Des valeurs communes

Si les noms des lieux d’accueil et d’engagement présentés lors de la Journée diaconale romande offrent une belle diversité, leur présentation a pu mettre en évidence des valeurs communes qui sont adaptées à la réalité de chacun qui traduisent l’amour du prochain en actes concrets.

Mes enfants, n’aimons pas seulement en paroles, avec de beaux discours ; faisons preuve d’un véritable amour qui se manifeste par des actes ! 1 Jean 3,18

Accueil large

On parle aussi d’accueil « inconditionnel » et sans jugement. Chacun-e est accueilli au-delà de son origine, de ses convictions, de ses croyances, de son orientation, de ses croyances et convictions. La seule condition est le respect réciproque.

Bénévolat actif

Ces lieux ne pourraient tout simplement pas fonctionner sans les engagements de femmes et d’hommes qui donnent de leur temps et de leurs compétences au service de l’autre (capacité d’écoute, empathie, compétences professionnelles). Ces bénévoles bénéficient de formations adéquates en lien avec la réalité de leurs engagements.

Réseautage

« L’union fait la force ! » Chaque lieu entretient des collaborations avec d’autres acteurs sociaux de la société (associations, autorités et services communaux) et peut ainsi orienter certaines demandes concrètes auprès de services professionnels (administration, CSP, Caritas).

Soutien alimentaire

La plupart des lieu offrent une aide alimentaire sous la forme de repas (parfois préparés conjointement avec les bénévoles et bénéficiaires), de bons d’achat ou la distribution de cabas ou de nourriture invendue des grandes surface, notamment grâce au concours de Table Suisse.

Pas de prosélytisme

Si ces lieux sont une volonté des Églises (certains ont été fondés par des paroisses ou des Églises), ils sont ouverts au plus grand nombre et ne cherchent pas à imposer une quelconque manière de croire. Au contraire, les autres confessions et religions sont vues comme des sources d’enrichissements. Tous ces lieux, même s’ils ne l’affichent pas dans leur nom, entretiennent une dimension œcuménique (c’est-à-dire une compréhension conjointe des Églises réformée, catholique-romaine, catholique chrétienne, évangélique).

Spiritualité

Si le prosélytisme est exclu de ces lieux, ils offrent des endroits (chapelle, temple) et des moments spirituels (célébrations, méditations) ouverts et parlant au plus grand nombre. Il y a aussi des possibilités d’accompagnements spirituels individuels pour qui le demandent.

 

En conclusion, les participant-es à la Journée Diaconale romande ont découvert une riche diversité dans l’unité d’une présence au nom d’un Dieu qui reconnaît, aime et accueille chacun sans distinction.

Lieux présentés lors de la Journée diaconale romande

La Journée diaconale romande a réuni les lieux d’accueil et d’engagements suivants :

Découvrez également des reportages vidéo :

Tous ces lieux partagent une même mission et des valeurs communes au nom de l’Évangile.

Journée diaconale romande 2024

Dans le prolongement des premières Assises diaconales romandes qui se sont tenues en 2021 autour des actions de services dans les Églises réformées de Suisse romande, un groupe de travail a mis sur pied une deuxième Journée diaconale romande autour de ce titre : « PrécaritéS. Lieux d’accueil et d’engagement ». Cette journée, organisée avec Diaconie Suisse a eu le 24 février dernier aux Jardins Divers de Lausanne.

Réunissant des responsables, animateurs et animatrices et bénévoles de lieux d’accueil en Suisse romande, cette rencontre a permis de faire connaissance, de mettre des visages sur des noms, de partager des préoccupations et des manières de faire et d’aborder des enjeux présents et futurs pour les Églises autour de l’accueil, la prise en charge des plus défavorisé-es et les partenariats possibles avec d’autres acteurs. Le CSP-Vaud en la personne de sa présidente, Mme Joerchel, a dressé un portrait des précarités et les moyens de l’accompagner et la soulager. Chacun a pu noter la disparité entre des besoins croissants et complexes et des ressources limitées. La présence remarquée de deux formateurs de l’Office protestant de la formation a mis en évidence la pertinence de visiter de tels lieux d’accueil et d’engagements en vue de ministères diaconaux à venir et pourquoi pas à inventer.

À lire : Vers un printemps de la diaconie ? – Diaconie Suisse (diakonie.ch)

La journée aurait pu se terminer sur un sentiment d’impuissance et de résignation. Mais, c’est tout le contraire : au travers des contacts établis, des initiatives et des présentations qui ont jalonné la journée, chacun a repris le chemin de retour avec le sentiment que l’union fait la force. Comme le souligne Jacqueline Lavoyer dans l’article de Diaconie Suisse : « Un vent de renouveau souffle sur la diaconie ».

L’émission de la RTS Mise au Point a consacré un reportage à l’Espace Solidaire Pâquis (présent lors de la Journée diaconale romande). On y découvre une réalité poignante aux côtés du pasteur Luis Velasquez.

À voir : Solidarité : les indispensables bénévoles (RTS-Mise au point 31.03.2024).

Et dans la ligne de ce reportage, Diaconie Suisse a publié un entretien avec le même pasteur Velasquez :

À lire : A Genève, un espace d’accueil inconditionnel – Diaconie Suisse (diakonie.ch).

En conclusion, je garde cette remarque du diacre Mario Giacomino :

La diaconie a besoin de l’Église, mais surtout l’Eglise (institution) elle aussi a besoin de la diaconie.

 

La Lanterne – Un accueil en ville

Lors du culte du Synode de l’Église réformée évangélique du Canton de Neuchâtel (EREN), ce mercredi 1er décembre, j’ai été installé dans mon poste d’aumônier de rue en Ville de Neuchâtel. Avec trois de mes collègues, Yvena, Sébastien et Anne-Pascale, nous avons été invités à dire quelques mots à propos de nos engagements respectifs. Je partage ce que j’ai dit à cette occasion.

Une lanterne est une lumière qui éclaire un peu le chemin qui est devant nous. C’est aussi un repère, la promesse d’une porte, peut-être ouverte sur un lieu hospitalier.

Au centre-ville de Neuchâtel, lorsque la lanterne est allumée devant la porte du lieu d’accueil de l’aumônerie œcuménique de rue, c’est l’invitation à s’arrêter, à entrer, à passer un moment, à discuter ce qui fait la vie, ce qui fait aujourd’hui; qu’il soit rayonnant, morose ou franchement sombre.

La Lanterne, c’est ce lieu « bistrot » où des bénévoles s’engagent pour accueillir habitués ou gens de passage. Ils m’accompagnent, moi l’aumônier responsable, chacun et chacune avec sa personnalité, pour accueillir, écouter et servir. Nous sommes soutenus par un comité engagé lui aussi.

La Lanterne, c’est une chapelle au coeur de la ville, où on prie les uns pour les autres, ou on se soutient.

J’aime ces deux piliers, le « bistrot » et la chapelle, parce qu’ils donnent du sens à mon engagement diaconal.

La Lanterne, c’est encore Yves Conne, animateur de rue bénévole, présent au plus près dans l’espace public. Une belle complicité nous unit pour être là, pour rejoindre et accompagner ceux et celles qui croisent notre route.

Une lanterne, c’est une lumière pour dire que la nuit n’est pas aussi profonde qu’on le croit.

Une lanterne qui fait qu’on peut retrouver l’espoir, parce qu’on est pas seul. Parce qu’on est tous une lumière.

Constantin Bacha a enregistré ce moment. Merci à lui.

Je vous invite encore à prendre le temps de lire la prédication de la pasteure Diane Friedli lors de ce même culte : Une Église aux prises avec le monde.

Image de couverture : Pixabay, Lars_Nissen

Premières Assises Diaconales Romandes

Relancer la diaconie en Suisse romande. Poser de premiers jalons. Se retrouver autour d’une table ronde pour partager expériences et rêves à l’échelle de la Romandie. Voilà quels étaient les buts des premières Assises Diaconales Romandes mises sur pied par le département Projets et Pratique de Diaconie Suisse qui se sont déroulées à Lausanne le 5 novembre dernier.

Une vingtaine de participant·es ont répondu à l’invitation lancée par Diaconie.ch, et plus précisément par Mmes Jacqueline Lavoyer-Bünzli et et Liliane Rudaz-Kagi, toutes deux membres romandes et bilingues de Diaconie Suisse et co-organisatrices de la journée. Parmi l’assistance, nombre de diacres venant des Églises francophones y compris celles de Suisse alémanique, mais aussi des pasteurs et théologiens, des laïcs engagés et intéressés.

Assises diaconales romandes

Voir le programme de la journée : Assises Diaconales Romandes (1re édition).

La rencontre s’est ouverte sur une conférence de Mme Trotta, modératrice de l’Église vaudoise du Piémont. À entendre tout ce que porte cette Église minoritaire et à vocation profondément diaconale, au service de la population, on en est presque jaloux. Jaloux, de notre timidité, de notre petitesse, de nos moyens, de nos ressources. Mais est-ce bien d’être jaloux ? Ne devrait-on pas plutôt s’inspirer de ce qu’accompli cette Église et de l’adapter à notre mesure ? Mieux encore, rêver une Église diaconale, ou plutôt des Églises diaconales en Suisse, avec notre spécificité forcément plurielle. Les échanges qui ont suivi la conférence, traduite en direct, ont été nourris et stimulants.

Rêver l’Église

Des discussions en groupes se sont voulues ouvertes au rêves pour nos Églises, pour la diaconie, pour nos engagements. Mais, on le constate assez vite: si on est invité à rêver, la réalité de notre présent nous limite forcément. Soit on coupe (un peu) l’élan, pour retomber sur le manque de moyens et de ressources, les limites du possible et des envies… Et on ne rêve plus! Soit, on fait abstraction du réel, et on se convainc que cela restera du rêve !

Lors du partage en plénum, une remarque fuse : « Merci, mais il me semble que cela fait longtemps qu’on dit cela… Et pourtant, rien n’a vraiment changé ! » Constat réaliste s’il en est! Mais cela n’interdit pas de faire bouger les choses là où nous sommes, de nous inspirer de ce qui se fait (déjà) ailleurs, de réfléchir ensemble.

Livre, Chien, Les Contes De Fées, Enfant
Pixabay Image de Comfreak

Une couleur romande

On est aussi tombé d’accord pour constater que Diaconie Suisse, si elle a déjà beaucoup travaillé sur des projets et des concepts, ceux-ci correspondent à une vision « alémanique » du service au prochain, avec des spécificités que la Suisse romande ne connaît pas forcément. Cela résonne d’autant plus pour moi qui travaille à temps partiel dans la partie francophone de l’Église bernoise.

S’il y a bien l’Association diaconale romande qui devait jouer ce rôle de plateforme d’échange et de promotion de la diaconie de ce côté de la Sarine, force est de constater que cette association est sur le point de disparaître sous sa forme actuelle, pour rejoindre, sans doute, Diaconie Suisse, avec un vrai intérêt et un vrai engagement à la vision romande de la diaconie. Les organisatrices de cette journée s’y sont engagées.

Page d'accueil de diaconat.ch
page d’accueil du site diaconat.ch consultée le 17.11.2021 – Cliquez sur l’image pour accéder au site.

Et maintenant ?

Souffler sur les braises pour rallumer le feu (sacré), c’est bien. Mais que faire pour que le feu ne s’éteigne pas à défaut de l’entretenir ? Une rencontre annuelle pourrait devenir la norme, avec un thème différent à chaque fois. On évitera aussi de multiplier les séances de travail, car nous avons tous des agendas débordants.

Un projet nous est présenté, celui des communautés bienveillantes ou caring  communities. Il s’agit de la mise en commun bienveillante d’individus, d’acteurs sociaux, politiques, associatifs, paroissiaux qui s’unissent pour prendre soin de petites communautés à l’échelle d’un quartier, offrant aides, soutiens, attention et ressources aux besoins exprimés des personnes. Si je comprends bien la démarche, il ne s’agit plus d’être dans l’offre de prestations (prenez ce que nous vous proposons), mais à l’écoute des besoins de la base pour y répondre de manière coordonnée et ajustée (dites-nous ce dont vous avez besoin). Une paroisse pourrait, par exemple, s’inscrire dans un tel projet en mettant à disposition des locaux (salle de paroisse, cure), des bénévoles (visiteurs et visiteuses), des événement conviviaux (repas, rencontres)…

Nous sommes repartis reconnaissant·es d’avoir pu vivre des retrouvailles avec des collègues plus ou moins proches, plus ou moins connus; d’avoir pu lier contact. Reconnaissants aussi que la Suisse romande ne soit pas oubliée dans les réflexions et délibérations de la faîtière Diaconie Suisse; de pouvoir compter sur les engagements et les voix de Jacqueline et Liliane pour rappeler que nous existons.

Lire : l’article de Lucas Vuilleumier de ProtesInfo : Le « faire » et le « care » si nécessaires.

Le présent et l’avenir de nos ministères sont entre nos mains, mais pas que. Il y a bien évidemment les Églises et paroisses qui nous emploient. Il vaut sans doute la peine de leur rappeler que la diaconie n’est pas une option. Il y a nos partenaires, les bénévoles notamment, qui portent aussi la diaconie au travers de leur soin porté et tourné aux autres. Il y a aussi et surtout Celui qui nous accompagne au jour le jour dans nos engagements, Celui en qui nous mettons notre confiance et notre espérance. Sans tomber dans la naïveté, je crois qu’à Dieu seul la gloire!