En ce troisième dimanche du temps de l’Avent, les textes proposés nous invitent à la rencontre avec Jean, celui qu’on appelle le Baptiste. Est-il celui qu’on attendait. « Qui es-tu ? » La question lui est posée. Elle nous est posée à nous aussi dans notre marche commune vers Noël.
Accueil
Ce matin aurait pu ressembler à tous les autres matins. Et pourtant, il n’a rien d’ordinaire.
D’abord, parce que nous pouvons à nouveau et enfin nous rassembler et nous revoir. Ensuite, parce l’extraordinaire de Dieu jaillit dans l’ordinaire de nos vies. Enfin, parce que Dieu nous accueille et nous rend visite dans ce que nous vivons. Il est là, avec nous et au milieu de nous.
Ce matin ne ressemblera plus à tous les autres matins. Il a quelque chose d’extraordinaire.
Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père, de Jésus-Christ son Fils et notre Sauveur dans le souffle et l’unité du Saint-Esprit.
Amen.
Invocation
Nous t’attendons, Seigneur notre Dieu, le cœur en éveil.
C’est par toi que nous vivons, car c’est toi qui renouvelles nos forces et notre espérance et qui donnes à notre vie son centre de gravité et son fondement.
Entends nos prières, accueille notre louange, éclaire notre vie, nourris notre foi.
Et que cette heure nous rapproche de toi et des autres, et surtout de ceux qui ne sont pas là avec nous, afin qu’ensemble, tous ensemble, nous formions la famille de tes enfants.
Amen !
Lectures
Textes du jour : Esaïe 49, 5-9 et 13 et Jean 1, 6-9 et 19-28
Voici le témoignage de Jean lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des Lévites pour lui demander : « Toi, qui es-tu ? »
Il déclara et sans restriction affirma : « Moi, je ne suis pas le Messie. »
Ils lui demandèrent : « Qui es-tu donc ? Es-tu Elie ? »
Et il dit : « Je ne le suis pas. »
« Es-tu le prophète ? »
Et il répondit : « Non. »
Ils lui dirent alors : « Qui es-tu ? Nous devons donner une réponse à ceux qui nous ont envoyés ! Que dis-tu de toi-même ? »
« Moi, dit-il, je suis la voix de celui qui crie dans le désert : ‘Rendez le chemin du Seigneur droit’, comme l’a dit le prophète Esaïe. »
Prédication
Les temps changent… Soudain
Cette année nous a donné un autre rapport au temps. Plus de temps que nous imaginions en avoir. Ou du temps qui nous venait à manquer parfois. Souvenez-vous, quand on courait d’un rendez-vous à une réunion. Quand on essayait de « caser » une fête de famille pour que chacun soit là, jonglant avec les agendas surchargés. Quand on ne savait plus vraiment prendre du temps, du bon temps.
Et soudain, voilà du temps à accueillir, à occuper, à remplir.
Au début, c’était étrange. Il y a eu deux attitudes que j’ai remarquées : la première, celle du soulagement : « Enfin, je vais pouvoir me reposer, prendre soin de moi, faire tout ce que j’ai remis à plus tard… Les rangements, notamment ! »
Et une autre, plus angoissante : « Que vais-je faire de mes journées ? »
Mais, peut-être aussi que ce printemps, cette année n’ont rien changé à votre rythme de travail.
Alors, peu à peu, on s’est habitué à cette situation. Pas le choix. Il fallait faire avec. Alors s’est posée la question : comment passer ces journées qui soudain pouvaient se dérouler différemment ?
Relire les classiques
Peut-être en avez-vous profité pour lire ou relire des classiques de la littérature. Découvrir de nouveaux auteurs contemporains ou regarder des films et séries en ligne et en boucle !
Pour ma part, j’aurais aimé relire la saga « Les Misérables » de Victor Hugo. J’aurais aimé me replonger dans cette histoire.
Mais, le temps m’a manqué. Eh oui ! La pastorale du téléphone et la pastorale de l’écran ne m’ont pas laissé suffisamment de temps.
Alors, en cette période de l’Avent, chargée elle aussi, je me rattrape en relisant avec plaisir les textes des Évangiles qui nous préparent à Noël. J’aime le faire chaque année. Je vois ainsi le décor se mettre peu à peu en place. Je découvre l’un après l’autre les personnages qui me font regarder vers la crèche, vers l’enfant à naître, vers la lumière du monde venue éclairer nos vies.
Et Jean le Baptiste, au bord du Jourdain, qui reste pour beaucoup aussi un personnage énigmatique.
Un trait d’union : « On se disait que… Peut-être… »
Jean-Baptiste nous permet de faire le lien entre le premier Testament et le second. Il nous rappelle que c’est bien une seule et même histoire qui se joue. Mais, on se pose cette question. Mais on lui pose cette question : « Qui es-tu ? » Et Jean chasse d’un revers de main toutes les spéculations qu’on pouvait faire à son sujet. Il n’est ni le Messie, ni Elie, encore moins le prophète qui étaient attendus.
Parce qu’au temps de Jean, les promesses qui annonçaient le Messie, l’envoyé de Dieu, qui affirmaient qu’Elie allait revenir ou qu’un prophète allait se lever étaient dans toutes les mémoires.
On guettait des signes qui diraient que les choses allaient changer, que les prophéties allaient se réaliser, qu’on avait raison de ne pas désespérer, qu’on avait raison de croire toujours et encore.
Alors, en voyant Jean baptiser aux bords du Jourdain, on se dit que… On espère que … Et on veut en avoir le cœur net : « Qui es-tu ? »
Jean répond : il est une voix. La voix de celui qui crie dans le désert.
De prime abord, je voyais cette voix se perdre, emportée par le vent, ricochant d’écho en écho, dans un lieu vide. Mais, en y réfléchissant, je comprends que le désert est le lieu privilégié de la rencontre avec Dieu, ce lieu qui place chacun face à Dieu et à lui-même. Souvenez-vous, par exemple, de Jésus au désert juste après son baptême par Jean, justement.
Jean est cette voix qui rend témoignage. Cette voix qui annonce un chemin vers celui qui est la lumière du monde. Cette lumière que Dieu vient déposer dans notre monde et dans nos vies. Il annonce celui qui est déjà là, mais que personne ou presque n’a remarqué. Jean annonce que les prophéties d’Esaïe sont sur le point de se réaliser, là sous les yeux de ceux qui sont aux bords du Jourdain.
Se rappeler que Dieu n’oublie pas
Il affirme ainsi qu’on a raison de croire, de ne pas désespérer. Qu’on aurait tort de se résigner, pensant que le temps emporte tout vers l’oubli. Car on le sait, Dieu n’oublie pas !
En relisant le début de l’Évangile de Luc, on découvre que Dieu a entendu la prière du prêtre Zacharie et qu’il ne l’a pas oubliée :
Ta femme Elisabeth – dit le messager – te donnera un fils et tu l’appelleras Jean.
Jean… ce sera le Baptiste.
Je ne sais pas, mais il me plaît de croire que le vieux Zacharie avait peut-être tiré un trait sur son désir d’être père, qu’il avait abandonné l’idée, se disant que c’était sans doute trop audacieux ou trop tard de demander à Dieu une descendance. Mais rien n’est impossible à Dieu.
Jean rend témoignage. C’est-à-dire qu’il affirme une vérité. Celui qui vient, le Christ, le Messie annoncé, est aux portes du Jourdain. Jean prépare le chemin, comme on prépare jour après jour la crèche, mais il se retirera pour donner tout l’espace, toute la place à Jésus-Christ.
Tous en route…
A l’image de Jean, les personnages de la crèche que sont Joseph et Marie, les bergers, les mages venus de loin, les anges dans le ciel, tous nous entraînent à nous mettre en route, au moins intérieurement vers Bethléem. À regarder celui qui est sur le point de naître. Par leurs témoignages, parfois teintés de doutes, et c’est tant mieux, ils nous entraînent dans leur histoire qui devient alors la nôtre aussi.
Une histoire pour tous et qui s’adresse à tous
C’est cela qui est beau dans ces histoires : elles nous posent, chacune à sa manière, cette question : « Qui es-tu ? » « Que dis-tu de toi-même ? »
Ces histoires nous mettent face à nous-mêmes et nous invitent à regarder au-delà de ce que nous voyons, prenant conscience qu’il y a en chacune d’elles une part d’universel et en chacun de nous une part de divin.
Après Jean viendra Jésus de Nazareth qui racontera, à son tour, l’histoire de Dieu et des hommes. À Jésus, on posera cette même question « Qui es-tu ? » Dieu répondra : « Tu es mon Fils bien-aimé ».
Et Jésus mettra aussi ceux et celles qui croiseront son chemin face à cette même question : « Qui es-tu ? » Et il donnera sa réponse, celle de Dieu : « Tu es celui ou celle en qui Dieu place toute son affection ».
Amen.
Confession de foi
Ô Dieu de la vie,
Nous croyons que tu soutiens la petite flamme qui s’obstine à briller dans notre cœur.
Nous croyons que tu renouvelles notre courage quand il risque de disparaître.
Nous faisons confiance à tous les petits signes qui nous aident à attendre le jour de ta venue.
Nous croyons à la force d’une rencontre qui nous permet d’espérer les retrouvailles.
Nous avons l’espoir indestructible qu’un jour nous verrons notre sauveur.
Nous croyons en ton fils Jésus, qui vient tout fragile nous rencontrer dans la pauvreté.
Amen.
Prière d’intercession
Nous ouvrons nos mains et nos cœurs pour prier :
Seigneur,
Sur ce chemin qui nous conduit à la rencontre de ton Fils bien-aimé, apprends-nous à vivre chaque jour en servantes et serviteurs, en témoins, nous mettant à l’écoute de ta voix et à celle de nos frères et sœurs en humanité. Dans le monde, dans notre petit monde, ici, tout près, montre-nous le service que tu attends de chacun. Et donne-nous cette joie de le partager avec d’autres, eux aussi en chemin.
Seigneur,
Que notre service prenne la forme du témoignage en paroles et en actes et qu’ensemble nous portions ta lumière auprès de ceux qui ont abandonné tout espoir. Nous te confions tous ceux qui vivent difficilement ces jours, ceux qui sont loin de chez eux, qui souffrent à cause de la maladie, de la séparation, de la solitude. Nous te confions tous ceux qui ne ménagent ni leur temps ni leurs efforts pour aider, soigner, accompagner. Rends-nous attentifs, oreilles grandes ouvertes, à leurs cris.
Faisons silence. Dans le secret de notre cœur, prions le Seigneur.
Membres d’une même famille, enfants d’un même Père, animés d’un même Esprit, nous pouvons dire, avec confiance, la prière que Jésus nous a lui-même enseignée :
Notre Père qui es aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés
Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire
Aux siècles des siècles. Amen
Envoi et bénédiction
Les portes vont s’ouvrir, nous allons retrouver les visages connus, d’autres que nous aurons peut-être de la peine à reconnaître, les rues de notre ville et ses vitrines décorées, la maison qui nous est familière, la peine des malades, les joies, les solitudes, les émotions à fleur de peau : la vie comme elle est.
Redis-nous, ô Père, que nous n’avons pas rêvé.
Redis-nous, ô Père, que de l’extraordinaire a jailli dans notre ordinaire.
En Jésus, tu nous fais la grâce d’une nouvelle naissance, par lui, tu nous donnes la vie pour les siècles des siècles.
Que le Seigneur de toute éternité dépose sa lumière en vos cœurs, qu’il fasse luire au plus profond de votre être la flamme de l’espérance. Ce feu qui ne s’éteint jamais.
Que le Seigneur vous bénisse et vous garde, aujourd’hui, demain et tous les jours.
Lui le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Amen.