Si Gabriel m’était conté…

Texte biblique: Évangile selon Luc 1, 5-20

🎙Méditation à écouter aussi sur le podcast, lue par Richard Jeanneret.

Que les hommes sont incrédules!

Pourquoi peinent-ils tant à croire une bonne nouvelle?

Des mal-croyants, je vous dis. Rien que cela, ni plus, ni moins!

Excusez-moi, vous me reconnaissez, n’est-ce pas ? Mais oui, allez un petit effort, vous avez certainement déjà entendu parler de moi, c’est évident.

Je m’appelle Gabriel et je suis un ange.

Un messager de Dieu, un envoyé, un porteur de bonnes nouvelles.

Au début de mon engagement, je croyais que ça allait être un métier facile. Pensez : aller annoncer de bonnes nouvelles aux humains. Je me disais : les humains, ils croient aux messagers, ils croient que rien n’est impossible à Dieu. Ils croient ce qu’on leur dit.

Mais, j’ai vite déchanté. Les humains, ils croient mais… sous conditions : ils veulent des preuves pour croire.

Tenez, pas plus tard qu’aujourd’hui. J’ai reçu un ordre de mission du Créateur : aller à Jérusalem et annoncer à un prêtre, un certain Zacharie, que sa prière allait être exaucée dans des délais… disons raisonnables.

Je l’ai surpris dans le sanctuaire, là où il faisait son métier de prêtre, brûlant l’encens et faisant ainsi monter toutes les prières du peuple vers le Créateur, et la sienne, avec toutes les autres.

Je suis apparu, tout près de l’autel, bien visible, mais pas trop, un peu discret quand même.

Je m’invite. Je ne m’impose pas.

– Psst… Que je lui ai dit. Eh, Zacharie, regarde par ici. Non, pas là, ici… Voilà c’est cela…

Il m’a vu. Et il est resté, comme ça, bouche bée. Plus un mot. Ça m’a étonné. Je me suis dit : un prêtre doit reconnaître les messagers du Créateur. Il doit bien attendre une réponse. Il a prié. Aurait-il oublié ?

« Dieu se souvient », c’est la signification de son nom, à Zacharie. Eh bien, il s’est à peine souvenu qu’il avait prié le Tout-Puissant de lui accorder un fils. Il s’est à peine souvenu que le Créateur n’oublie pas les prières et qu’il les exauce. A peine s’il s’est souvenu que le Créateur envoie des messagers. Il restait là. Alors, c’est moi qui ai parlé :

– Zacharie, ta prière a été entendue et tu auras bientôt un fils.

Si ça, ce n’est pas une bonne nouvelle : la naissance d’un enfant. Et d’ailleurs, je ne vous ai pas dit : Zacharie et sa femme Élisabeth, sont vieux tous les deux. Et elle ne peut pas avoir d’enfants.

Lui, il prie. Elle, elle espère. Moi, je viens lui annoncer qu’il va être papa.

Qu’auriez-vous fait à sa place ? Vous auriez dansé de joie, non ?

Et bien d’abord, le vieux Zacharie a eu peur de moi. Non mais, vous m’avez bien regardé ? Je fais peur, moi ? Allons, sérieusement…

Alors, je l’ai rassuré :

– N’aie pas peur, que je lui ai dit.

Et je lui ai raconté que le Créateur allait réaliser sa prière fervente, aux accents de désespoir peut-être aussi. Parce que le temps presse.

– Tu auras un fils au destin peu commun et tu l’appelleras Jean, « Dieu fait grâce », c’est un beau nom, ça. On le connaîtra aussi sous le nom du Baptiste.

Mais, il restait dubitatif. Pas un mot, rien !

Il aurait pu dire MERCI. Mais, non, ses premiers mots ont été : « À quoi le reconnaîtrais-je ? »

C’est là que je me suis dit : « Ça va être un peu plus compliqué que prévu. »

Attends, Zacharie. Il y a eu l’histoire de tes ancêtres, Abraham et Sarah ? Allez, souviens-toi :

En ce temps-là, c’est un collègue qui avait annoncé au vieux couple, sous les chênes de Mambré et autour de la table qu’ils deviendraient parents. Et Sarah, vieille elle aussi… avait ri. Elle n’a pas cru.

Mais pourquoi les créatures du Créateurs sont-elles si incrédules ? Parce qu’elles sont vieilles ? Ah, ça doit être cela.

Mais ne savent-elles pas, ces créatures à l’image du Créateur, que rien n’est impossible à Dieu ? Et vous, vous me croyez, vous le savez, n’est-ce pas ?

Rien n’est impossible. Parce que, dès les commencements, le Créateur prit un peu de poussière, la modela en un humain et souffla dans son nez son souffle de Vie.

>> voir aussi un de mes commentaires dans Pain de ce jour.

Alors, pensez, faire naître des enfants du ventre de vieilles femmes. C’est un jeu… d’enfants.

Mais revenons à Zacharie. Plus je lui expliquais. Moins je le convainquais. Il remettait tout en question, voulait des explications, des preuves. Et j’entendais le peuple qui s’impatientait de l’autre côté du rideau qui sépare le sanctuaire. Ça commençait de durer, toute cette histoire.

Ma patience d’ange était mise à rude épreuve et finalement, n’y tenant plus, je lui ai cloué le bec, à Zacharie :

– Tu seras muet jusqu’aux temps fixés. Et toc!

Alors là enfin, il est resté sans voix. Bien fait!

Non mais, c’est si difficile de croire ce que j’annonce?

Bon, je m’en suis un peu voulu quand même.

Mais il m’a énervé et il a dépassé les bornes.

Je ne lui annonce pas la naissance du Messie quand même, juste celui qui va lui ouvrir le chemin.

Alors, il est sorti du sanctuaire, Muet. Ça ne l’a pas empêché de parler. Mais avec les mains. Il faisait des gestes, tant et plus, que la foule se disait qu’il devait avoir eu une vision. D’autres prétendaient que l’encens lui était monté à la tête.

Moi, je me cachais et je riais à mon tour. C’était drôle!

Bon. Ce n’est pas tout cela, je resterais bien avec vous, mais je n’ai pas l’éternité devant moi. J’ai encore du travail ici-bas, une autre mission. Je dois aller à… Nazareth, en Galilée. Chez une certaine Myriam, qu’on appelle aussi Marie, c’est la même chose.

Je vais lui annoncer qu’elle a été choisie pour porter le Fils du Créateur dans son ventre. Au moins, avec elle, ce sera plus facile. Une jeune fille me croira sans poser de questions. Ce ne sera qu’une formalité.

Mais pourquoi les hommes sont-ils si incrédules?
Mon Dieu, pourquoi?

4 réflexions au sujet de “Si Gabriel m’était conté…”

  1. mille mercis pour ce « conte ». Je cherchais une histoire pour le goutter des aines, je crois que je vais reprendre votre texte. en Christ à vos c ôtés.

    paroisse EPudF Narbonne

  2. Merci à vous aussi.
    Heureux que mon conte puisse continuer son « petit bonhomme de chemin » au travers des paroisses, groupes au-delà des frontières.
    Beau temps de l’Avent à vous et restez à l’écoute, il se peut qu’un messager vous rende visite…

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