En chemin

Je viens de terminer la lecture du livre L’Évangile en chemin écrit par la pasteure Hetty Overeem. C’est un livre de vacances, à n’en point douter. Cette pasteure a sillonné les routes du Canton de Vaud avec un chien, un âne, un tipi, une roulotte. Son livre renferme de très belles réflexions entre la marche et ses préparatifs, les rencontres et l’Évangile.

En route

En lisant ces pages, j’ai pris conscience, et encore plus, que la Bonne Nouvelle (l’Évangile) nous met en route. Pas besoin de disposer d’une roulotte, d’une caravane, d’un âne. Notre corps et notre esprit suffisent amplement. L’Évangile nous déplace, nous questionnant, interrogeant nos certitudes, alimentant nos discussions. L’Évangile n’est pas d’abord un livre de réponses qui serait le but ultime de notre marche dans le monde, mais un livre de questions qui nous ouvre un chemin que chacun parcourra à son rythme, et dont le but est de vivre le plus en adéquation possible avec ces valeurs portées par cet Évangile, justement.

Invitation

Cet été, nous irons peut-être marcher, ou ferons-nous du camping ? Nous nous mettrons en route vers des horizons encore inconnus. Et même si nous restons à la maison, rien ne nous empêchera de nous mettre en chemin vers nous-mêmes, vers notre prochain, vers Dieu, en prenant pour seul bagage l’Évangile, tout à la fois carnet de route, carte et boussole.

Bel été et bonne route.

Retrouvez une émission de Radio R avec Hetty Overeem du 16.09.2021

Hetty Overeem: Et si on se mettait à l’écoute de Dieu?! – RADIO R (radio-r.ch)

Ce texte est paru sous la forme d’un Instantané dans le Courrier de La Neuveville du 1er juillet 2022.

Image par Aurore Duwez de Pixabay 

 

Qu’attendez-vous ?


Prédication lors de la célébration oecuménique sur la Place de la Liberté de La Neuveville le dimanche 26 juin 2022. La thématique retenue était l’attente : « Vous êtes attendus », telle était l’invitation donnée largement ce jour-là.

« Et vous, qu’attendez-vous de moi ? » C’est la question que j’ai posée à mes collègues lors de la préparation de cette célébration oecuménique. Pour toute réponse, il y a d’abord eu un long silence. Puis, cette proposition : « Et si tu nous parlais des attentes de Dieu ? » Merci les collègues ! La réponse à cette question n’était de loin pas évidente. Et j’aurais pu lire des livres de théologie, pour tenter d’esquisser une réflexion sans doute compliquée. Mais j’ai préféré puiser quelques pistes à partir de mes expériences vécues, et notamment de mon engagement à La Lanterne, l’aumônerie de rue oecuménique en Ville de Neuchâtel. Et en y réfléchissant, il m’est venu ce texte biblique :

Jésus savait que le Père avait tout remis entre ses mains, qu’il était venu de Dieu et qu’il retournait vers Dieu. Il se leva de table, quitta ses vêtements et prit un linge qu’il mit autour de sa taille. Ensuite il versa de l’eau dans un bassin et il commença à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait autour de la taille (…)

Après leur avoir lavé les pieds, il reprit ses vêtements, se remit à table et leur dit : Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous avez raison, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres, car je vous ai donné un exemple afin que vous fassiez comme je vous ai fait. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé. Si vous savez cela, vous êtes heureux, pourvu que vous le mettiez en pratique.

Évangile de Jean 13, 3-5.12-17

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La leçon de la nature

Les conditions météo actuelles nous incitent à penser à nos jardins, à préparer le terrain, à retourner le sol. Et éclosent alors les questions :  que va-t-on planter ? Est-ce que c’est le bon moment ? Faut-il encore attendre un peu ?

La nature, dans toute sa diversité, est riche d’enseignements pour nos vies tout humaines. En effet, une graine contient en elle une vie en devenir, encore invisible à nos yeux. Pour que cette vie prenne vie justement, il faut que le grain meure. Il faut laisser le temps à la nature afin qu’elle fasse son œuvre pour que sorte de terre une plante à la forme particulière que le grain ne montre pas encore. Pensez encore aux chenilles, parfois un peu « moches » qui donneront naissance à de magnifiques papillons après un temps passé dans le secret de la chrysalide.

La nature et Pâques disent la même chose : Jésus le Christ est passé par cette « chrysalide » en forme de tombeau, pour passer de la mort que nous croyons connaître à une vie nouvelle aux contours toujours à découvrir.
Nos existences connaissent indéniablement de ces moments « creux », de ces deuils, des « Samedi-Saint » où il ne se passe rien, du moins en apparence. Et c’est justement dans ces « hivers » apparents que la transformation commence à s’opérer et nous pourrions bien être surpris de la forme que prendra notre avenir sous le regard de Celui qui créa le ciel et la terre. Et il vit que cela était bon, très bon même.

Ce texte légèrement modifié a été publié pour la première fois dans le Courrier de La Neuveville.

Image par GLady de Pixabay

La prière des ânes

Lors du culte des Rameaux, le 10 avril 2022, à la Blanche-Église de La Neuveville, j’ai partagé cette prière trouvée sur le site de l’Église protestante unie de Grenoble.

Prière des ânes

Donne-nous, Seigneur, de garder les pieds sur terre,
et les oreilles dressées vers le ciel pour ne rien perdre de ta parole.
Donne-nous, Seigneur, un dos courageux,
pour supporter les hommes les plus insupportables.
Donne-nous, Seigneur, d’avancer tout droit,
en méprisant les caresses flatteuses autant que les coups de bâton.
Donne-nous, Seigneur, d’être sourds aux injures, à l’ingratitude,
c’est la seule surdité que nous ambitionnons.
Ne nous donne pas d’éviter toutes les sottises,
car un âne fera toujours des âneries.
Donne-nous simplement, Seigneur,
de ne pas désespérer de ta miséricorde si gratuite
pour ces ânes si disgracieux que nous sommes
à ce que disent les pauvres humains.
Lesquels n’ont rien compris ni aux ânes ni à Toi,
qui a fui en Egypte avec un de nos frères
et qui a fait ton entrée prophétique à Jérusalem
sur le dos d’un des nôtres.

Lien direct, cliquez ici.

Image : Jaclou-Dl sur Pixabay

Et si on faisait de la spiritualité comme M. Jourdain ?

Quelques mots et réflexions posés humblement à propos de la beauté des rencontres. Ces rencontres qui font mon quotidien, qui sont au cœur de mon métier d’aumônier et de diacre. Ces rencontres qui me font prendre conscience que mon humanité est (beaucoup) plus que ce que j’imaginais. Finalement, on ressemble à M. Jourdain qui faisait de la prose sans en avoir l’air.

On se rencontre autour de la rencontre

Récemment, nous nous sommes retrouvés entre collègues de différentes aumôneries pour faire le point sur nos engagements et en apprendre un peu plus sur ce que font les uns et les autres. Nous nous sommes vite mis d’accord autour d’un mot commun qui nous anime et donne du sens à nos ministères : la rencontre. En partageant, j’ai pris conscience qu’il n’y a pas une mais des rencontres (combien ? Au moins, mille et une). Les discussions m’ont encore montré que nous faisons de la spiritualité à la manière de M. Jourdain qui faisait de la prose sans en être conscient. La rencontre ouvre à cette dimension spirituelle, parce qu’elle est portée par la confiance qui s’instaure entre nous, écoutants et écoutés. Que ce soit auprès des prisonniers, de personnes avec handicap, de migrant, d’étudiants, au-delà des mots, il y a ce lien qui se crée, se développe et se renforce au fil du temps. Ce lien qui fait passer de la confiance à la confidence.

Gens, Filles, Femmes, Étudiants, Copains, En Parlant
Autour de la table, pour parler de la rencontre – Source : https://pixabay.com

On n’est pas seul quand on se rencontre

Aumônier à La Lanterne, lieu d’accueil de l’aumônerie œcuménique de rue en Ville de Neuchâtel, nous accueillons trois fois par semaine nos visiteurs et visiteuses. Le Coin Bistrot ouvre à des discussions parfois terre-à-terre, mais tellement essentielles : là, autour d’un café, d’une soupe ou d’un bircher, des émotions peuvent s’exprimer, des déceptions, des colères, des remords, des joies, des envies qui ont alors droit à la parole. Et c’est là, justement, que la dimension spirituelle de la rencontre, authentique, se révèle. Et c’est certainement, nous responsables du lieu, diacre, animateur et bénévoles, qui prenons conscience qu’il y a plus que l’écouté et l’écoutant. Je prends le risque de nommer ce plus Dieu, le Dieu de Jésus-Christ. Je peux aussi l’appeler le Ressuscité ou plus prosaïquement la Vie. Cette vie qui est faite de relations.

Chaque rencontre est unique, imprévue. Avant chaque ouverture, je ne sais pas, nous ne savons pas, de quoi elle sera faite, ce qui sera partagé, confié. Alors, j’ai pris l’habitude de remettre ce moment d’accueil dans les mains de plus grand que moi, dans un temps de prière souvent partagé avec le ou la bénévole de service. La configuration « Covid-compatible » nous permet d’accueillir un maximum de quatre personnes en même temps. Parfois, une seule est présente et quel cadeau que de lui faire de la place pour qu’elle puisse se raconter et c’est justement dans ces moments-là que je prends conscience que nous sommes rejoints par celui que je me risque à appeler le Dieu de la Vie. Lorsque nous nous quittons, je remercie la personne du cadeau de sa confiance. Je dis ma gratitude à Ce-Plus-Grand qui a permis ce partage.

Ces rencontres du quotidien

Il y a d’autres rencontres, encore plus imprévues. Par exemple, dans les transports publics. Retrouver un ami, s’asseoir là où il ne reste qu’une place libre. Parler de la pluie et du beau temps d’abord et soudain, une révélation. Je me souviens de cette voisine d’un trajet en bus qui après quelques instants m’annonce qu’elle revient de l’hôpital, me parle de ses ennuis de santé, de sa situation familiale… Et lorsque je la quitte, elle me fait un sourire que je devine derrière le masque. Un moment de spiritualité, de confiance, de joie profonde. Parce qu’il n’était ni prévu ni attendu, encore moins espéré, il m’en est que plus précieux.

Auto, Autobus, Car Postal, Montagnes, Trajet De Bus
Car postal, train, trolleybus, autant de lieux de rencontres inattendues – Source de l’image : https://pixabay.com

L’expérience m’a aussi montré que les rencontres « arrangées » ne sont pas aussi personnelles. Souvent, on ne sait trop quoi se dire, parce qu’il faut bien dire quelque chose. Mais, quand on fait quelques pas dans le jardin autour du home, quand on s’assoit sous un parasol et qu’on déguste un sirop, quand on regarde quelques instants un match de tennis ou un bout de série télévisée, il se passe quelque chose au-delà des mots maladroits que je pourrais prononcer.

Ces rencontres dans des moments-clés

J’ai aussi rencontré des familles, des parents, dans des moments-clés de l’existence. Lorsque des mariés veulent placer leur union sous l’amour de Dieu; lorsque des parents souhaitent faire baptiser leur enfant; lorsque un décès vient bouleverser un équilibre familial, il y a alors rencontre. Au-delà des retrouvailles au moment de la célébration, il y a auparavant une rencontre teintée de questions existentielles, de confidences du style : « On n’est pas très croyants, vous savez, mais… » Et l’important, je crois, n’est pas de donner des réponses toutes faites, mais d’accompagner des questions, d’oser dire que je n’en sais pas plus, mais que j’ai confiance…

Allons-y !

Revenons à notre séance de travail entre collègues. Quelques idées on fusé : et si on était encore plus proactifs, si on initiait nous-mêmes et d’abord la rencontre en allant vers, en sortant de notre zone de confort. En invitant aussi les collègues et paroissiens à faire de même pour se rencontrer en toute humanité et en toute humilité à la Lanterne, sur un banc public, à la terrasse autour d’un café… On se prend à rêver d’un camping-car qui sillonnerait les routes et s’arrêterait là où les gens sont… À l’image du Rencar dans le Jura et Jura bernois. C’est certainement une forme d’Église de la rencontre que nous sommes plusieurs à appeler de nos vœux.