Alerte ! Vigilance

Prédication du culte du 11 août à La Blanche-Église de la Neuveville

Textes bibliques : Psaumes 130 (129) et Évangile de Luc 12, 35-40.

Chers Amis, frères et sœurs,

J’espère que vous resterez éveillés tout le temps de ma méditation de ce matin.

Un test de personnalité

Il y a quelque temps, profitant, ou plutôt subissant, un après-midi caniculaire, je me suis prêté à un test de personnalité, comme on en trouve dans les journaux de vacances. Le titre était prometteur : à quel animal ressemblez-vous?

Avant de commencer, j’avais bien une petite idée, mais je voulais en avoir le cœur net. Le résultat m’a surpris. Moi qui me voyais bien « chat », parce que je suis plutôt casanier, indépendant et solitaire, avec des nuances, évidemment. Voilà que le test fini, je me découvre « oiseau » ou « papillon ». Épris de liberté, de légèreté et curieux de nouveaux horizons.

Ça me va bien aussi. Cette image, en effet, laisse entrevoir le vent qui souffle dans ma vie et me porte, le vent, souffle de Dieu.

Et vous, comme ça, sans réfléchir trop longtemps, à quel animal ressembleriez-vous ? Je vous laisse la réponse tant elle est personnelle.

À quel animal ressemble le disciple?

Je me suis encore demandé, en méditant la parabole de Jésus à propos de ces serviteurs, à quel animal le croyant, disciple du Christ, pouvait bien ressembler. Il m’est alors venu le suricate. Cet animal qu’on appelle aussi « sentinelle du désert ».

Au milieu du groupe, il y en a toujours qui font le guet, dressés sur leurs pattes arrières et scrutant l’horizon, attentifs au moindre danger. Ils sont là pour assurer la sécurité du groupe. À l’approche d’un danger, un cri, un aboiement de la « sentinelle » et tout le monde se met à l’abri.

Dans la « parabole de la vigilance », comme on l’appelle, Jésus invite ses disciples à ressembler à des serviteurs-sentinelles, à des suricates, toujours sur le qui-vive, prompts à ouvrir la porte à l’arrivée de leur maître, que ce soit à midi, à minuit ou à trois heures du matin. À garder la maison contre les voleurs potentiels ou encore à guetter les premières lueurs du jours. Prêts à accueillir le Seigneur dans notre vie, à n’importe quel moment, sans doute au plus inattendu, voilà l’appel qui nous est adressé, à nous aujourd’hui.

Ne pas s’endormir. Veiller, toujours veiller

Mais alors, n’y aurait-il point de repos possible pour les braves que nous sommes ?

C’est vrai qu’ils sont nombreux dans la Bible, ces appels à ne pas s’assoupir, à veiller, coûte que coûte, car nul ne sait quand le maître arrivera.

Le maître, le voleur ou encore l’époux sont autant de manières de parler du retour de Jésus-Christ, Fils de l’homme, envoyé de Dieu. Un retour fixé par Dieu, et par lui seul.

C’est bien là que réside le problème : nul ne connaît, sinon Dieu seul, le temps fixé du retour du Fils de l’homme. Ce peut être dans très longtemps, comme aujourd’hui même.

En disant cette parabole, Jésus veut préparer ses auditeurs à considérer son retour dans une attente patiente et vigilante. Une attente de chaque jour. Sera-t-elle brève ou longue, cette attente ? Le savait-il d’ailleurs lui-même ?

Jésus n’est pas un astrologue qui apprendrait à lire dans les étoiles, ou dans une boule de cristal, la date de l’avènement de son retour.

Certains s’y sont essayé. Ils se sont tous trompés.

Les temps changent… Aujourd’hui déjà.

Comme sa venue peut arriver à n’importe quel moment, nous avons à nous y attendre… à n’importe quel moment ! Et à nous tenir prêts. Prêts à quoi, d’ailleurs ?

Écoutons le poème :

J’espère le Seigneur de toute mon âme ; je l’espère, et j’attends sa parole.Mon âme attend le Seigneur plus qu’un veilleur ne guette l’aurore. Plus qu’un veilleur ne guette l’aurore, attends le Seigneur, Israël. Oui, près du Seigneur, est l’amour ; près de lui, abonde le rachat. C’est lui qui rachètera Israël de toutes ses fautes.

Psaume 130 (129)

Attendre l’aurore, qui est l’annonce d’un aujourd’hui où l’amour et le pardon rendent à nouveau tout possible. C’est le signe d’un commencement où le passé n’est plus à porter, mais où un avenir est désormais ouvert.

Ainsi, on pourra s’attendre chaque jour à ce que nos habitudes, nos certitudes, nos sécurités soient bousculées. À l’image de ce maître qui se met à servir ses serviteurs. Du jamais vu ! Et pourtant… C’est pourtant le signe que quelque chose est en train de changer dans nos existences.

La vie et le monde prennent soudain un tour différent, où la logique du gain, du succès et de l’individualisme est renversée pour être remplacée par l’amour du prochain et le service au prochain, où nous sommes, nous d’abord, des serviteurs, parce que Dieu nous fait confiance et nous embauche à son service, là où nous sommes, avec nos forces. Il ne s’agit pas d’être des héros de la foi. Faisons avec ce que nous sommes, tout simplement.

Ainsi, en guettant les signes que le Seigneur vient lui-même semer dès aujourd’hui dans nos vies, dans nos rencontres, dans nos cœurs, nous ressemblerons à des suricates, à des serviteurs-guetteurs heureux.

Car être heureux, c’est savoir que nous ne sommes pas abandonnés à notre sort, mais aimés et soutenus par Dieu lui-même dans nos actes et nos paroles.

Être heureux, c’est répondre à l’appel aujourd’hui déjà.

Car Dieu peut venir frapper à la porte de notre vie quand nous l’attendons le moins.

C’est en étant sur le qui-vive, l’attention portée à l’inattendu, à l’imprévu qu’on a le plus de chances de rencontrer le Seigneur qui ne cesse de nous visiter au travers des frères et sœurs en humanité qui croisent notre route.

Et serons-nous prêts à lui ouvrir, dans le sourire d’un inconnu? Dans une main tendue ? Dans la fragilité d’un être? Dans des rires ou dans des larmes? Dans le non-sens d’une séparation? Dans la joie d’une rencontre?

Car c’est bien dans ces moments qui composent toute existence humaine que nous sommes appelés à être vigilants, pour ne pas manquer le rendez-vous avec Dieu lui-même, dans le mystère de la rencontre.

Alors, dès aujourd’hui, soyons prêts à accueillir l’imprévu de Dieu. Ressemblons à des serviteurs heureux, des sentinelles dans le monde, des suricates de la foi!

Amen.

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