blog

Paroissien, qui es-tu ?

Tout part d’une remarque entendue : « J’ai toujours pensé que l’Église devait être là pour ses paroissiens. » Comprenant d’abord cette réflexion dans un sens restrictif, je voyais les paroissiens comme ceux que je rencontre régulièrement. Mais le cercle est bien plus large, c’est ce que je pressentais..

Je tente une petite taxonomie :

Une liste partielle

Les paroissiens sont ceux qui :

  • ont leur domicile sur le territoire de la paroisse. Ce qui fait que je suis paroissien de ma paroisse de domicile, mais pas de celle qui m’engage professionnellement. Cela a pour conséquence, que je n’ai pas le droit de vote là où je travaille.
  • ont coché la case correspondante sur leur déclaration fiscale. Ceux-là manifestent leur choix d’attribuer une part de leur impôt à une église cantonale reconnue. Notons au passage que Neuchâtel et Genève pratiquent la contribution ecclésiastique volontaire, ce qui a pour conséquence que le montant est laissé à la libre appréciation du contribuable.
  • sont inscrits dans le registre paroissial. L’inscription dans le registre découle de la confession indiquée sur la déclaration fiscale. Est-ce qu’un changement dans le document fiscal implique de fait une radiation du registre ? Pas certain.
  • n’ont rien demandé, mais qui sont inscrits. Ils sont là, présents dans les listes « officielles », mais ont-ils vraiment choisi d’en être ?
  • n’ont jamais pensé à démissionner. Il s’agit de ceux qui n’ont plus de lien avec la paroisse, mais qui n’ont jamais adressé de démission formelle.
  • ceux qui ont demandé à rejoindre la paroisse. Les raisons qui poussent à vouloir s’intégrer à une autre paroisse que celle du domicile peuvent être nombreuses et variées : la communauté, les activités, les lieux de cultes, la proximité géographique, etc.
  • s’engagent activement dans la vie paroissiale. Ce sont tous ceux qui, bénévolement, s’investissent dans la mise sur pied des événements, tels que la vente, la kermesse, la fête de Noël, les visites, le catéchisme, l’animation pour les aînés etc.
  • sont présents aux événements de la paroisse. Trivialement, on pourrait les qualifier de « consommateurs » des activités. Ils assistent, sont présents, consomment, mais sans prendre part à l’organisation.
  • soutiennent de diverses manières. Il y a, évidemment, le soutien financier mais aussi le relais d’invitations à participer, la distribution de courriers, d’affiches, les dons en nature pour des occasions particulières : culte des récoltes ou kermesse, par exemple.
  • ne sont jamais là, mais qui font partie. Ils sont absents de presque tout. Ils figurent sans doute dans les fichiers, mais ne manifestent pas leur intérêt pour les activités paroissiales.
  • se réclament appartenir à la paroisse. Sans forcément en être, ils partagent les valeurs de la paroisse, sans prendre forcément part à sa vie.
  • sont sur le web. Ils consultent, visitent, interagissent plus ou moins régulièrement sur le Réseau-Protestant.
  • ne rentrent dans aucune de ces catégories. Il y a encore les autres, tous les autres, qui ne se reconnaîtront pas dans l’une ou l’autre de ces définitions, mais qui ont un lien plus ou proche, plus ou moins distendu avec la paroisse.

Donc, cela fait du monde au final.

Une foule bigarré

Oui, l’Église est là pour ces paroissiens-là

Alors, c’est vrai, l’Église est bel et bien là pour ces paroissiens-là. Pour tous ceux-là. Ce que je comprenais d’abord comme une vision restrictive de notre « public », ses paroissiens réguliers et visible, s’élargit soudain à un monde large et varié. Il est aussi évident qu’il n’est pas possible d’offrir une réponse unique et universelle à toutes ces attentes. Il s’agit donc de s’adapter, de « se faire tout à tous » comme disait l’apôtre Paul. Je comprends cela comme une attitude d’ouverture, de respect et d’écoute des attentes et besoins de ces paroissiens-là. C’est pour eux, pour eux d’abord que je m’engage.

[Ce billet est susceptible d’être complété et modifié suite à vos commentaires]

Image par 22612 de Pixabay

Tisser du lien

Voilà que depuis quelques semaines, nous revenons à une situation qui nous permet de retisser du lien, notamment en paroisse. Pendant plus de deux mois, nous avons été contraints d’imaginer d’autres manières d’être reliés. Elles ont été pertinentes. Elles ont pallié à des manques et répondu à des attentes. Maintenant, qu’en garderons-nous ? Quelques réflexions à la volée.

Le cœur du métier : le lien

Ce qui donne du sens à mon engagement dans une paroisse et dans un lieu d’écoute et d’accompagnement, c’est le lien, la relation, la rencontre. Et voilà que d’un jour à l’autre, tout a été suspendu. Je me suis senti un peu dépourvu face à une situation inédite. Une pause d’abord bienvenue, mais aussi une opportunité de me poser la question de comment garder le lien malgré la distance. Je pressentais qu’il y avait un besoin de liens sociaux. Mais n’était-ce là que le fruit de mes propres projections ? La réalité a montré que cela venait plutôt de moi.

la joie de vivre ensemble

L’imagination de se relier autrement

Comment allais-je donc rester en lien, développer du lien, créer du lien ? Sous quelle(s) forme(s) ? Le plus simple a été de me saisir de mon téléphone et oser l’initiative de prendre des nouvelles, d’offrir des temps d’écoute, de partage et de discussion. J’ai constaté que des entretiens sont aussi possibles aussi sans se voir, par téléphone et que mon écoute a été plus attentive aux modulations de la voix, aux soupirs et aux silences. Par contre, j’étais privé de tout ce que le visage et le corps peuvent exprimer au-delà des mots.

Ensuite, entre collègues, nous avons recouru à la vidéo-conférence pour nous voir et prendre des nouvelles, pour nous coordonner dans des actions communes tout de même possibles. J’ai senti une collaboration renouvelée. Ma collègue Laure Devaux est même aller jusqu’à adresser sa Déclaration d’amour à ses collègues. Mon attention a été également changée : manifester son envie de prendre la parole, compter avec des coupures de connexion, des saccades, perdre le fil de la conversation.

On a ainsi développé des propositions concrètes sous la forme de cultes à l’emporter, de lettres aux aînés, de brochures illustrées. On a cherché à coller à l’actualité de nos vies paroissiales, à donner la parole tantôt aux jeunes, tantôt aux aînés, à ouvrir nos horizons par des photos.

En parallèle des documents destinés à être imprimés, le site internet de la paroisse que j’ai tenu à jour a été consulté, sans doute aussi, par des visiteurs hors du champ paroissial. Quand les statistiques montrent des pics de consultations à plus de 100 visites à la publication d’un culte, je peux imaginer qu’il a « ratissé » large…

Ce que nous avons mis en place, en l’adaptant au fil du temps, a été autant de manières de dire que nous étions là et que nos paroissiens n’étaient pas laissés à eux-mêmes. Ça a été des liens créés, consolidés, tendus, retendus.

On retrouve nos manières habituelles d’être en lien

On peut s’en réjouir. Ou on peut regretter de reprendre là où la crise nous a laissés. Mais, depuis le début du mois de juin, des rencontres sont à nouveau possible « en vrai ». Les cultes reprennent, les aînés ne sont plus les plus-à-protégés. On garde ses distances, mais on revient à une certaine normalité.

Ce temps à distance a eu une incidence sur la manière présente et future de maintenir les liens. Allons-nous continuer à prendre des nouvelles des personnes que nous avons contactées depuis deux mois et distancées de nos rendez-vous habituels ? Allons-nous poursuivre des offres spirituelles ou méditatives en ligne au-delà des cultes dominicaux ? Allons-nous garder quelque chose de nos séances en vidéo ?

une distance, vraiment ?

Autant de questions que nous sommes plusieurs à nous poser. Les réponses dépendront de nos lieux, de la motivation de nos collègues et bénévoles, de la bonne volonté de nos conseils à nous donner du temps pour continuer l’œuvre commencée.

Mon collègue Elio Jaillet s’interroge aussi sur la portée des liens tactiles. Ne plus se serrer la main, ne plus s’embrasser, ne plus se prendre dans les bras.

Être relié sur le web protestant aussi

La période que nous venons de traverser a vu éclore sur internet le Réseau-protestant. Il s’agit d’une liste de sites, notamment  institutionnels (ou officiels) et de blogs le plus souvent personnels (reflétant l’avis de leur auteur). Pour être pertinent, ce Réseau doit mettre en lien les sites et les blogs entre eux. C’est d’ailleurs le principe même d’internet que de mettre des sites en lien les uns avec les autres.

des milliers de connexions

Mais au fait, comment cela se passe-t-il ? Comment faire des liens ? À quoi ça sert de faire des liens ? Sur son blog, Nicolas Friedli y consacre une page essentielle et incontournable pour qui veut bloguer comme il se doit. À lire absolument et plusieurs fois !

Le principal, c’est d’être en lien

Que ce soit par des contacts directs, par des outils de communication, par internet, par la prière, l’important est d’être lien, relié les uns aux autres et à Celui qui nous accompagne dans nos relations.

Boutons de chaîne hifi

Parfois, il est bon d’appuyer sur « Stop », de se connecter à nouveau à ce qui est essentiel, puis de presser sur « Play » pour repartir, tissant des liens entre personnes du dedans et du dehors de nos cercles paroissiaux, et entre blogs en relayant des publications qui nous ont parlé.

[Cet article est susceptible d’évoluer par vos commentaires]

Image par Pexels de Pixabay

Ma petite boîte à outils

À la mi-mars, Philippe Golaz a publié sur son blog L’Eglise sur internet à l’heure du coronavirus. Il y présente réflexions personnelles, plate-formes, outils et matériels pour être Église autrement.

En relisant ce billet, j’ai eu envie de partager ma boîte à outils, celle du (modeste) blogueur que je suis.

Le matériel

Rien de bien extraordinaire ni d’onéreux.

L’essentiel :

  • Un carnet et un stylo (marque, modèle et format laissés à votre appréciation). C’est tout bête, mais ça ne prend pas de place et c’est utile pour écrire le début de quelque chose, la fin d’autre chose, une citation, une référence, un contact et tant d’infos pouvant se révéler utiles.
  • Un MacBook Pro. Pas besoin du dernier modèle, le mien est âgé de 7 ans environ.

Ce qui suit est optionnel :

Quelques outils

C’est une sélection de trouvailles que je teste. Juste histoire de ne pas les oublier trop vite. Ou de les oublier, en disant que je les ai testées.

Nicolas Friedli propose un Guide de démarrage rapide pour lancer son blog.

L’écriture

Mon blog

Pour la rédaction de mes billets de blog, je viens de découvrir le langage Markdown pour écrire vite et bien, sans distraction. J’utilise l’éditeur MacDown.

Connaître quelques codes simples et le tour est joué. Juste être concentré sur le contenu. La forme peut attendre, d’autant plus qu’elle s’adaptera au média : web ou document.

Cet outil me sera aussi utile dans mes rédactions futures, également pour les textes destinés à être formatés, puis imprimés souvent au format A4.

Ensuite, je copie ces textes dans WordPress qui me sert à animer mon blog.

Multimédia

J’ai ouvert un podcast chez Anchor.fm. J’y dépose mes enregistrements de méditations et prédications. Avant publication, je fais un peu de montage audio basique au moyen d’Audacity : amplifier, normaliser, couper, mixer. C’est vraiment du basique.

J’ai tenté la vidéo au moyen de QuickTime. Je n’ai pas tenu le rythme d’une vidéo par mois. Je dépose mes vidéos et celles de collègues, envoyées pour les cultes à l’emporter de la paroisse de La Neuveville, sur ma chaîne YouTube. Un montage rudimentaire à l’aide d’iMovie (sur Mac) : ajout de textes, coupures et mixage de séquences.

Flux et blogs

J’utilise Feedly comme lecteur de flux. Ainsi, je suis les blogs et contenus qui m’intéressent vraiment, sans être noyé par une avalanche de news qui ne m’intéressent pas vraiment ou si peu, et qui me sont imposés par les réseaux sociaux.

Si des articles me parlent, je les conserve dans Pocket1 en vue de ne pas les perdre.

Intéractions

Les interactions devraient se jouer sur le blog, par les commentaires des visiteurs. La plupart préfèrent aimer ou liker une publication sur Facebook sans autre forme d’interaction, soit commenter la publication sur ce même Facebook. Toutes ces marques d’intérêt se perdent, à l’image de ce qui est dit dans ce commentaire. J’encourage donc vivement la migration de commentaires à la suite de mon article. Les commentaires sont pérennes.

Une autre possibilité serait de se commenter entre blogs. Le commentaire deviendrait un article citant le blog de départ. Une manière de renforcer le maillage du réseau. C’est ce que je fais ici, en partant d’un article du blog-ami de l’ami Philippe Golaz.

Réseaux sociaux

Je suis de moins en moins convaincu par Facebook.

Je décide de faire une pause dans mes publications. C’est un choix. Je n’aurai que peu d’interactions sur ce réseau-là. Ce qui m’intéresse, je le garde dans Pocket. S’il y a possibilité de répondre à un article, dans un blog ou un site, je le fais. Sinon, je m’abstiens ou mieux,j’en fait un article sur mon blog en citant la source.

Je suis conscient que mes commentaires (parfois lofoques) laissés sur Facebook se perdront. C’est peut-être tant mieux. Sans doute qu’ils ne seront pas vraiment ni définitivement perdus.

Une publication sur ce réseau est théoriquement visible dans le flux, mais le flux est dense et ladite publication se perd très vite. Impossible de faire des recherches pertinentes, de retrouver ou rédiger des articles structurés. Je l’ai déjà expliqué.

Partage de photos.

Je partage une image personnelle par jour sur Instagram. Un titre, quelques hashtags et c’est tout ! Je pourrais aussi le faire sur mon blog, peut-être à un rythme moins soutenu, une par semaine, par quinzaine, quand je veux ?

Donc pour résumer :

Si je devais synthétiser mes choix du moment, en juin 2020, je retiendrais ceci :

  • Ma page Facebook aussi peu que possible
  • Mon Blog perso aussi souvent que nécessaire
  • L’utilisation du langage Markdown
  • Le tri dans les flux intéressants pour moi et que pour moi
  • Des archives de pages, articles à conserver et à reprendre.

Et le reste sera adapté au fur et à mesure.


  1. À voir si je garde, ou si je trouve une autre alternative. 

Passer à l’action

Mon billet Mes projections a suscité de nombreux commentaires sur Facebook surtout et sur ce blog. Ce qui a été partagé m’a montré que je ne me trompais pas et me donne suffisamment de matière pour continuer la réflexion vers sa concrétisation, enfin j’espère.

Un constat partagé

Celles et ceux qui ont pris la peine de commenter mon article et de se répondre, merci à eux, arrivent au même constat : l’Église a disparu du radar des gens. Elle n’est plus visible autrement que par des célébrations à l’envi. La crise du corona n’a rien changé, bien au contraire, puisqu’on a vu fleurir de (très) nombreuses propositions multimédias de… célébrations.

Une envie commune de changer

Ce qui ressort des réactions, c’est que le temps de « pause » n’en a pas été un. Il n’a pas été cet espace nécessaire pour nous repenser. Mais, bien au contraire pour continuer à faire ce que nous avons toujours fait, un peu différemment il est vrai, mais sur le fond, rien n’a changé : le culte reste LA priorité des paroisses, malgré un public âgé et en constante diminution. Il faut sauver les cultes !

Mais, il y a autre chose. Il y a une soif d’autre chose, surtout de la part de ceux qui ne sont pas nos habitués, qui ne nous comprennent pas.

À boire…

Des pistes

Deux pistes semblent se dessiner. La première est de l’ordre de l’intelligence collective. Il s’agirait de mettre en commun, d’une manière ou d’une autre, nos réflexions et expériences, de les soumettre à la discussion, de les confronter… « Pour voir ce qui en ressort. » Je crois que chaque Église, voire chaque paroisse, s’est déjà prêtée à l’exercice avec les résultats que l’on sait : on cogite, on réalise des schémas, des tableaux, des dessins, on aligne des post-it. Pour en arriver à : « Merci beaucoup, c’est top tout ce que vous avez fait, c’est précieux ! On va reprendre tout ça… », sauf qu’on ne reprend jamais rien !
Oui, à la mise en commun de nos expériences, initiatives et projets, parce qu’il ne sert à rien de réinventer la roue, mais non à d’énièmes journées de réflexions. Un outil informatique et collaboratif ferait-il l’affaire ? Il devrait être accessible, sans nécessiter de connaissances techniques particulières, ouvert au plus grand nombre et suffisamment adaptable. Une idée ?

Une autre piste envisagée est celle de l’initiative personnelle, et notamment sur le net, parce que c’est là que se trouvent les gens, ceux qui ne sont pas aux cultes. Pendant la crise, on a vu que nos initiatives en ligne ont suscité l’intérêt d’un public plus large que nos paroissiens. C’est là que des réponses aux questions sont trouvées.

Il y a bien les réseaux sociaux, me direz-vous. Mais être présent et/ou actif sur les seuls réseaux sociaux ne suffit pas. Partager un post ou le commenter ne suffit pas. On le sait, enfin je crois, et le « Like » ou le « J’aime » sur Facebook ne sert à rien. Toute ces interactions se perdent dans le flux et au fil du temps. Aucune possibilité de recherche, ni de rédiger de longs articles structurés. Raison pour laquelle, j’ai pris la peine de copier la plupart des commentaires de Mes projections sur mon blog. Pour en garder une trace.

Les *j'aime* ne disent rien

Il est alors plus pérenne de créer et d’animer un blog. C’est encore mieux, si ce blog est indépendant de toute structure ecclésiale ou autre. Il devient un espace d’expression et de partage libre. Ce qui n’empêcherait pas une paroisse, par exemple, d’inclure l’animation d’un blog dans un temps de travail professionnel.

Le blog est surtout l’affaire d’une personne, son auteur. Les visiteurs/lecteurs suivent une personne et non une institution. Ils interragissent avec elle et elle avec eux. Il n’y a pas de messages « officiels », car sur ce blog, celui que vous êtes en train de lire, je m’exprime en mon nom.

Témoins du web protestant ?

En m’intéressant à cette piste-là, je me suis aussi intéressé au phénomène de l’influenceur ou du lanceur d’alerte. Un blog, plus encore s’il s’inscrit dans le web protestant, aurait-il vocation à devenir lanceur d’alerte de ce qui ne va plus dans l’Église ?
Bon, on n’est pas des Julian Assange ni Edward Snowden, mais, nous (d’autres avec moi) avons des choses à dire qui viennent de nous. Ce que nous disons, ce n’est pas relayer le discours officiel des institutions. D’autant plus que nous y travaillons. Nous voyons et vivons les choses de l’intérieur.

Je n’ai ni envie d’être ni un accusateur ni un traître de l’institution Église, comme pourrait l’être le lanceur d’alerte. Mais j’aimerais plutôt partager ce qui m’anime et me questionne, moi et moi d’abord. Et, sur ce blog il y a des réflexions, des contenus spirituels, des partages d’expériences que je crois utiles à d’autres. Alors, le mot qui me qualifie, et faute de mieux, est témoin, ni plus ni moins.

Regarder tout autour et le relayer

Juste dire ma vérité, ni plus ni moins. Vérité teintée par celles d’autres, et souvent par celle des distancés, comme on qualifie parfois ceux qui se sont éloignés des activités et du message de l’Église. Par celle aussi des athées, souvent motivante. Vérité qui peut être mise en discussion, évidemment. C’est d’ailleurs l’un des objectifs de mon blog.

Et maintenant, on fait quoi ?

Il est l’heure ! L’heure de se réveiller, l’heure d’agir. L’heure de passer du constat, des mots et des regrets aux actes. Et on fait quoi ? On fait comment ?

C’est certainement ici que le Réseau-Protestant devient intéressant, essentiel dans cette évolution vers un changement.
C’est une liste de références qui ne demande qu’à s’étoffer. Des ressources et blogs en lien avec le protestantisme romand. Au chapitre des blogs, on y trouve des pasteur.e.s, théologiens, diacres (encore peu nombreux, l’appel est lancé) qui s’expriment de diverses manières sur ce qui les anime. Oui, sur ce qui donne du sens à ce qu’ils font, à ce qu’ils sont.

Et on fait comment ?

Vous êtes convaincus ? Vous avez des choses à dire et vous voulez les partager au moyen d’un blog ? Vous avez envie de me/nous rejoindre ? Bravo !
Mais, vous ne savez pas comment vous y prendre. Il y a de très bons conseils sur theologique.ch. Et les blogueurs sont là aussi pour vous aider, tant sur l’aspect technique que sur la mise en route. La forme et le fond vous appartiennent.

Se lancer dans un blog n'a rien de sorcier

Et à part le Web ?

Il y a certainement d’autres moyens, d’autres occasions à créer, d’autres initiatives à lancer. Mais, dans un cadre paroissial et institutionnel, je perçois des limites. D’abord, la marge de manœuvre que le conseil/l’autorité voudra bien donner à de nouveaux projets, sans se focaliser uniquement sur des questions de coûts et de rentabilité. Parce que, avouons-le, tout projet impliquera du temps de travail qui ne sera plus dévolu aux seuls cultes. Ensuite, le risque que je suis prêt à prendre pour oser être innovant. J’avoue que j’ai longtemps fonctionné sur le principe de je propose avant de me lancer, j’attends tous les feux verts et quand certains sont au rouge ou à l’orange, je range mon idée. Il est sans doute temps de risquer l’excès de zèle, d’expérimenter l’audace.

« Venez à ma suite », a dit Jésus à deux pêcheurs qui ne lui demandaient rien, qui ne le connaissaient même pas. Et aussitôt, ils le suivirent.
Il est temps. Il est grand temps !

On lira avec intérêt l’interview de Thomas Halik, l’église doit être là pour tous, pas uniquement pour les croyants.

[Cet article est susceptible d’être modifié par vis commentaires]

 

Images Pixabay.com

Mes projections

Je ne parle pas ici de celles qui s’échappent de ma bouche lorsque je parle, mais celles que je me faisais au mois de mars, la mienne, celle de La Margelle et celle de ma paroisse au début et pendant la crise.
C’est peut-être un peu tôt pour faire un bilan. Quoique…

Le besoin de parler

Je pensais, lorsque les mesures de confinement ont été annoncées, que La Margelle, lieu d’écoute et d’accompagnement en Ville de Neuchâtel, serait sollicité par ceux et celles qui se trouveraient « coincés » à la maison, en proie à la solitude, ressentant un besoin quasi irrepressible de parler. J’imaginais une augmentation des appels. Or, il n’en a rien été. Nous n’avons pas croulé sous les nouvelles demandes.

La même démarche a été entreprise dans notre paroisse, comme dans les autres et les Églises cantonales, notamment l’EREN.

Le constat a été le même : nous n’avons pas été sollicités outre mesure. Qu’est-ce à dire ? Ce besoin de parler et d’être écouté était-il une projection de ma part ? Pourtant, mes initiatives de prendre des nouvelles ont été accueillies très positivement. Ces discussions ont été l’occasion de dire comment chacun vivait son confinement, plus ou moins bien, dire son ennui.

Le besoin d’écoute était bel et bien présent, je l’ai constaté. Et La Main Tendue a enregistré une forte hausse des appels à tel point qu’elle a dû engager de nouveaux bénévoles. Alors pourquoi les gens qui auraient besoin d’écoute ne se tournent-ils pas vers l’Église et ses services ?

Ma conclusion relative et personnelle : les Églises, paroisses et lieux d’accompagnement ne sont pas considérés d’abord comme des aides potentielles en cas de crise. La sécularisation a passé par là. Est-ce qu’on s’imagine que ces lieux ne sont là que pour ceux qui sont inscrits ou qui font partie du « club » ? Est-ce qu’on y recourt parce qu’on connaît quelqu’un qui y est actif ? Ce serait donc soit un lieu « élitiste », soit et d’abord une relation de personne à personne, avant d’être un recours à l’institution ? Ce n’est pas impossible, voire probable.

Un autre aspect non-négligeable est qu’en investissant quasi exclusivement dans la célébration, les Églises ont donné le signal, consciemment ou non, que L’Église, c’est pour les autres, pas pour ceux qui ne sont pas très cultes et qui ne se reconnaissent pas dans la célébration. Ainsi, on a oublié que l’Église pouvait ou devait être autre chose.

Un dernier aspect pourrait être la crainte de discours parfois culpabilisants à propos de la crise.

Le rôle social vs la célébration

Cela ne signifie pas pour autant que les Églises aient déserté la crise. Elles ont été actives mais par les œuvres d’entraide : CSP, EPER, CARITAS aux côtés d’autres institutions et associations religieuses et sociales.

Du côté de la paroisse, nous étions prêts à entrer en discussion pour des aides financières ou matérielles ponctuelles. Nous nous sommes approchés des services sociaux pour faire connaître notre ouverture. Sans résultat.

Il me semble (suis-je le seul ?) qu’on a oublié que l’Église compte parmi les acteurs sociaux, non seulement par les institutions parallèles (oeuvres d’entraide), mais surtout dans une dimension de proximité dans l’espace paroissial, local, régional.

Nous avons manifesté notre soutien et notre disponibilité par des téléphones et des publications destinés d’abord aux paroissiens âgés, ceux que nous connaissons.

Les médias ont relayé des images d’une précarité qui est soudainement apparue. Des files d’attente pour obtenir un cabas de nourriture nous ont tous bouleversés. Mais, ce qui m’a interpellé encore plus, c’est le silence et l’absence des représentants des Églises face à ce vrai problème de société. Il n’y a pas eu de prise de parole en lien avec cette pauvreté soudainement offerte à nos yeux.

J’ai plus entendu un appel au Conseil fédéral, appel issu d’abord des catholiques, de pouvoir reprendre les offices religieux. Mais, je n’ai pas entendu une même ferveur, un même empressement, pour venir en aide aux précarisés de notre société. Je pensais, j’espérais que la pauvreté matérielle et sociale était tout aussi importante que des célébrations. Je me trompais.

Ma conclusion relative et personnelle : les Églises sont perçues d’abord dans leur dimension liturgique. De leur côté, elles mettent en avant la célébration, comme seule forme de présence au monde. On l’a constaté dans tout ce qui a été développé sur internet pour rester en lien malgré l’absence de rassemblement. Je ne jette la pierre à personne, puisque nous l’avons fait, nous aussi.

La capacité à changer

La crise du COVID-19 va-t-elle changer quelque chose à la donne ? Cet arrêt sur image nous a contraints à revoir nos habitudes, notre manière de travailler et de fonctionner, à prendre conscience de ce qui vraiment important. On s’était promis de ne plus revenir au monde d’avant. On s’était dit…

Et alors ?

Dès que des mesures d’assouplissement ont été annoncées, on a vu des groupes se former à nouveau, on a demandé plus que ce que les autorités permettaient. On a parfois enfreint les règles. L’humain est un animal grégaire… Ou n’est pas.

À l’annonce d’une possible reprise des offices religieux dès le 28 mai, j’ai constaté des appels à « reprendre aussi vite que possible ». Sans forcément se demander comment. On a vite oublié le « aussi lentement que nécessaire » qui allait avec. « Nous d’abord » en quelque sorte1. Il ne s’agit pas seulement des aspects pratiques : nombre de places, désinfection des mains et liste de présence, mais de considérer cette reprise comme un nouveau départ, comme une réponse à des questions fondamentales soulevées par la crise du COVID-19 : notre rappport à la société en-dehors des rendez-vous communautaires, notre ouverture à ceux qu’on ne voit jamais dans nos rassemblements, notre manière d’être en lien au-delà des seuls rendez-vous dominicaux.

Au lieu de cela, on pense d’abord à un retour à avant, un retour à la normale, comme si le monde était redevenu normal, comme si rien n’avait changé. Ce que nous avons vécu serait donc juste une parenthèse, refermée maintenant et qu’on va vite oublier. Ça relève peut-être de l’anecdote, mais, dans la paroisse, on a repris le programme des cultes là où on l’avait laissé en mars, sans se poser la question de changements notoires. On continue…

Alors, où sont nos belles promesses ? Où est notre témoignage, personnel et communautaire, qu’un autre monde est possible. La possiblité nous est offerte de ne pas retomber dans nos ornières et on y court à grands pas. Parce que c’est rassurant. Je pensais, j’espérais que toutes ces plaintes d’une pression professionnelle insupportable, d’une course à toujours plus, d’une perte de repères trouveraient un écho pendant ces deux mois, pour repartir autrement. Je me trompais.

Ma conclusion relative et personnelle : nous n’aimons pas les changements et encore moins lorsqu’ils sont radicaux. Nous avons besoin de routines qui rassurent. Même si, au plus fort de la crise, nous étions prêts à tout revoir de nos comportements, avec des belles promesses à la clé, la progressive réouverture nous montre que nous ne sommes pas prêts à renoncer. Entre pression économique, sécurité sanitaire et idéalisme social, les autorités et nous avec naviguons à vue. Je pensais, j’espérais qu’une interruption des célébrations serait l’occasion de les penser d’une autre manière dorénavant, qu’il y aurait une envie de nouveauté, un renouveau possible. Je me trompais.

Autre chose… Oui, mais quoi ? Je ne sais pas, pas encore, je l’avoue.

En prenant un peu de hauteur, à l’image de Zachée2, je trouve que le jeune homme riche nous ressemble beaucoup ou que nous lui ressemblons beaucoup, c’est selon : « il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens… (qu’il n’était pas encore prêt à laisser derrière lui) »3. Et nous, quels sont ces grands biens que nous n’abandonnerions pour rien au monde… même pas pour un autre monde, peut-être pas meilleur, mais différent ?

[Cet article pourra être modifié au gré de vos commentaires]

Je vous invite à lire cet article signé Pinkilla.

 

Photo mise en avant by Yann Allegre on Unsplash, autres photos : Pixabay