Bonne année… Quand même !

Difficile d’adresser des vœux de bonne et heureuse année en ces temps où des conflits armés larvent notre monde, et pas qu’en Ukraine, où des menaces de pénurie incitent à la sobriété (fût-elle heureuse), où un virus fait encore parler de lui et tout cela sur fond de réchauffement climatique. N’est-ce pas naïf de croire que 2023 sera bonne et heureuse, meilleure que 2022 ? Les échos du monde nous incitent plutôt à la résignation voire au désespoir. Et pourtant !

Depuis quelques jours, une parole résonne en moi et m’accompagne. Je vous la partage. Elle vient de la lettre aux Hébreux :

La foi est une manière de posséder déjà ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités que l’on ne voit pas.
Hébreux 11, 1.

Tout se joue dans le « déjà ». La confiance en Dieu – ce que désigne la foi – est ce regard porté sur aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’un vague espoir pour demain ou après-demain, ni prier pour un monde meilleur,  pas plus qu’une illusion en un « paradis » à venir. Cette confiance en Dieu me conduit à considérer maintenant déjà que les promesses de Dieu sont réalisées et que nous en sommes les heureux destinataires.

Mais, il ne s’agit pas pour autant de nier l’évidence, ressemblant à ces trois singes dont l’un se bouche les yeux, un autre les oreilles et le dernier la bouche et se réfugier dans une bulle hors du temps, hors du monde, en attendant que ça passe. Je crois qu’au contraire, nous avons à être lucides, gardant les yeux et les oreilles grands ouverts et notre bouche prête à partager cette espérance qui nous anime, nous qui plaçons notre confiance en ce Dieu qui veut le meilleur pour chacun·e.

J’emprunte une image à Marc Pernot (Espérance véritable ou « poudre aux yeux » ?) : regardons un champ dont la terre semble desséchée. Sait-on seulement ce qu’il y a en dessous ? A-t-on idée des graines qui sont en train de germer, de faire leurs racines, traçant leur chemin vers cette terre nourricière, de la vie cachée ? Et quand la première pousse verte et vigoureuse apparaît au grand jour, il y a déjà tout un processus qui a commencé bien avant. Et si, au milieu des mille et une raisons de désespérer aujourd’hui, il n’y en avait qu’une seule de croire à cette espérance tenace en un présent et un avenir, aujourd’hui déjà, alors cela en vaut la peine !

L’espérance consiste à délibérément chercher et discerner ce qui est prometteur dans notre être, dans notre monde : un quelque chose de vivant, ou un processus ou une source qui a fait naître de la vie en supplément dans notre existence, ou de la paix, ou un certain bonheur, simplement du mieux.
Marc Pernot, pasteur, Espérance véritable ou « poudre aux yeux » ? (jecherchedieu.ch)

Bien sûr, on pourra me répondre que c’est une manière – certainement naïve – de se rassurer. Et bien, pour moi, c’est la voie que je choisis aujourd’hui, pour ne pas désespérer de ce que je vois et lis dans les médias. Et tout comme le paysan qui a semé, nous avons chacune et chacun en nos mains des graines d’espérance que nous pouvons semer à notre tour et dès aujourd’hui dans le terreau de nos vies à toutes et tous. Nous pourrions ainsi être étonnés et nous émerveiller des beautés qui s’offrent à nous, des instants de pure joie, des rencontres vraies et sincères, des horizons qui se dégagent.

Dans un autre billet de ce blog, j’ai suggéré que nous sommes enceints de Dieu, porteurs et porteuses de cette espérance qui ne vient pas que de nous. Et rien à voir avec la biologie qui laisserait ce privilège aux seules femmes, car en chacune et en chacun aussi croît cette force qui ne cesse de nous appeler à la vie, même si nous n’en avons pas toujours conscience. Car, parfois, la maladie, la solitude ou la dépression nous empêchent d’y être attentifs, jetant un voile sur nos yeux, mais elle est là, quand même et malgré tout, cette force.

Dans cette confiance que nous ne voyons pas tout, que nous ne maîtrisons pas tout, que Dieu veille et agit pour le bien de chacun·e et qu’il nous fait confiance à son tour, je vous adresse mes meilleurs vœux pour une bonne et heureuse année, animé·es  déjà de cette espérance qui vient de Dieu.

Image par Myriams-Fotos de Pixabay

 

En chemin

Je viens de terminer la lecture du livre L’Évangile en chemin écrit par la pasteure Hetty Overeem. C’est un livre de vacances, à n’en point douter. Cette pasteure a sillonné les routes du Canton de Vaud avec un chien, un âne, un tipi, une roulotte. Son livre renferme de très belles réflexions entre la marche et ses préparatifs, les rencontres et l’Évangile.

En route

En lisant ces pages, j’ai pris conscience, et encore plus, que la Bonne Nouvelle (l’Évangile) nous met en route. Pas besoin de disposer d’une roulotte, d’une caravane, d’un âne. Notre corps et notre esprit suffisent amplement. L’Évangile nous déplace, nous questionnant, interrogeant nos certitudes, alimentant nos discussions. L’Évangile n’est pas d’abord un livre de réponses qui serait le but ultime de notre marche dans le monde, mais un livre de questions qui nous ouvre un chemin que chacun parcourra à son rythme, et dont le but est de vivre le plus en adéquation possible avec ces valeurs portées par cet Évangile, justement.

Invitation

Cet été, nous irons peut-être marcher, ou ferons-nous du camping ? Nous nous mettrons en route vers des horizons encore inconnus. Et même si nous restons à la maison, rien ne nous empêchera de nous mettre en chemin vers nous-mêmes, vers notre prochain, vers Dieu, en prenant pour seul bagage l’Évangile, tout à la fois carnet de route, carte et boussole.

Bel été et bonne route.

Retrouvez une émission de Radio R avec Hetty Overeem du 16.09.2021

Hetty Overeem: Et si on se mettait à l’écoute de Dieu?! – RADIO R (radio-r.ch)

Ce texte est paru sous la forme d’un Instantané dans le Courrier de La Neuveville du 1er juillet 2022.

Image par Aurore Duwez de Pixabay 

 

Qu’attendez-vous ?


Prédication lors de la célébration oecuménique sur la Place de la Liberté de La Neuveville le dimanche 26 juin 2022. La thématique retenue était l’attente : « Vous êtes attendus », telle était l’invitation donnée largement ce jour-là.

« Et vous, qu’attendez-vous de moi ? » C’est la question que j’ai posée à mes collègues lors de la préparation de cette célébration oecuménique. Pour toute réponse, il y a d’abord eu un long silence. Puis, cette proposition : « Et si tu nous parlais des attentes de Dieu ? » Merci les collègues ! La réponse à cette question n’était de loin pas évidente. Et j’aurais pu lire des livres de théologie, pour tenter d’esquisser une réflexion sans doute compliquée. Mais j’ai préféré puiser quelques pistes à partir de mes expériences vécues, et notamment de mon engagement à La Lanterne, l’aumônerie de rue oecuménique en Ville de Neuchâtel. Et en y réfléchissant, il m’est venu ce texte biblique :

Jésus savait que le Père avait tout remis entre ses mains, qu’il était venu de Dieu et qu’il retournait vers Dieu. Il se leva de table, quitta ses vêtements et prit un linge qu’il mit autour de sa taille. Ensuite il versa de l’eau dans un bassin et il commença à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait autour de la taille (…)

Après leur avoir lavé les pieds, il reprit ses vêtements, se remit à table et leur dit : Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous avez raison, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres, car je vous ai donné un exemple afin que vous fassiez comme je vous ai fait. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé. Si vous savez cela, vous êtes heureux, pourvu que vous le mettiez en pratique.

Évangile de Jean 13, 3-5.12-17

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Unité et solidarité

Demain, lundi 18 janvier, s’ouvre la traditionnelle Semaine de prière pour l’Unité des chrétiens, portée cette année par la Communauté de Grandchamp. Un récent post sur Facebook montre que les sœurs ont été, elles aussi, contraintes à revoir les projets de cette semaine à cause de la situation sanitaire.

Demain, lundi 18 janvier, resteront fermées les portes de nombreux magasins dits non-essentiels (c’est un peu la jungle pour s’y retrouver ! Merci, Heidi news de faire le point). Tantôt excédés, tantôt résignés, les principaux intéressés se sont fait une raison. Pas le choix ! Tous espèrent que les aides financières seront à la hauteur des sacrifices consentis. Quand j’entends qu’à l’horizon de mars, et si rien n’est fait, près de la moitié des établissements publics ne rouvriront pas, j’en reste bouche bée. 

Une couleur particulière

Cette année, sans doute plus que toute autre, la Semaine de l’Unité prendra pour moi, pour vous, pour nous, la couleur de la Solidarité. Solidarité avec celles et ceux qui se voient privés de travail, de revenus, de clients. Mais, et c’est encourageant aussi, assez pour le relever, la plupart feront preuve de créativité et d’imagination pour remettre l’ouvrage sur le métier, sur les réseaux sociaux et sur internet. Ils livreront ou transformeront les magasins en points de retrait ; ce qu’ils avaient déjà fait au printemps dernier.

Actuellement, rien n’interdit le maintien des célébrations religieuses, toujours limitées à 50 personnes. On peut s’en étonner, alors que la limite de rassemblement a été ramenée à 5 un peu partout. À croire que les Églises ne sont pas un peu partout. Alors, si nos communautés pourront se retrouver le dimanche pour célébrer le culte ou la messe, nous y mettrons une couleur particulière, une pensée solidaire, une prière communautaire, un geste concret ou symbolique pour tous ceux et toutes celles qui n’ont pas ce privilège. S’il y a les restaurateurs, il y a aussi tous les acteurs des milieux culturels, sportifs, de loisirs qui devront laisser encore un mois durant une pancarte « FERMÉ ».

Une invitation… Des invitations

Pendant la semaine à venir, nous sommes invités à prier. Prier pour l’unité des chrétiens. L’appel avait été lancé à une époque où le coronavirus était un mot inconnu, tout comme ses effets sur nos rencontres, nos relations et nos activités. Aujourd’hui, nous sommes toujours, et plus que jamais, appelés à perpétuer cet appel, à y répondre, non pas janvier après janvier, mais tous les jours. Encore plus, en cette année.

Prier pour l’unité, oui. Mais prier et agir pour la solidarité, aussi et surtout. Cette solidarité déborde de nos murs d’Églises pour rejoindre celles et ceux qui souffrent aujourd’hui dans leur corps, dans leur moral, dans leur espoir d’un avenir sinon meilleur, du moins envisageable. On peut prier pour que le virus fiche le camp. On peut aussi dire quelques mots de soutien à un libraire local. On peut prier pour que les chrétiens restent fidèles à l’appel du Christ. On peut aussi remercier cette infirmière qui est au bout du rouleau, mais qui continue. On peut prier pour la paix dans le monde. On peut aussi faire en sorte qu’autour de soi, il y ait de vraies relations empreintes d’humanité et non de peur. On peut prier bien au chaud dans son salon avec une musique douce. On peut aussi sortir et aller à la rencontre de ceux qui tournent en rond en ville, parce que tout ou presque est fermé. On peut rendre grâce pour tout le confort qui est le nôtre. On peut aussi faire un don à une œuvre pour aider ici ou ailleurs celui et celle qui n’a pas de toit.

Porter du fruit

Demain, lundi 18 janvier, nous serons beaucoup à prier autour du thème « Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance » – Paroles du Christ. J’espère que nous serons tout autant voire plus à faire un geste, petit ou grand qu’importe. Un geste qui dira qu’Unité et Solidarité sont les deux pieds qui nous font avancer sur nos routes humaines au nom de l’amour du prochain. Un amour tout humain. Un amour qui pousse à donner. Un amour aux grands effets. Donner du fruit, et en abondance, pour nourrir, pour encourager, pour faire du bien, pour partager et pour dire qu’on n’est pas seul. Pour qu’Unité et Solidarité ne soient jamais réduits à des mots cachés dans un dictionnaire, mais des raisons de ne pas désespérer. Des raisons de vivre, tout simplement.