blog

Mes pensées confinées

Ce billet a bien failli ne pas voir le jour à temps. En effet, en lançant mon Billet du dimanche, j’imaginais avoir chaque semaine un matériau suffisant à disposition pour écrire quelque chose. Mais, cette semaine, rien ou si peu. J’ai un peu épuisé Pâques, et on n’y est plus.

Je me suis alors demandé : puis-je ne rien écrire, juste cette semaine ? Mon billet est-il espéré, attendu ? Son absence soulèverait-elle des réactions indignées… ?

Le confinement dans la tête

C’est alors que ma femme m’a soufflé l’idée : tes idées sont aussi en confinement ! Voilà, un bon début. Elles ne sortent pas. Il y a comme un vide. Surtout que cette remarque rejoint une discussion que j’ai eue la semaine passée. J’aurais pu en faire un podcast, à l’invitation de ce billet de theologique.ch, et ainsi sortir de ma zone confort. J’ai préféré y rester confiné, au moins aujourd’hui. Ne m’en veuillez pas. Soyez indulgents.

Cela fait maintenant 40 jours que nous sommes isolés les uns des autres. Quarante jours, cela ne vous rappelle rien ? La quarantaine, bien sûr. Mais aussi un temps de carême après l’heure. Ce temps qui habituellement invite à mettre de côté certains remplissages de notre mode de vie : moins de télé, de chocolat, de café, de cigarettes, de réseaux sociaux pour retrouver plus d’essentiel. Cette quarantaine nous a imposé de nouvelles manières de vivre le quotidien, en renonçant à ce qui en faisait le sel. Peut-être aussi que ce temps nous fait découvrir le vide qui se creuse dans nos journées et dans notre être. Se pose alors la question : comment le combler, ce vide, si vide il y a ? Comment est-ce que je retrouve du sens avec ce que je fais, peux faire ou ne peux plus faire.

Mille manières de vivre ?

Il est évident que cette pandémie et ses mesures n’ont pas le même sens pour chacun. Une infirmière aspirera certainement à pouvoir souffler et se reposer, alors qu’une coiffeuse piaffe d’impatience de pouvoir reprendre ses activités.

Certains enfants attendent le 11 mai pour retourner à l’école et retrouver leurs copains, alors que d’autres voient ce temps comme des vacances à prolonger.

J’ai pu entendre des parents se plaindre de ne plus avoir une seule seconde, jonglant entre télétravail et école à la maison, tâches ménagères et courses, et pas moyen d’envoyer les gosses chez leurs voisins quand ils deviennent insupportables. Et si ce sont les voisins qui le sont, c’est encore pire. Le risque d’épuisement n’est pas loin !

Pour ma part, mon quotidien a un peu changé, j’en ai parlé dans ce billet, mais fondamentalement, je continue à parler à des gens, à préparer des cultes, à communiquer, à participer à des réunions, à célébrer parfois des cérémonies d’adieux. Je trouve même une commodité certaine à travailler à distance, à la maison.

Le vide, une angoisse ou un besoin ?

Comme il est bienfaisant aussi de prendre une pause dans sa journée. C’est même essentiel. Heureusement que ma femme est là pour me le rappeler de temps à autre : Y a pas que le travail ! Et toc ! Elle a raison…

Le travail à domicile, j’y suis habitué, mais maintenant, il prend plus d’ampleur. Alors, ai-je le droit de ne rien faire, et sans culpabiliser ? L’une de mes estimées collègues, Laure Devaux, répond en vidéo à cette question. Vous trouverez le texte sur son blog.

Et voici, enfin, la question qui m’a habité cette semaine : si les activités habituelles ne sont plus possibles, comment est-ce je remplis ma vie ? Si le travail, les rencontres, les déplacements, les objectifs sont reportés à « aussi tôt que possible, mais aussi tard que nécessaire », qu’est-ce qui me reste ?

Êtes-vous prêts ?

Suis-je prêt, préparé, disposé à accueillir ce vide ? Avec quoi vais-je le remplir ? Ne rien faire, est-ce une manière de remplir ce gouffre qui s’ouvre devant moi  à certains moments de ma semaine ?

La manière dont je vis ces journées en dit long sur ce qui est important dans ma vie, ce à quoi je tiens, ce à quoi je suis prêt à renoncer. Et encore, je n’ai pas renoncé à grand-chose, contrairement à d’autres qui ont vu leurs habitudes bouleversées de fond en comble.

Voilà. Mine de rien, j’ai écrit ce billet, un peu plus de 700 mots. J’ai rempli mon vide et ma mission pour aujourd’hui. Et vous ? Comment allez-vous ? Comment vivez-vous et remplissez-vous ce temps ? Vos commentaires sont les bienvenus.

Bonne semaine.

Un autre article pour poursuivre la réflexion : Burn-out.

 

Image par StockSnap de Pixabay

 

 

 

Ce bon vieux papier

Voilà maintenant un peu plus de 5 semaines que nos paroisses ont appris à se réinventer dans leurs manières d’être et de rester en lien avec leurs fidèles. J’ai été touché par la créativité des uns et des autres, utilisant les moyens de communications tels qu’internet, les réseaux sociaux, les lettres d’informations. Je suis persuadé que chaque offre répond à des demandes et qu’il y a de la place pour tous et pour chacun.

Le choix du support papier est-il encore pertinent, à l’heure où tout se passe sur des écrans ? Qu’en pense le diacre connecté que je suis ?

Un peu plus d’un mois, c’est le bon moment pour faire un premier bilan des cultes à l’emporter que la paroisse de La Neuveville a mis en place. Je reviens ici sur la genèse du projet et son évolution présente et future.

Au commencement… le papier

Dès le 20 mars, nous, ministres, avons réfléchi à une manière de proposer une « nourriture spirituelle » à nos fidèles paroissiens en lieu et place du culte dominical. J’ai pensé à un culte sous forme vidéo, comme d’autres paroisses l’ont fait et bien fait. Mais, un mois plus tôt, lors d’une conférence aux aînés, qui sont aussi ces paroissiens habitués, j’ai pu constater que la majorité n’avait qu’un accės limité à internet, ou plutôt une utilisation limitée d’internet (par exemple la messagerie, Whatsapp ou Skype) ou pas de connexion du tout. J’ai alors imaginé des « cultes à distance » sous format papier. Ma proposition a été acceptée.

Le cadre est relativement simple : chaque semaine et à tour de rôle, les officiants rédigent un culte selon un canevas de 4 pages. On y retrouve une structure liturgique classique mais modulable : accueil, prière (et louange), lectures bibliques, méditation-prédication, prière d’intercession, bénédiction. Deux chants sont proposés, qui peuvent être remplacés par d’autres connus des lecteurs. Rien n’est imposé. À la fin du document, les numéros de téléphones des ministres et du secrétariat pour d’éventuels contacts.

Cette forme correspond bien à mes collègues qui privilégient l’écriture au multimédia. Elle ne demande pas d’investissement matériel autre que ce que nous utilisons habituellement et s’adapte et au public que nous visons : des paroissiens habitués plutôt à la lecture. C’est en tout cas, le prérequis qui était le nôtre.

Le secrétariat a établi une première liste d’adresses, a imprimé et envoyé les courriers.

Un premier envoi à une trentaines de ménages, touchant une quarantaine de personnes a rencontré un joli succès manifesté par de nombreux mercis. La reconnaissance du conseil de paroisse nous a incités, mes collègues pasteurs et moi, à continuer semaine après semaine. Le culte est préparé pour le mercredi et envoyé ce même jour pour arriver dans les boîtes aux lettres le vendredi au plus tard.

Je n’imaginais pas grand-chose de plus.

Deuxième étape… le papier en ligne

Soufflée par le conseil, l’idée a été d’offrir ces cultes à distance à un public plus large que nos seuls habitués. J’ai créé une page dédiée sur le site de la paroisse, relayée sur la page Facebook de la paroisse et la lettre d’information.

On y a listé les cultes sous format .pdf et ajouté quelques textes méditatifs.

« Culte à distance » dit sans doute quelque chose de ce qu’ils veulent être. Mais on retient certainement d’abord la distance. Pas très rassembleur…

Le semi-confinement a vu fleurir des offres de repas à l’emporter de la part d’établissements publics. Nous avons donc renommé nos cultes à distance, « cultes à l’emporter ». Ainsi, les destinataires les « consomment » à l’heure et dans le lieu qui leur sont favorables.

Troisième étape… le papier et le site

Le simple fait de mettre en ligne des documents .pdf n’est pas pertinent. Et j’ai été rendu attentif au fait que de plus en plus d’internautes consultent les sites sur smartphones et que le format .pdf n’est pas toujours optimal pour de petits écrans.

J’ai alors mis en ligne le culte à l’emporter sous forme d’article sur le site. Je l’ai agrémenté de vidéos, de chants, de l’enregistrement audio de la méditation ou d’autres parties du culte, de liens pour le rendre interactif. Mes collègues ont suivi le mouvement. Une collègue a même fait le choix de la vidéo. Je leur en suis reconnaissant.

Ainsi, aujourd’hui, pour le 3e dimanche après Pâques, le culte à l’emporter est envoyé sous format papier à plus de 50 destinataires, il est en ligne sur la page d’accueil du site paroissial, il est archivé sur la page dédiée et peut être consulté en ligne.

L’idée a fait son chemin et a été reprise par la paroisse de Delémont. Elle ne demande qu’à essaimé et à être adaptée à chaque communauté.

Quatrième étape : et après ?

Même si nous n’en sommes pas encore là, la question de l’après se pose : allons-nous continuer d’offrir des cultes à l’emporter si nous célébrons à nouveau dans notre église ? Je suis persuadé que nous avons tout avantage à ne pas abandonner. À poursuivre la mise en ligne de ces cultes qui pourraient être ceux célébrés le dimanche matin.

D’abord, parce que nous avons atteint des personnes qui ne venaient plus au rassemblement dominical. « L’église, c’est devenu un peu loin pour nous… Mais, avec les cultes que nous recevons, ça nous fait du bien. » m’a dit l’un des destinataires. Quelqu’un d’autre m’a affirmé : « En lisant ces cultes, je me sens en communion avec la paroisse. J’en suis très heureuse. »

Ensuite, nous permettons à des personnes de célébrer à un autre moment, quand c’est bon pour elles, le soir, le matin, dans la journée ou la semaine, sur le balcon ou dans le jardin.

Enfin, parce que j’aimerais que toute la créativité qui a fleuri pendant cette crise ne soit pas justement une « créativité de crise » et qu’une fois revenus à une situation presque normale, nous retrouvions nos habitudes… normales.

Enfin, et pour conclure

Le papier a été une alternative judicieuse là où je suis, là où nous sommes. Elle prend en compte le public-cible auquel nous nous adressons. Elle rencontre une reconnaissance certaine qui nous est rappelée lors d’entretiens téléphoniques. La mise en ligne est  une complémentarité bienvenue et permet à un nombre plus large de profiter de cette offre. Sans mettre en œuvre de gros moyens, cette initiative correspond à une manière de faire connue et confortable. Cela a sûrement motivé mes collègues à y prendre part. Son pendant est qu’elle ne nous a pas trop bousculés et ne nous a pas fait sortir de notre zone de confort. Frustrant ou rassurant ? À chacun de répondre.

Cette manière de faire nous a permis modestement de raviver  le sentiment d’être relié à la communauté, de faire partie de cette famille, même si les liens rapprochés ne sont pas permis. Rien que pour cela, nous éprouvons une certaine satisfaction.

Un article qui pourrait vous intéresser également : En un mot : communiquer.

Vous trouverez d’autres textes méditatifs ou des prédications ici.

Image par congerdesign de Pixabay

 

Même pas peur!

L’heure est à l’assouplissement des mesures de confinement. Ce n’est pas encore la libération tous azimuts, mais une liberté conditionnelle. Il s’agira de tenir encore dans la durée, car il en va de la responsabilité de chacun pour le bien de tous. « Nous souhaitons agir aussi vite que possible et aussi lentement que nécessaire » a dit le ministre Berset.

Deux autres « confinements » pour nous rassurer

Il y a peu, lors d’un entretien téléphonique, mon interlocuteur me demande si la Bible contient des histoires de confinement. Ensemble, nous creusons la question et parvenons à deux textes: l’arche de Noé et les disciples dans la chambre haute.

L’épisode du Déluge laisse entrevoir un Dieu qui s’est retiré, absent, laissant faire les éléments qui se déchaînent. Mais tout n’est pas hors de contrôle, puisque les flots se déversent pendant un temps limité, une période symbolique de 40 jours. Ce même laps de temps qui nous rappelle le séjour de Jésus au désert. Un temps d’épreuve et de solitude, mais que je vois surtout comme une opportunité de se retourner, de regarder en soi-même, même si ce n’est pas toujours là qu’on aimerait fixer son attention. Il est encore possible de changer le regard que nous portons sur la réalité. Celle-ci est ce qu’elle est, mais nous pouvons la voir avec un regard teinté d’espoir et d’avenir.

Les disciples se sont enfermés à double-tour, parce qu’ils avaient peur. C’était une peur plus politique et religieuse. Et le Ressuscité, le porteur de Vie, rejoint ses amis malgré les verrous. Il leur apporte la paix. Et ensuite, ces mêmes disciples iront annoncer la vie autour d’eux et plus loin encore.

La peur rôde autour de nous; « l’ennemi » est invisible. On craint d’être contaminé ou de contaminer à notre tour. Une toux, un éternuement, des mains non désinfectées deviennent suspects voire attirent les regards désapprobateurs ou génèrent des réactions incontrôlées.

Aujourd’hui, la présence du Ressuscité résonne d’une manière particulière pour nous, dans ce que nous vivons. Malgré les angoisses, légitimes, qui sont les nôtres, nous pouvons trouver la paix au-dedans de nous. Peut-être même y rencontrer, là où on n’avait perdu l’habitude d’aller, au plus intime, un éclair de vie et de confiance, un appel à la vie, tout simplement.

Comme dans une bulle

Le temps et l’espace ont pris une autre dimension: l’horizon actuel se limite à ce que je vois de chez moi ou à à ses proches alentours, les heures passent à un autre rythme ponctué de conversations téléphoniques ou d’échanges par vidéo. Ces rencontres, même virtuelles, viennent élargir l’espace de ma bulle et je fais alors une place à mes invités qui pénètrent chez moi, porteurs, eux aussi, de vie. Ensemble et de diverses manières, nous célébrons la vie. C’est important. Il y a un peu de ce soir de Pâques.

🎵 Vous écouterez bien Fais-moi une place de Julien Clerc.

Tout a une fin…

Revenons à ma discussion du début. Ce que nous avons retenu, mon interlocuteur et moi, c’est que l’enfermement est provisoire, il y a un horizon de liberté, une sortie possible. Que nous vivons ce confinement entre ces deux extrêmes que sont la peur(-panique) et la confiance, et qu’entre les deux, il y a 50 nuances d’espoir.

La liberté pointe à l’horizon du mois de juin, si nous restons sur nos gardes et continuons de prendre toutes les mesures qui s’imposent. Et le tube de cet été pourrait bien être: « Libérés, délivrés » que nous chanterons à tue-tête… Et personne ne nous en voudra.… Enfin, je crois.

🎵 Ne me dites pas que vous ne connaissez pas cela

Un autre article pourra aussi vous intéresser pour rester en lien même en se passant d’internet: Boîte à idées pour non-connectés.

Image par FotoRieth de Pixabay

Le Théo-Logis

Comme d’autres avant moi, je me lance à mon tour dans le billet-vidéo. J’ai hésité, résisté, longtemps à choisir cette manière d’être au monde connecté. J’ai longuement balancé entre rester fidèle à l’écriture seule et l’expression visuelle. Finalement, je me lance sans renoncer pour autant à l’écrit. Et, ma foi, le résultat n’est pas si mal pour une première…  Enfin, ce n’est que mon avis.

Continuer la lecture de Le Théo-Logis

Cocorico! Joyeuses Pâques

Vous l’avez entendu, n’est-ce pas? Il vous a peut-être même réveillé ce matin? Je n’y faisais plus vraiment attention, mais aujourd’hui, allez savoir pourquoi, son chant a empli le silence de l’aube naissante. Je veux parler du coq. Celui de votre poulailler ou de votre voisin. Il est vrai que ces derniers jours, avec la circulation moins dense, on redécouvre le chant des oiseaux, petits ou grands, sauvages ou domestiques. C’est un régal pour les oreilles.

Mais, pourquoi vous parler de coq à Pâques?

Continuer la lecture de Cocorico! Joyeuses Pâques