Dans le prolongement des premières Assises diaconales romandes qui se sont tenues en 2021 autour des actions de services dans les Églises réformées de Suisse romande, un groupe de travail a mis sur pied une deuxième Journée diaconale romande autour de ce titre : « PrécaritéS. Lieux d’accueil et d’engagement ». Cette journée, organisée avec Diaconie Suisse a eu le 24 février dernier aux Jardins Divers de Lausanne.
Réunissant des responsables, animateurs et animatrices et bénévoles de lieux d’accueil en Suisse romande, cette rencontre a permis de faire connaissance, de mettre des visages sur des noms, de partager des préoccupations et des manières de faire et d’aborder des enjeux présents et futurs pour les Églises autour de l’accueil, la prise en charge des plus défavorisé-es et les partenariats possibles avec d’autres acteurs. Le CSP-Vaud en la personne de sa présidente, Mme Joerchel, a dressé un portrait des précarités et les moyens de l’accompagner et la soulager. Chacun a pu noter la disparité entre des besoins croissants et complexes et des ressources limitées. La présence remarquée de deux formateurs de l’Office protestant de la formation a mis en évidence la pertinence de visiter de tels lieux d’accueil et d’engagements en vue de ministères diaconaux à venir et pourquoi pas à inventer.
La journée aurait pu se terminer sur un sentiment d’impuissance et de résignation. Mais, c’est tout le contraire : au travers des contacts établis, des initiatives et des présentations qui ont jalonné la journée, chacun a repris le chemin de retour avec le sentiment que l’union fait la force. Comme le souligne Jacqueline Lavoyer dans l’article de Diaconie Suisse : « Un vent de renouveau souffle sur la diaconie ».
L’émission de la RTS Mise au Point a consacré un reportage à l’Espace Solidaire Pâquis (présent lors de la Journée diaconale romande). On y découvre une réalité poignante aux côtés du pasteur Luis Velasquez.
Je viens de terminer la lecture du livre L’Évangile en chemin écrit par la pasteure Hetty Overeem. C’est un livre de vacances, à n’en point douter. Cette pasteure a sillonné les routes du Canton de Vaud avec un chien, un âne, un tipi, une roulotte. Son livre renferme de très belles réflexions entre la marche et ses préparatifs, les rencontres et l’Évangile.
En route
En lisant ces pages, j’ai pris conscience, et encore plus, que la Bonne Nouvelle (l’Évangile) nous met en route. Pas besoin de disposer d’une roulotte, d’une caravane, d’un âne. Notre corps et notre esprit suffisent amplement. L’Évangile nous déplace, nous questionnant, interrogeant nos certitudes, alimentant nos discussions. L’Évangile n’est pas d’abord un livre de réponses qui serait le but ultime de notre marche dans le monde, mais un livre de questions qui nous ouvre un chemin que chacun parcourra à son rythme, et dont le but est de vivre le plus en adéquation possible avec ces valeurs portées par cet Évangile, justement.
Invitation
Cet été, nous irons peut-être marcher, ou ferons-nous du camping ? Nous nous mettrons en route vers des horizons encore inconnus. Et même si nous restons à la maison, rien ne nous empêchera de nous mettre en chemin vers nous-mêmes, vers notre prochain, vers Dieu, en prenant pour seul bagage l’Évangile, tout à la fois carnet de route, carte et boussole.
Bel été et bonne route.
Retrouvez une émission de Radio R avec Hetty Overeem du 16.09.2021
Quelques mots et réflexions posés humblement à propos de la beauté des rencontres. Ces rencontres qui font mon quotidien, qui sont au cœur de mon métier d’aumônier et de diacre. Ces rencontres qui me font prendre conscience que mon humanité est (beaucoup) plus que ce que j’imaginais. Finalement, on ressemble à M. Jourdain qui faisait de la prose sans en avoir l’air.
On se rencontre autour de la rencontre
Récemment, nous nous sommes retrouvés entre collègues de différentes aumôneries pour faire le point sur nos engagements et en apprendre un peu plus sur ce que font les uns et les autres. Nous nous sommes vite mis d’accord autour d’un mot commun qui nous anime et donne du sens à nos ministères : la rencontre. En partageant, j’ai pris conscience qu’il n’y a pas une mais des rencontres (combien ? Au moins, mille et une). Les discussions m’ont encore montré que nous faisons de la spiritualité à la manière de M. Jourdain qui faisait de la prose sans en être conscient. La rencontre ouvre à cette dimension spirituelle, parce qu’elle est portée par la confiance qui s’instaure entre nous, écoutants et écoutés. Que ce soit auprès des prisonniers, de personnes avec handicap, de migrant, d’étudiants, au-delà des mots, il y a ce lien qui se crée, se développe et se renforce au fil du temps. Ce lien qui fait passer de la confiance à la confidence.
On n’est pas seul quand on se rencontre
Aumônier à La Lanterne, lieu d’accueil de l’aumônerie œcuménique de rue en Ville de Neuchâtel, nous accueillons trois fois par semaine nos visiteurs et visiteuses. Le Coin Bistrot ouvre à des discussions parfois terre-à-terre, mais tellement essentielles : là, autour d’un café, d’une soupe ou d’un bircher, des émotions peuvent s’exprimer, des déceptions, des colères, des remords, des joies, des envies qui ont alors droit à la parole. Et c’est là, justement, que la dimension spirituelle de la rencontre, authentique, se révèle. Et c’est certainement, nous responsables du lieu, diacre, animateur et bénévoles, qui prenons conscience qu’il y a plus que l’écouté et l’écoutant. Je prends le risque de nommer ce plus Dieu, le Dieu de Jésus-Christ. Je peux aussi l’appeler le Ressuscité ou plus prosaïquement la Vie. Cette vie qui est faite de relations.
Chaque rencontre est unique, imprévue. Avant chaque ouverture, je ne sais pas, nous ne savons pas, de quoi elle sera faite, ce qui sera partagé, confié. Alors, j’ai pris l’habitude de remettre ce moment d’accueil dans les mains de plus grand que moi, dans un temps de prière souvent partagé avec le ou la bénévole de service. La configuration « Covid-compatible » nous permet d’accueillir un maximum de quatre personnes en même temps. Parfois, une seule est présente et quel cadeau que de lui faire de la place pour qu’elle puisse se raconter et c’est justement dans ces moments-là que je prends conscience que nous sommes rejoints par celui que je me risque à appeler le Dieu de la Vie. Lorsque nous nous quittons, je remercie la personne du cadeau de sa confiance. Je dis ma gratitude à Ce-Plus-Grand qui a permis ce partage.
Ces rencontres du quotidien
Il y a d’autres rencontres, encore plus imprévues. Par exemple, dans les transports publics. Retrouver un ami, s’asseoir là où il ne reste qu’une place libre. Parler de la pluie et du beau temps d’abord et soudain, une révélation. Je me souviens de cette voisine d’un trajet en bus qui après quelques instants m’annonce qu’elle revient de l’hôpital, me parle de ses ennuis de santé, de sa situation familiale… Et lorsque je la quitte, elle me fait un sourire que je devine derrière le masque. Un moment de spiritualité, de confiance, de joie profonde. Parce qu’il n’était ni prévu ni attendu, encore moins espéré, il m’en est que plus précieux.
L’expérience m’a aussi montré que les rencontres « arrangées » ne sont pas aussi personnelles. Souvent, on ne sait trop quoi se dire, parce qu’il faut bien dire quelque chose. Mais, quand on fait quelques pas dans le jardin autour du home, quand on s’assoit sous un parasol et qu’on déguste un sirop, quand on regarde quelques instants un match de tennis ou un bout de série télévisée, il se passe quelque chose au-delà des mots maladroits que je pourrais prononcer.
Ces rencontres dans des moments-clés
J’ai aussi rencontré des familles, des parents, dans des moments-clés de l’existence. Lorsque des mariés veulent placer leur union sous l’amour de Dieu; lorsque des parents souhaitent faire baptiser leur enfant; lorsque un décès vient bouleverser un équilibre familial, il y a alors rencontre. Au-delà des retrouvailles au moment de la célébration, il y a auparavant une rencontre teintée de questions existentielles, de confidences du style : « On n’est pas très croyants, vous savez, mais… » Et l’important, je crois, n’est pas de donner des réponses toutes faites, mais d’accompagner des questions, d’oser dire que je n’en sais pas plus, mais que j’ai confiance…
Allons-y !
Revenons à notre séance de travail entre collègues. Quelques idées on fusé : et si on était encore plus proactifs, si on initiait nous-mêmes et d’abord la rencontre en allant vers, en sortant de notre zone de confort. En invitant aussi les collègues et paroissiens à faire de même pour se rencontrer en toute humanité et en toute humilité à la Lanterne, sur un banc public, à la terrasse autour d’un café… On se prend à rêver d’un camping-car qui sillonnerait les routes et s’arrêterait là où les gens sont… À l’image du Rencar dans le Jura et Jura bernois. C’est certainement une forme d’Église de la rencontre que nous sommes plusieurs à appeler de nos vœux.
Lors du culte du Synode de l’Église réformée évangélique du Canton de Neuchâtel (EREN), ce mercredi 1er décembre, j’ai été installé dans mon poste d’aumônier de rue en Ville de Neuchâtel. Avec trois de mes collègues, Yvena, Sébastien et Anne-Pascale, nous avons été invités à dire quelques mots à propos de nos engagements respectifs. Je partage ce que j’ai dit à cette occasion.
Une lanterne est une lumière qui éclaire un peu le chemin qui est devant nous. C’est aussi un repère, la promesse d’une porte, peut-être ouverte sur un lieu hospitalier.
Au centre-ville de Neuchâtel, lorsque la lanterne est allumée devant la porte du lieu d’accueil de l’aumônerie œcuménique de rue, c’est l’invitation à s’arrêter, à entrer, à passer un moment, à discuter ce qui fait la vie, ce qui fait aujourd’hui; qu’il soit rayonnant, morose ou franchement sombre.
La Lanterne, c’est ce lieu « bistrot » où des bénévoles s’engagent pour accueillir habitués ou gens de passage. Ils m’accompagnent, moi l’aumônier responsable, chacun et chacune avec sa personnalité, pour accueillir, écouter et servir. Nous sommes soutenus par un comité engagé lui aussi.
La Lanterne, c’est une chapelle au coeur de la ville, où on prie les uns pour les autres, ou on se soutient.
La Lanterne, c’est encore Yves Conne, animateur de rue bénévole, présent au plus près dans l’espace public. Une belle complicité nous unit pour être là, pour rejoindre et accompagner ceux et celles qui croisent notre route.
Une lanterne, c’est une lumière pour dire que la nuit n’est pas aussi profonde qu’on le croit.
Une lanterne qui fait qu’on peut retrouver l’espoir, parce qu’on est pas seul. Parce qu’on est tous une lumière.
Constantin Bacha a enregistré ce moment. Merci à lui.
Je vous invite encore à prendre le temps de lire la prédication de la pasteure Diane Friedli lors de ce même culte : Une Église aux prises avec le monde.