La Bible pour moi

Lecture d'un livre
La Bible inspirante comme un livre.

En automne dernier, certain·e·s de mes ami·e·s et collègues se sont lancé·e·s dans une réflexion autour de ce titre La Bible pour moi. J’ai aimé lire les billets de Philippe Golaz, Olivier Keshavjee, Elio Jaillet, Noémie Emery. Y en a-t-il d’autres que j’aurais oubliés ?

Je m’y lance à mon tour, en respectant les exigences de l’exercice, à savoir :

  • Mêmes titres principaux: « Comment je lis la Bible », « Ce que je trouve dans la Bible »
  • Même longueur: 1150 mots (± 50 mots)
  • Même niveau de langage (accessible à des catéchumènes)

Comment je lis la Bible

La question joue sur deux niveaux :

  1. comment de quelle manière ? ou
  2. comment à quelle fréquence ?

Un recueil d’histoires qui m’inspirent

La première approche est personnelle, indépendamment de mon ministère. Je lis la Bible comme un recueil d’histoires, à l’image de la Comédie humaine de Balzac, de la saga Les Misérables de Victor Hugo.

Certains livres ressemblent à des nouvelles, me laissant, moi lecteur, sur ma faim : « Et alors… ? » ai-je envie de dire. Et cela m’incite à imaginer, à écrire moi-même la suite.

Je pense ici notamment à Matthias (Actes 1), celui que les apôtres ont choisi comme successeur de Judas et dont on ne sait rien ensuite. J’en ai fait un roman qui a été publié.

D’autres histoires sont de vrais romans-fleuves. Par exemple, le livre de l’Exode ou les livres des Rois qui me font rejoindre un peuple, des individus, en proie aux regrets, aux doutes, aux questions, aux querelles, aux rencontres. Bref des humains avec tout ce qui tisse et détisse la vie.

Ces histoires-là me parlent, elles font vibrer ma fibre de lecteur et d’écrivain (un peu romantique, je l’admets). Elles sont sources d’inspiration. J’aime, par exemple, reprendre des textes sous la forme de narrations, comme je l’ai fait pour la Semaine Sainte, avec ce petit opuscule : Des Rameaux à Pâques.1

Un outils professionnel

Bien évidemment, et comme la plupart de mes collègues, la Bible est mon outil de travail quasiment au quotidien. Un incontournable !

Que ce soit pour préparer cultes, services funèbres, baptêmes ou mariages, pour écrire des méditations, des billets religieux dans le journal local, initier des articles sur mes blogs.

J’aime accompagner ma lecture de la Bible de commentaires2, pour me laisser aussi bousculer dans ma propre compréhension. La comparaison de différentes versions m’aident aussi à saisir différemment un texte.

Je me donne aussi du temps pour méditer, ruminer, mastiquer le texte que j’ai lu; le laissant prendre corps, s’incarner. Et ensuite, je me pose cette question :  » Que peut bien dire ce texte à moi et aux personnes à qui je vais m’adresser ? « 

Car ce que j’ai compris, et ne cesse de mieux comprendre, c’est que la Bible en dit bien plus sur la condition humaine que sur Dieu lui-même, si ce n’est que Dieu est Dieu et que je suis qui je suis3. Et, en ce sens, elle a une pertinence aujourd’hui, pour nous aussi qui la lisons, l’étudions, l’écoutons, la méditons.

Une lecture régulière

À quelle fréquence lis-je la Bible ? J’aurais envie de répondre : tous les jours, mettant un moment à part pour cela et avec discipline et rigueur !
Mais, je veux être honnête : je lis la Bible régulièrement… Et cela me suffit. Je la lis quand j’en ressens le besoin, quand j’en ai envie. Je ne me mets pas la pression, ayant remarqué qu’elle souvent mauvaise conseillère.

Cependant, je réserve certains temps dans l’année pour une lecture assez systématique : la Passion, entre mercredi et Vendredi-Saint ; les récits du matin de Pâques à… Pâques; le prologue de Luc pendant le temps de l’Avent; les récits de la Nativité entre Noël et l’Épiphanie.

 

Seul, Livre, Mur De Briques, L'Homme, Personne, Bible

Ce que je trouve dans la Bible

Un florilège de la condition humaine

La condition humaine, j’y reviens à nouveau. En effet, en lisant la Bible, je découvre des histoires, parfois joyeuses, parfois cruelles; des héros, dépourvus de super-pouvoirs, parfois honnêtes, parfois fourbes; des relations parfois simples et évidentes, plus souvent compliquées et fragiles. Au travers de ses nombreux tableaux, la Bible me montre que l’être humain, le terrien d’aujourd’hui n’est pas si différent de celui d’hier. Elle me rappelle que croire n’exlut ni les questions ni les doutes, et tant mieux; que la foi est chose fragile et précieuse, toujours menacée, sans cesse raffermie par la relation à Dieu.

Des questions, une question

Ce que j’ai saisi, de par mes lectures, c’est que la Bible est d’abord un livre de questions. Elle pose bien plus de questions qu’elle ne donne de réponses. Elle contient aussi de nombreux blancs, des espaces que nous sommes invités à remplir nous-mêmes à partir de nos expériences, de notre vie, de nos vérités.

Dès les premières lignes de la Genèse, la Bible pose une question par la voix de Dieu adressée à l’humain : Où es-tu ? (Genèse 3,9). Et cette question, à quelques variations près traverse tous les livres des deux Testaments.

Cette question m’accompagne aussi dans mon ministère de diacre en paroisse ou dans des lieux d’accueil, des aumôneries : où es-tu ?, où en es-tu ?

Cette question, je me la pose et je la partage avec celles et ceux que je rencontre, que j’accompagne. La réponse n’est jamais définitive : je n’y ai pas encore trouvé LA réponse, seule et unique. Alors, en attendant, je la reprends encore et encore.

Des raisons d’espérer malgré tout

Oui, des raisons, au pluriel. En lisant ces destins, notamment celui du vieil Abraham qui reçoit une promesse à près de 100 ans, de Moïse qui entrevoit une Terre promise, de ces hommes et ces femmes que Jésus a relevé·e·s et à qui il a rendu une dignité perdue, cela ravive mon espérance. Non, tout n’est pas pas perdu ! À l’heure où on se demande à quoi ressemblera notre avenir, je place mon espérance dans la présence de Dieu chaque jour, forcément mystérieuse, jamais évidente de prime abord.

Un livre pour aujourd’hui

Ainsi, en m’interrogeant sur qui je suis sous le regard de Dieu et dans celui des autres, la Bible me convainc qu’elle a quelque chose à me dire pour aujourd’hui. Elle ne me donne pas de certitudes quant à l’Au-Delà, mais au travers des portraits qu’elle contient, elle me dit que son message est pertinent aujourd’hui, pour moi, pour toi, pour nous, pour vous.

Océan, Plage, Jeune Fille, Ondes
 

Pour conclure

La Bible pour moi est une magnifique galerie de l’histoire humaine en lien avec Dieu. Dieu que j’approche au travers de ce que d’autres ont dit et écrit à son sujet. Avant d’être une parole tombée du ciel, elle est une parole incarnée, issue d’hommes (car ce sont des hommes qui ont rédigé ces textes) humains qui ont dit quelque chose de leur relation à ce Dieu en qui ils mettaient leur confiance. En ce sens, la Bible est porteuse de vie, d’espérance et de pertinence pour aujourd’hui.


  1. On trouvera aussi quelques prédications sous la forme de narrations sur mon podcast : Si Gabriel m’était conté ou Syméon et Anne : Mission accomplie 
  2. Je recommande notammentLe Nouveau Testament commenté chez Labor et fides 
  3. La Bible enseigne notamment que si nous sommes bel et bien créés à l’image de Dieu, nous nous forgeons un dieu à notre image, correspondant à nos aspirations profondes. La parabole des Talents est parlante à ce sujet (Mt 25,14-30). 

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