Une expérience de formation

Si, dans l’organisation du catéchisme, il y a des professionnel·les, il y a aussi de jeunes monitrices et moniteurs qui s’engagent lors des activités, week-ends et camps. Ces jeunes ont suivi tout un parcours catéchétique pour certains, d’autres l’ont rejoint à un moment ou à un autre. Après la fin de l’année de caté, ils et elles ont souhaité poursuivre leur engagement.

Tout ne s’arrête pas à la fin du caté

Les paroisses de la BARC et du Joran bénéficient d’un groupe de jeunes nommé L’Étoile animé par l’animateur Jeunesse Antoine Staffelbach. Des rencontres régulières permettent aux jeunes de se retrouver autour d’activités diverses ou de repas. Ce sont des occasions d’aborder des questions qui les concernent et de leur offrir une écoute et de les accompagner dans ces moments souvent importants de l’adolescence : choix de formation, spiritualité, situation familiale et autres.

Se former, ça aide

Un autre aspect est la formation de monitrices ou moniteurs qui est dorénavant organisée au plan cantonal dans l’EREN. Ces jeunes, dont certain·nes ont terminé le caté l’année dernière se forment à prendre des responsabilités dans l’accompagnement et l’animation de groupe et la prise de parole en public. Les sessions de formation permettent des échanges d’expériences entre moniteurs en formation issus d’autres paroisses. Ce qui est une plus-value indéniable. La formation est validée par un travail de diplôme que chaque candidat doit produire lors d’une rencontre sous la supervision d’un·e professionnel·le.

Ce diplôme et les engagements sont de vrais plus dans un CV, surtout à une étape de la vie des jeunes où les expériences professionnelles sont encore rares, ce qui est normal étant donné leur âge.

Un compagnonnage

J’apprécie beaucoup les contacts avec ces garçons et filles, leur engagement, leur disponibilité malgré des emplois du temps souvent bien remplis. Car, on s’en doute, il n’est pas aisé de concilier formation, vie professionnelle, activités de loisirs et caté. Et pourtant, ceux et celles qui s’engagent y parviennent. J’aime aussi apprendre à leur contact, accueillir parfois aussi des questionnements profonds, des réflexions et être le témoin privilégié d’un cheminement intérieur.

Elles et ils sont (déjà) l’Église

On a coutume de dire que les jeunes sont l’avenir de l’Église, mais nous sommes plusieurs – beaucoup ? – à prétendre qu’ils et elles sont le présent, même s’ils et elles ne sont pas des fidèles des cultes et activités paroissiales, ce qu’ils et elles vivent en groupe et nous font partager nous montrent toute la richesse de leurs personnalités. Merci à chacune et chacun.

Des univers de jeu

Le catéchisme, tel que nous le pratiquons dans les paroisses de la BARC et du Joran, repose sur le jeu. Il faut comprendre la mise en scène, l’entrée dans des univers où personnages et références sont connus des jeunes. Cela a l’avantage de les accrocher à quelque chose qui leur est familier. Ils sauront ainsi mieux se projeter. C’est certainement moins intimidant que d’aborder frontalement un texte biblique.

Bienvenue dans notre univers

Les deux camps que j’ai vécus nous ont fait entrer dans l’univers de la bande dessinée puis de l’espionnage. De prime abord, on se dit qu’il y a peu de concordances entre ces thèmes et la Bible. Et pourtant. À chaque fois, et pour chaque animation, nous avons trouvé des références bibliques qui nous interrogeaient sur soi, son rapport aux autres et à Dieu, tout en étant pleinement en lien avec les références du camp.

Un autre camp d’été en préparation reprendra les codes de la saga Harry Potter. Les jeunes y retrouveront des incontournables, mais nous avons aussi détourné certains éléments pour y introduire des figures bibliques, des questions en lien avec les valeurs de l’Évangile, l’enseignement du Christ. C’est là que l’intelligence collective (et un peu soutenue par l’artificielle, avouons -le) prend tout son sens.

On pourra lire quelques textes de ma collègue Diane Friedli à ce sujet dont le premier : Harry Potter au catéchisme.

Une conviction

Nous avons coutume de dire que le Christ peut faire irruption dans toutes les dimensions de l’existence humaine et qu’il peut aussi venir habiter ces moments de jeux et de camp auxquels nous participons. Nous sommes convaincus que ce qui se joue au travers de nos activités, c’est d’abord la relation, aux autres, à soi et à Dieu au travers des textes que nous découvrons. D’ailleurs, les réactions et les échos des jeunes, tout comme les contributions personnelles qu’ils produisent nous montrent qu’ils ont bien compris la démarche et nous (leur) en sommes très reconnaissants.

Par la petite porte

Entrer dans des univers peu ou pas connus peut être intimidant au départ, et même pour nous qui mettons le camp sur pied. J’avoue que je n’étais pas un « spécialiste » des films d’espionnage, encore moins féru de Harry Potter. Et pourtant, au fur et à mesure, je me suis pris au jeu, laissé embarquer, me suis documenté, afin d’en savoir un peu plus, j’ai créé et habité mon personnage fictif. Et mes collègues ont été d’un grand secours et d’un soutien essentiel. Je leur en suis très reconnaissant également.

L’intelligence collective

Cela fait deux ans maintenant que je suis engagé dans le catéchisme des adolescents. Peu habitué à ce public, j’ai pu compter sur des collègues engagés et motivés qui ont trouvé les moyens de me faire me sentir bien. Parmi les bienfaits que j’en retire, je retiens l’intelligence collective.

Un travail d’équipe

Chaque année, une équipe prépare rencontres, week-end et camp qui jalonnent l’année scolaire. L’incontournable est le camp de l’Ascension. Chaque année, nous cherchons ensemble un thème qui nous reliera à des enjeux bibliques et théologiques. Le camp devient un univers de jeu où chacun adopte un rôle, joue un personnage lors de mises en scène. Ce type d’animation permet aussi de faire un peu d’introspection : qu’est-ce que ce personnage que je joue m’apprend sur moi-même ?

La préparation d’un tel camp demande de l’investissement individuel et collectif. Car, même s’il existe du matériel, il s’agit de l’adapter, le mettre au goût du jour, créer de nouvelles séquences. Et ce que je retiens, c’est bien l’intelligence collective. Chacun entre dans le thème par une porte qui lui est propre, avec ses connaissances, ses attentes, ses envies, son « bagage », son âge. Il y a encore une liberté assez grande d’habiter son personnages et son rôle.

Personne ne sait tout… Et tant mieux !

Je crois que personne ne sait tout de la thématique, mais la mise en commun de savoirs et de compétences permet de grandir ensemble et de nous mettre aussi à l’écoute des besoins, questions et envies des jeunes que nous accompagnons. Le camp se construit ainsi peu à peu en amont et continue d’évoluer pendant son déroulement, car si les grandes lignes sont écrites, il y a toujours une once d’imprévu qui vient nous questionner et orienter une suite possible.

Notre intelligence collective est nourrie aussi par l’intelligence artificielle, car, pourquoi se priver de cet outil devenue omniprésent ? Mais, il s’agit d’appréhender les résultats d’un regard critique. Et c’est encore un exercice d’intelligence collective.

Source d’apprentissage

Un proverbe l’affirme : « Seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin ». Depuis deux ans au catéchisme, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de vérifier la pertinence de ces mots. À l’heure de l’individualisme croissant et la mise en avant de ses propres mérites et qualités, comme c’est bon de pouvoir compter les uns sur les autres.

La Lanterne – Un accueil en ville

Lors du culte du Synode de l’Église réformée évangélique du Canton de Neuchâtel (EREN), ce mercredi 1er décembre, j’ai été installé dans mon poste d’aumônier de rue en Ville de Neuchâtel. Avec trois de mes collègues, Yvena, Sébastien et Anne-Pascale, nous avons été invités à dire quelques mots à propos de nos engagements respectifs. Je partage ce que j’ai dit à cette occasion.

Une lanterne est une lumière qui éclaire un peu le chemin qui est devant nous. C’est aussi un repère, la promesse d’une porte, peut-être ouverte sur un lieu hospitalier.

Au centre-ville de Neuchâtel, lorsque la lanterne est allumée devant la porte du lieu d’accueil de l’aumônerie œcuménique de rue, c’est l’invitation à s’arrêter, à entrer, à passer un moment, à discuter ce qui fait la vie, ce qui fait aujourd’hui; qu’il soit rayonnant, morose ou franchement sombre.

La Lanterne, c’est ce lieu « bistrot » où des bénévoles s’engagent pour accueillir habitués ou gens de passage. Ils m’accompagnent, moi l’aumônier responsable, chacun et chacune avec sa personnalité, pour accueillir, écouter et servir. Nous sommes soutenus par un comité engagé lui aussi.

La Lanterne, c’est une chapelle au coeur de la ville, où on prie les uns pour les autres, ou on se soutient.

J’aime ces deux piliers, le « bistrot » et la chapelle, parce qu’ils donnent du sens à mon engagement diaconal.

La Lanterne, c’est encore Yves Conne, animateur de rue bénévole, présent au plus près dans l’espace public. Une belle complicité nous unit pour être là, pour rejoindre et accompagner ceux et celles qui croisent notre route.

Une lanterne, c’est une lumière pour dire que la nuit n’est pas aussi profonde qu’on le croit.

Une lanterne qui fait qu’on peut retrouver l’espoir, parce qu’on est pas seul. Parce qu’on est tous une lumière.

Constantin Bacha a enregistré ce moment. Merci à lui.

Je vous invite encore à prendre le temps de lire la prédication de la pasteure Diane Friedli lors de ce même culte : Une Église aux prises avec le monde.

Image de couverture : Pixabay, Lars_Nissen

Premières Assises Diaconales Romandes

Relancer la diaconie en Suisse romande. Poser de premiers jalons. Se retrouver autour d’une table ronde pour partager expériences et rêves à l’échelle de la Romandie. Voilà quels étaient les buts des premières Assises Diaconales Romandes mises sur pied par le département Projets et Pratique de Diaconie Suisse qui se sont déroulées à Lausanne le 5 novembre dernier.

Une vingtaine de participant·es ont répondu à l’invitation lancée par Diaconie.ch, et plus précisément par Mmes Jacqueline Lavoyer-Bünzli et et Liliane Rudaz-Kagi, toutes deux membres romandes et bilingues de Diaconie Suisse et co-organisatrices de la journée. Parmi l’assistance, nombre de diacres venant des Églises francophones y compris celles de Suisse alémanique, mais aussi des pasteurs et théologiens, des laïcs engagés et intéressés.

Assises diaconales romandes

Voir le programme de la journée : Assises Diaconales Romandes (1re édition).

La rencontre s’est ouverte sur une conférence de Mme Trotta, modératrice de l’Église vaudoise du Piémont. À entendre tout ce que porte cette Église minoritaire et à vocation profondément diaconale, au service de la population, on en est presque jaloux. Jaloux, de notre timidité, de notre petitesse, de nos moyens, de nos ressources. Mais est-ce bien d’être jaloux ? Ne devrait-on pas plutôt s’inspirer de ce qu’accompli cette Église et de l’adapter à notre mesure ? Mieux encore, rêver une Église diaconale, ou plutôt des Églises diaconales en Suisse, avec notre spécificité forcément plurielle. Les échanges qui ont suivi la conférence, traduite en direct, ont été nourris et stimulants.

Rêver l’Église

Des discussions en groupes se sont voulues ouvertes au rêves pour nos Églises, pour la diaconie, pour nos engagements. Mais, on le constate assez vite: si on est invité à rêver, la réalité de notre présent nous limite forcément. Soit on coupe (un peu) l’élan, pour retomber sur le manque de moyens et de ressources, les limites du possible et des envies… Et on ne rêve plus! Soit, on fait abstraction du réel, et on se convainc que cela restera du rêve !

Lors du partage en plénum, une remarque fuse : « Merci, mais il me semble que cela fait longtemps qu’on dit cela… Et pourtant, rien n’a vraiment changé ! » Constat réaliste s’il en est! Mais cela n’interdit pas de faire bouger les choses là où nous sommes, de nous inspirer de ce qui se fait (déjà) ailleurs, de réfléchir ensemble.

Livre, Chien, Les Contes De Fées, Enfant
Pixabay Image de Comfreak

Une couleur romande

On est aussi tombé d’accord pour constater que Diaconie Suisse, si elle a déjà beaucoup travaillé sur des projets et des concepts, ceux-ci correspondent à une vision « alémanique » du service au prochain, avec des spécificités que la Suisse romande ne connaît pas forcément. Cela résonne d’autant plus pour moi qui travaille à temps partiel dans la partie francophone de l’Église bernoise.

S’il y a bien l’Association diaconale romande qui devait jouer ce rôle de plateforme d’échange et de promotion de la diaconie de ce côté de la Sarine, force est de constater que cette association est sur le point de disparaître sous sa forme actuelle, pour rejoindre, sans doute, Diaconie Suisse, avec un vrai intérêt et un vrai engagement à la vision romande de la diaconie. Les organisatrices de cette journée s’y sont engagées.

Page d'accueil de diaconat.ch
page d’accueil du site diaconat.ch consultée le 17.11.2021 – Cliquez sur l’image pour accéder au site.

Et maintenant ?

Souffler sur les braises pour rallumer le feu (sacré), c’est bien. Mais que faire pour que le feu ne s’éteigne pas à défaut de l’entretenir ? Une rencontre annuelle pourrait devenir la norme, avec un thème différent à chaque fois. On évitera aussi de multiplier les séances de travail, car nous avons tous des agendas débordants.

Un projet nous est présenté, celui des communautés bienveillantes ou caring  communities. Il s’agit de la mise en commun bienveillante d’individus, d’acteurs sociaux, politiques, associatifs, paroissiaux qui s’unissent pour prendre soin de petites communautés à l’échelle d’un quartier, offrant aides, soutiens, attention et ressources aux besoins exprimés des personnes. Si je comprends bien la démarche, il ne s’agit plus d’être dans l’offre de prestations (prenez ce que nous vous proposons), mais à l’écoute des besoins de la base pour y répondre de manière coordonnée et ajustée (dites-nous ce dont vous avez besoin). Une paroisse pourrait, par exemple, s’inscrire dans un tel projet en mettant à disposition des locaux (salle de paroisse, cure), des bénévoles (visiteurs et visiteuses), des événement conviviaux (repas, rencontres)…

Nous sommes repartis reconnaissant·es d’avoir pu vivre des retrouvailles avec des collègues plus ou moins proches, plus ou moins connus; d’avoir pu lier contact. Reconnaissants aussi que la Suisse romande ne soit pas oubliée dans les réflexions et délibérations de la faîtière Diaconie Suisse; de pouvoir compter sur les engagements et les voix de Jacqueline et Liliane pour rappeler que nous existons.

Lire : l’article de Lucas Vuilleumier de ProtesInfo : Le « faire » et le « care » si nécessaires.

Le présent et l’avenir de nos ministères sont entre nos mains, mais pas que. Il y a bien évidemment les Églises et paroisses qui nous emploient. Il vaut sans doute la peine de leur rappeler que la diaconie n’est pas une option. Il y a nos partenaires, les bénévoles notamment, qui portent aussi la diaconie au travers de leur soin porté et tourné aux autres. Il y a aussi et surtout Celui qui nous accompagne au jour le jour dans nos engagements, Celui en qui nous mettons notre confiance et notre espérance. Sans tomber dans la naïveté, je crois qu’à Dieu seul la gloire!