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Oui, mais…

La prière, c’est un dialogue avec Dieu, où l’un et l’autre parlent et se répondent.

Notre Père qui es aux cieux.
Oui, mais les cieux, c’est loin.
Et pourtant, je crois que tu es tout proche de moi.

Que ton nom soit sanctifié.
Oui, mais ton nom est brandi par les bons et ceux qui ne le sont pas.
Et pourtant, je crois que toi seul es saint.

Que ton Règne vienne.
Oui, mais cela fait longtemps que nous l’attendons.
Et pourtant, je crois que nous pouvons le faire grandir aujourd’hui déjà.

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Oui, mais ta volonté n’est pas toujours ce que j’ai envie de faire.
Et pourtant, je crois que tu ne veux qu’une chose : m’aimer.

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Oui, mais le pain de chaque jour est cher à gagner et j’y renonce parfois.
Et pourtant, je crois que tu combles tous mes besoins.

Pardonne-nous nos offenses.
Oui, mais mes mots dépassent parfois ma pensée.
Et pourtant, je crois que tu me pardonnes.

Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Oui, mais il y a des choses que je ne peux pas pardonner.
Et pourtant, je crois que tu peux faire reculer mon impossible.

Et ne nous laisse pas entrer en tentation.
Oui, mais je ne sais pas toujours résister.
Et pourtant, je crois que tu es là pour me guider dans mes choix.

Et délivre-nous du mal.
Oui, mais je n’ai pas toujours conscience de celui que je fais malgré moi.
Et pourtant, je crois que ton amour est plus grand que tout le reste.

Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire.
Oui, mais alors que me reste-t-il ?
Et pourtant, je crois que tu m’as fait à ton image.

Aux siècles des siècles.
Oui, mais ton éternité me dépasse tellement.
Et pourtant, je crois que tu as envoyé ton Fils dans mon histoire.

Amen.
Oui, mais…
Non, amen!

À découvrir: Une parole pour nous remettre en vie, L’unité n’est ni une option ni une évidence

Photo personnelle

Dieu: un mot. Rien qu’un mot. Plus qu’un mot.

Lors d’un Théo-Café, la discussion a pris un tour particulier : un participant a déclaré qu’il ne croyait plus au Dieu qu’on lui a servi. Ce Dieu qui exaucerait toutes nos prières, qui arrêterait ou éviterait les guerres, qui éradiquerait le mal de la surface de la terre. Ce Dieu tout-puissant.

Ses propos ont alors déclenché une réaction : Vous ne croyez donc plus en Dieu?

Le participant a essayé de se justifier, d’étoffer son propos.

Après un moment, j’ai cru bon de demander, pour préciser :
– C’est le mot ou l’image de Dieu qu’on vous a servi qui pose problème aujourd’hui?

Je suis qui je suis… et toi, tais-toi?

Bingo! C’est dans le mille. Oui, c’est cela! Et c’est cela aussi qui nourrit ma propre réflexion au sujet de Dieu. Oh, pas le mystère de Dieu qui restera toujours hors de ma portée, mais le mot. Ce mot si souvent galvaudé, employé à tort et à travers plus qu’à raison. Enfin je crois.

À Moïse qui lui demande son nom, « Dieu » répond par une tournure énigmatique qui a troublé les traducteurs. On a fini par garder : « Je suis qui je suis (ou serai) ». Une façon de laisser planer le mystère, d’affirmer aussi que ce (ou celui) que nous nommons « Dieu », faute de mieux, échappera à nos mots et à nos projections. Et c’est tant mieux! Une manière, peut-être, de signifier que l’humain ne pourra jamais percer ce mystère, c’est pourquoi ce nom ne doit pas être prononcé en vain.

Je suis qui je suis. Cela laisse entendre aussi: « … Et tu es qui tu es. » Ce qui crée un espace entre un JE et un TU. Un espace nécessaire pour un dialogue et une relation. Car, ce que le participant du Théo-Café a relevé, c’est que son refus actuel, est venu avec la maturité et l’âge, du mot et de l’image ne remettait pas en cause sa relation au Dieu mystère. Ce Dieu à la fois tout-puissant et sûrement bien plus intimement proche qu’on ne le pense. Un Dieu à chercher au plus profond de soi d’abord.

Un mot. Mais que dit un mot?

Dieu. Un mot. Juste un mot choisi qui aurait l’audace de tout dire? Qui définirait le Dieu mystère une fois pour toutes? Allons donc… Si c’était le cas, ce mot ferait de nous des êtres tout-puissants, capables d’enfermer « Dieu » dans ces quatre lettres. Mais « Dieu » est bien plus qu’un mot. Il ne se laisse enfermer ni dans les mots qu’on lui attribue, ni dans des dogmes, des vérités, encore moins dans des Églises. Il est libre et libre de se révéler à l’humain. Une des manières a été Jésus de Nazareth, le Fils de l’homme (avec ou sans majuscule d’ailleurs). Encore une tournure qui nous fait réfléchir… Il existe encore bien d’autres façons. Car « Dieu » nous surprendra toujours. Et, c’est tant mieux, encore une fois.

Un mot-mort. Un mot limite.

En préparant ce billet, j’ai découvert que MOT, avec ou sans H à la fin, est une divinité de la mythologie ouagaritaine (Syrie) et son nom signifie « La mort ». La mort qui marque notre finitude de notre existence, qui pose une limite. Notre existence, pas notre Vie en relation. Et cela me convainc que nos mots sont par définition limités, étriqués à l’échelle de notre compréhension et de nos projections.

Pour ma part, je continuerai de croire en Dieu et d’employer le mot « Dieu », mais je serai encore plus conscient qu’il ne dit qu’une infime part de ce (ou celui) qu’il désigne.

Des mots libres.

Voilà sans doute l’esprit du Théo-Café 99 minutes: un espace où il est possible de dire ses convictions et ses doutes, de partager son cheminement humain et spirituel, de le confronter à d’autres dans la bienveillance et le respect de chacun et chacune.

Un autre article qui pourrait vous intéresser: J’ai vu le visage de Dieu… ou celui-ci: À la marge(lle)

Source de l’image: www.pixabay.com

Et pendant ce temps-là, les Shadoks pompaient!

Lorsque la paroisse de La Neuveville m’a engagé comme diacre, le premier pour elle, son conseil pensait qu’il serait assez aisé de faire bouger les choses. En effet, l’Église réformée bernoise n’octroie pas la célébration des services funèbres et des bénédictions de mariage aux diacres. Ces actes sont réservés aux seuls pasteurs. Pour moi qui vient de l’Église réformée neuchâteloise, ça a été un choc!

Mais pourquoi?

Lorsque j’ai lu les arguments qui justifient cette décision, le choc a été d’autant plus grand. L’Église bernoise met l’accent sur une formation d’aumônier (qui n’existe d’ailleurs pas en tant que telle) et sur une pratique de l’accompagnement. Dit ainsi, je connais bon nombre de diacres qui répondent à ces critères.

Au vu de mon parcours professionnel, des formations suivies et de mon expérience, j’ai toutes les qualités requises. J’ai d’ailleurs eu à maintes reprises l’occasion de célébrer et services funèbres et bénédictions de mariage dans le Canton de Neuchâtel. Bon, passons.

C’est trop tôt.

Et quand les députées de notre paroisse informe le synode d’arrondissement de la situation, la réponse est consternante : cette question a été abordée il y a 3-4 ans et il est sans doute trop tôt de la reprendre maintenant. Et surtout, on ne propose pas d’alternative, de situation transitoire, de solutions…

Cela m’attriste de voir une Église, ou des Églises, se réfugier derrière des règlements et autres ordonnances, de les brandir comme parole d’Évangile, ignorant les réalités et les besoins des paroisses, du terrain. Et compliquant au passage l’organisation interne de notre paroisse. Cette décision met à mal la reconnaissance de mon ministère et de mon expérience. Mais, bien sûr, personne ne le reconnaîtra, mais quand même.

Anne, ma sœur Anne…

Le conseil reste attentif et des représentants au synode cantonal interpelleront leurs homologues, notamment alémaniques. Tout cela prendra du temps et avancera au rythme des pas de sénateurs.

Alors attendons, espérons, et prions sans cesse… Ne renonçons pas.

Et pendant ce temps-là, les Shadoks pompaient, pompaient, pompaient…

Cette prédication pourrait aussi vous intéresser: Une parole pour nous remettre en vie

Source de l’image: Pixabay.com

Diacre? Mais vous allez faire quoi?

Mais qu’est-ce qui m’a pris de devenir diacre? Un métier qui reste inconnu en-dehors de l’Église, et encore…

Un petit retour sur l’image que je pouvais me faire de cet engagement, au moment de choisir « ma voie », cette voie qui questionne.

À l’heure du choix

En me lançant dans le parcours des Explorations théologiques, j’avais d’abord envie de renouer avec les études, laissées de côté pour diverses raisons. Et je n’ai pas été déçu. J’y ai pris goût, jusqu’à obtenir le diplôme de culture théologique. Et ensuite…? Que faire? Quel chemin prendre?

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Théo-Café 99 minutes

      • Il s’agit du premier projet que j’ai initié dans la paroisse réformée de La Neuveville. Le propos n’est pas de tirer un bilan après une première édition, mais de revenir sur la réflexion et l’évolution de cette idée.

Tout part d’un livre…

C’est en parcourant Les maîtres-mots de l’Évangile. Petit dictionnaire pour mieux comprendre le Nouveau Testament de Pierre Prigent que l’idée naît. L’auteur développe ainsi une trentaine de mots des Évangiles. Je me demande comment ces mots sont compris aujourd’hui par nos habitués qui les entendent régulièrement lors de cultes. Résurrection, pardon, péché… Est-ce que cela parle encore aujourd’hui?

Partageant cette idée avec d’autres, quelqu’un répond : « On pourrait faire un café-philo… Il y a eu un projet mais qui ne s’est pas concrétisé jusqu’à présent. »

Un café-philo, ça veut dire que la discussion s’étend à un groupe plus large que le « club du dimanche », c’est une bonne idée. Qu’elle a lieu dans un café public, c’est une autre bonne idée.  Ça veut dire aussi rencontre et convivialité.

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