec des personnes âgées. Je relate combien de fois j’ai parcouru des albums-photos aux côtés de résidents et chaque photo ravivait des souvenirs précis et touchants.

Conclusion

Ce qui devait durer une heure et quart plus ou moins a dépassé l’heure et demie. Mais personne ne s’en ait plaint, bien au contraire. On était bien, chacun chez soi et tous ensemble. La technique a tenu bon, pas de coupures intempestives. Les remerciements ont été vifs et unanimes. Mon style passe bien et notamment à distance. Cela confirme une idée à laquelle je réfléchis depuis quelques jours : proposer mes narrations DES RAMEAUX À PÂQUES sous forme de podcast. Me voilà motivé à concrétiser le projet.

Enfin, une personne a relevé que j’avais une voix agréable, qu’elle a apprécié mon accent neuchâtelois (et moi qui étais persuadé n’avoir aucun accent !) « Il faut le garder ! C’est beau les accents ! »

Ma vive reconnaissance à Renaud qui a su adapté cette soirée aux circonstances du moment, à chacune et chacun, participants à cette soirée pour ses questions, échos, et la qualité de nos échanges.

Dernier billet

Stop ou encore ? Cette question m’occupe, ou plutôt m’obsède, depuis quelque temps. Ai-je encore l’envie, la motivation et l’enthousiasme nécessaires de continuer ce blog personnel ? Rien ni personne d’extérieur à moi ne me contraint à le continuer ni à l’arrêter.

Je décide d’y mettre un point final. Ma décision est un choix, mon choix. Lâche ou lucide ? À chacun de se faire son opinion.

Pourquoi bloguer ?

Le commencement de ce blog, il y a environ 18 mois, coïncidait avec mon engagement professionnel dans la paroisse de La Neuveville. Je pensais alors mon blog comme un journal de bord de mes expériences, des retours d’expérience, une mise en ligne de matériel liturgique.

Une autre raison a été de rejoindre ceux et celles qui se lançaient ou étaient déjà présents sur le web protestant, en y apportant ma couleur particulière et singulière de diacre, voire à motiver d’autres diacres à se lancer dans l’aventure.

Ce que j’espérais

En parcourant d’autres blogs, aussi hors du Réseau-protestant, j’imaginais mon blog comme un espace de dialogue, avec ceux et celles du sérail, mais aussi avec ceux et celles qui ne sont pas du nombre des théologiens, pasteurs, ministres : bénévoles, personnes engagées ou non, les « distancés », internautes de tous bord. J’espérais que mes articles suscitent des réactions et autres critiques. Des encouragements ou des questionnements stimulants de ma pratique.

Ce que j’ai constaté et ce qui me fait douter

Mon blog a suscité 14 abonnés. Je les remercie au passage. Il y a bien eu quelques commentaires, plutôt positifs et encourageants de la part de collègues d’abord et surtout. Merci à elles et eux aussi. Pour le reste, peu d’échos. Peut-être que les thématiques abordées, diaconat, diaconie, diacre, église ne parlent finalement pas tant que cela au-delà du cercle des habitués. Sans doute que l’Église n’est plus visible dans le radar de la plupart de nos contemporains.

Des recherches par ces mots-clés sur Google renvoient plus souvent à des sites catholiques et à la compréhension catholique du diaconat/diacre qu’à mon blog. À qui la faute ? À moi, à Google ?

C’est un article un peu plus critique en lien avec la pandémie de COVID-19, Mes projections, qui a suscité le plus de commentaires sur Facebook et que j’ai relayés sur mon blog. Commentaires issus pour la plupart de collègues. Peut-être aurais-je dû persévérer dans la critique. Peut-être…

Autre point. Je le sais bien, et j’essaie de me convaincre : les statistiques ne disent pas tout et que des graphiques ne traduiront jamais totalement ni la qualité ni l’intérêt de mon blog, mais ce sont des indicateurs que je ne peux pas ignorer non plus. Mon blog n’a pas vraiment décollé.

Je pourrais écrire juste pour moi, sans me soucier des chiffres, mais j’ai constaté que j’ai besoin de retours pour resté motivé.

Je m’en doutais aussi, mais la rédaction de « bons » billets nécessite du temps, de l’énergie, des recherches. Il faut dégager cette disponibilité. Ce n’était pas impossible, mais prenant.

Mes articles étaient-ils « bons »  ou aussi « bons » que je croyais et l’espérais ? En tout cas, ils n’ont pas déclenché une avalanche de commentaires, ni mêmes suffisamment à mon humble avis, pour m’encourager à continuer. Je ne blâme personne. C’est un constat, ni plus ni moins. Est-ce la qualité, la quantité, le contenu, la thématique qui étaient à côté ? Ai-je visé à côté de la cible ? Peut-être…

Sans doute que le rythme de parution était élevé et que je me suis peut-être brûlé les ailes à vouloir trop en faire. Peut-être… Je peux l’admettre.

Le monde réformé, dont une manifestation se rencontre sur internet, est-il suffisamment connu et ouvert pour être perçu comme un espace où se rencontrent ceux et celles qui en sont et ceux et celles qui n’en sont pas ?

D’abord, ce monde réformé intéresse-t-il encore au-delà de ses seuls acteurs et actrices ? J’en doute. Ai-je tort ? Peut-être…

Un collègue et ami compare le web protestant à une bulle qu’il est difficile de faire éclater.  Cette image m’interpelle et je me demande : est-ce nous, ceux du dedans, qui ne parvenons pas à faire éclater cette bulle ? Est-ce eux, ceux du dehors, qui n’y arrivent pas ? L’enveloppe est-elle au moins perméable ou si imperméable que rien ne rentre ni ne sort ?

Je constate que le web protestant est à l’image de l’Église : auto-centré. Les difficultés à rejoindre vraiment ceux qui ne sont pas là dans nos engagements et activités paroissiales se retrouvent dans l’internet.

Si je devais prendre une image pour décrire ce qu’a été jusqu’à aujourd’hui mon blog, je dirais ceci : je me suis donné du mal pour planter et entretenir un beau jardin, mais si bien clôturé que bien peu ont osé ou pensé s’y arrêter. Peut-être ai-je même empêché, sans le vouloir, certains d’y pénétrer. Peut-être…

Ce que l’expérience m’a apporté

D’abord, et grâce au concours d’autres blogueurs, j’ai acquis des compétences techniques de bases, appris quelques rudiments dans le référencement et dans WordPress. C’est déjà ça.

J’ai découvert des personnes et des contenus passionnants, des idées novatrices que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire et à regarder.

J’ai noué de belles amitiés au travers de blogs-amis dont j’ai relayé certains contenus, commenté d’autres, valorisé des points de vues. Ces amitiés perdureront au-delà de mon seul blog, j’en suis certain.

Un regard un peu plus lucide et critique sur la pertinence du partage sur les réseaux sociaux, où un contenu et des commentaires ont quelque chose de très éphémère mais de tellement pratique.

Et maintenant, et demain ?

Aujourd’hui, je fais le choix, sans doute discutable, de quitter la scène du web protestant et de signer mon dernier billet. Je le fais sans regret ni remords, mais avec un pincement au cœur quand même. Parce que je crois y avoir mis pas mal de moi-même, une bonne dose de sincérité et d’authenticité.

Et après ? Je ne sais pas. Pas encore. Il y a plusieurs options possibles :

  • Garder mon nom de domaine et y développer un autre contenu.
  • Résilier mon nom de domaine à son échéance, en février prochain.
  • Laisser mon blog en l’état, sous forme d’archive.
  • Repartir avec un autre chose, un autre nom.
  • Ce à quoi je n’ai pas pensé.

Il me reste encore quelques mois pour me décider. Je me donne du temps.

Vous avez été nombreux à m’encourager. Vos messages, commentaires, remarques ont été des marques d’amitiés que je garde précieusement et c’est sans doute là le plus bel effet de mon blog.

Aujourd’hui, je n’ai plus l’enthousiasme de continuer l’aventure. Je continuerai de vous suivre par vos blogs, si vous en tenez un, par d’autres canaux et des rencontres ici ou là.

À vous toutes et à vous tous va ma reconnaissance. Je vous adresse un merci sincère. Bonne route à vous et prenez bien soin de vous.

La dernière séance.… Le rideau sur l’écran vient de tomber.

Diaconie dans l’espace numérique

Si la diaconie a sa légitimé dans l’espace public et, en particulier, dans des lieux où se rencontrent les gens, alors, elle est aussi à sa place dans l’espace numérique qui est une dimension particulière du fait de se rencontrer.

Des liens par écran interposés
Ce que j’appelle espace numérique, c’est internet, les réseaux sociaux, les blogs, les sites personnels et institutionnels des Églises, des communautés et d’autres professionnels.

J’ai hésité à parler d’espace virtuel, mais le web est bien réel et animé par des blogueurs et visiteurs bien vivants et réels, eux aussi. J’en reste donc à la dénomination d’espace numérique.

À titre personnel, je regrette qu’il y ait encore trop peu d’initiatives émanant de non-professionnels, de bénévoles par exemple, dans cet espace numérique.

Un réseau-protestant

Depuis quelques mois, un Réseau-Protestant se met en place. Il a pour vocation de tenir à jour une liste de références du web protestant en Suisse romande et de mettre en relation ces sites et ces blogs afin de constituer et d’animer un un vrai réseau. Ainsi il devient possible et pertinent de rendre visible cette présence sur internet. Ce qui me paraît rejoindre une vocation diaconale.

Un réseau pour mettre en lien

En quoi est-ce diaconal, au fait ?

Vous penserez peut-être, au passage, que je vois de la diaconie partout ou que, selon moi, tout est diaconie. Non, évidemment ! Et pourtant… Je reviens à la définition de la diaconie comme je la conçois : celle de l’animation, le fait de donner ou redonner de la vie, de se sentir vivant et en relation les uns aux autres. Alors, dans cet esprit, ce Réseau-Protestant a bel et bien une portée diaconale.

En parcourant la liste du Réseau-Protestant, je constate d’abord que celle-ci propose des portes d’entrée et rejoint les internautes là où ils se trouvent, là où ils cherchent. Ensuite, elle présente la vie d’un réseau constitué d’hommes et de femmes engagés.

Mais surtout, ces sites et des blogs, et c’est là que la diaconie prend tout son sens, sortent des quatre murs des Églises pour aller à la rencontre, en publiant des contenus qui répondent à des attentes variées : on y trouve, outre des informations institutionnelles, des prédications, des réflexions personnelles et professionnelles, des réponses à des questions.

Le langage et la forme propres à chaque auteur sortent, eux aussi, de la liturgie ou du langage des célébrations. Et c’est ce qui fait la beauté, la pertinence et la diversité de ce Réseau.

Être là où deux ou trois (et plus) sont réunis

La diaconie sur internet ? Une évidence ! Demandez-vous un instant : quand vous cherchez une information, quel est votre premier recours ? Internet, Google, votre smartphone. Comme tout le monde.

Que cherchez-vous ?
Donc, la diaconie peut (voire doit) être présente dans cet espace. Non seulement par des sites qui présentent ce qu’est la diaconie de manière officielle : le portail diaconie.ch ou l’association diaconale romande, mais aussi, et surtout dirais-je, par des témoignages, des prises de position, des réflexions à propos de la diaconie par des professionnels et, plus rarement hélas encore, par des non professionnels.

L’affaire de tous

Ce qui me permet de rappeler au passage que la diaconie n’est pas l’apanage des seuls diacres consacrés et reconnus comme tels, mais des pasteurs et théologiens, professeurs de théologie, chercheurs, bénévoles, laïcs, de vous aussi. Dès que le message s’adresse au plus grand nombre, au monde, à la société, aux politiques, c’est de la diaconie !

Dès que ce message vise à favoriser, à encourager, à initier la rencontre et donner de la vie à la vie, à la faire naître, à l’animer face-à-face ou par écrans interposés, c’est de la diaconie.

Et cela, c’est l’affaire de tous, qui que vous soyez, qui que tu sois.

Cet article pourra être complété et modifié selon vos commentaires.

Images tirées de Pixabay.com.

Tisser du lien

Voilà que depuis quelques semaines, nous revenons à une situation qui nous permet de retisser du lien, notamment en paroisse. Pendant plus de deux mois, nous avons été contraints d’imaginer d’autres manières d’être reliés. Elles ont été pertinentes. Elles ont pallié à des manques et répondu à des attentes. Maintenant, qu’en garderons-nous ? Quelques réflexions à la volée.

Le cœur du métier : le lien

Ce qui donne du sens à mon engagement dans une paroisse et dans un lieu d’écoute et d’accompagnement, c’est le lien, la relation, la rencontre. Et voilà que d’un jour à l’autre, tout a été suspendu. Je me suis senti un peu dépourvu face à une situation inédite. Une pause d’abord bienvenue, mais aussi une opportunité de me poser la question de comment garder le lien malgré la distance. Je pressentais qu’il y avait un besoin de liens sociaux. Mais n’était-ce là que le fruit de mes propres projections ? La réalité a montré que cela venait plutôt de moi.

la joie de vivre ensemble

L’imagination de se relier autrement

Comment allais-je donc rester en lien, développer du lien, créer du lien ? Sous quelle(s) forme(s) ? Le plus simple a été de me saisir de mon téléphone et oser l’initiative de prendre des nouvelles, d’offrir des temps d’écoute, de partage et de discussion. J’ai constaté que des entretiens sont aussi possibles aussi sans se voir, par téléphone et que mon écoute a été plus attentive aux modulations de la voix, aux soupirs et aux silences. Par contre, j’étais privé de tout ce que le visage et le corps peuvent exprimer au-delà des mots.

Ensuite, entre collègues, nous avons recouru à la vidéo-conférence pour nous voir et prendre des nouvelles, pour nous coordonner dans des actions communes tout de même possibles. J’ai senti une collaboration renouvelée. Ma collègue Laure Devaux est même aller jusqu’à adresser sa Déclaration d’amour à ses collègues. Mon attention a été également changée : manifester son envie de prendre la parole, compter avec des coupures de connexion, des saccades, perdre le fil de la conversation.

On a ainsi développé des propositions concrètes sous la forme de cultes à l’emporter, de lettres aux aînés, de brochures illustrées. On a cherché à coller à l’actualité de nos vies paroissiales, à donner la parole tantôt aux jeunes, tantôt aux aînés, à ouvrir nos horizons par des photos.

En parallèle des documents destinés à être imprimés, le site internet de la paroisse que j’ai tenu à jour a été consulté, sans doute aussi, par des visiteurs hors du champ paroissial. Quand les statistiques montrent des pics de consultations à plus de 100 visites à la publication d’un culte, je peux imaginer qu’il a « ratissé » large…

Ce que nous avons mis en place, en l’adaptant au fil du temps, a été autant de manières de dire que nous étions là et que nos paroissiens n’étaient pas laissés à eux-mêmes. Ça a été des liens créés, consolidés, tendus, retendus.

On retrouve nos manières habituelles d’être en lien

On peut s’en réjouir. Ou on peut regretter de reprendre là où la crise nous a laissés. Mais, depuis le début du mois de juin, des rencontres sont à nouveau possible « en vrai ». Les cultes reprennent, les aînés ne sont plus les plus-à-protégés. On garde ses distances, mais on revient à une certaine normalité.

Ce temps à distance a eu une incidence sur la manière présente et future de maintenir les liens. Allons-nous continuer à prendre des nouvelles des personnes que nous avons contactées depuis deux mois et distancées de nos rendez-vous habituels ? Allons-nous poursuivre des offres spirituelles ou méditatives en ligne au-delà des cultes dominicaux ? Allons-nous garder quelque chose de nos séances en vidéo ?

une distance, vraiment ?

Autant de questions que nous sommes plusieurs à nous poser. Les réponses dépendront de nos lieux, de la motivation de nos collègues et bénévoles, de la bonne volonté de nos conseils à nous donner du temps pour continuer l’œuvre commencée.

Mon collègue Elio Jaillet s’interroge aussi sur la portée des liens tactiles. Ne plus se serrer la main, ne plus s’embrasser, ne plus se prendre dans les bras.

Être relié sur le web protestant aussi

La période que nous venons de traverser a vu éclore sur internet le Réseau-protestant. Il s’agit d’une liste de sites, notamment  institutionnels (ou officiels) et de blogs le plus souvent personnels (reflétant l’avis de leur auteur). Pour être pertinent, ce Réseau doit mettre en lien les sites et les blogs entre eux. C’est d’ailleurs le principe même d’internet que de mettre des sites en lien les uns avec les autres.

des milliers de connexions

Mais au fait, comment cela se passe-t-il ? Comment faire des liens ? À quoi ça sert de faire des liens ? Sur son blog, Nicolas Friedli y consacre une page essentielle et incontournable pour qui veut bloguer comme il se doit. À lire absolument et plusieurs fois !

Le principal, c’est d’être en lien

Que ce soit par des contacts directs, par des outils de communication, par internet, par la prière, l’important est d’être lien, relié les uns aux autres et à Celui qui nous accompagne dans nos relations.

Boutons de chaîne hifi

Parfois, il est bon d’appuyer sur « Stop », de se connecter à nouveau à ce qui est essentiel, puis de presser sur « Play » pour repartir, tissant des liens entre personnes du dedans et du dehors de nos cercles paroissiaux, et entre blogs en relayant des publications qui nous ont parlé.

[Cet article est susceptible d’évoluer par vos commentaires]

Image par Pexels de Pixabay