Unité et solidarité

Demain, lundi 18 janvier, s’ouvre la traditionnelle Semaine de prière pour l’Unité des chrétiens, portée cette année par la Communauté de Grandchamp. Un récent post sur Facebook montre que les sœurs ont été, elles aussi, contraintes à revoir les projets de cette semaine à cause de la situation sanitaire.

Demain, lundi 18 janvier, resteront fermées les portes de nombreux magasins dits non-essentiels (c’est un peu la jungle pour s’y retrouver ! Merci, Heidi news de faire le point). Tantôt excédés, tantôt résignés, les principaux intéressés se sont fait une raison. Pas le choix ! Tous espèrent que les aides financières seront à la hauteur des sacrifices consentis. Quand j’entends qu’à l’horizon de mars, et si rien n’est fait, près de la moitié des établissements publics ne rouvriront pas, j’en reste bouche bée. 

Une couleur particulière

Cette année, sans doute plus que toute autre, la Semaine de l’Unité prendra pour moi, pour vous, pour nous, la couleur de la Solidarité. Solidarité avec celles et ceux qui se voient privés de travail, de revenus, de clients. Mais, et c’est encourageant aussi, assez pour le relever, la plupart feront preuve de créativité et d’imagination pour remettre l’ouvrage sur le métier, sur les réseaux sociaux et sur internet. Ils livreront ou transformeront les magasins en points de retrait ; ce qu’ils avaient déjà fait au printemps dernier.

Actuellement, rien n’interdit le maintien des célébrations religieuses, toujours limitées à 50 personnes. On peut s’en étonner, alors que la limite de rassemblement a été ramenée à 5 un peu partout. À croire que les Églises ne sont pas un peu partout. Alors, si nos communautés pourront se retrouver le dimanche pour célébrer le culte ou la messe, nous y mettrons une couleur particulière, une pensée solidaire, une prière communautaire, un geste concret ou symbolique pour tous ceux et toutes celles qui n’ont pas ce privilège. S’il y a les restaurateurs, il y a aussi tous les acteurs des milieux culturels, sportifs, de loisirs qui devront laisser encore un mois durant une pancarte « FERMÉ ».

Une invitation… Des invitations

Pendant la semaine à venir, nous sommes invités à prier. Prier pour l’unité des chrétiens. L’appel avait été lancé à une époque où le coronavirus était un mot inconnu, tout comme ses effets sur nos rencontres, nos relations et nos activités. Aujourd’hui, nous sommes toujours, et plus que jamais, appelés à perpétuer cet appel, à y répondre, non pas janvier après janvier, mais tous les jours. Encore plus, en cette année.

Prier pour l’unité, oui. Mais prier et agir pour la solidarité, aussi et surtout. Cette solidarité déborde de nos murs d’Églises pour rejoindre celles et ceux qui souffrent aujourd’hui dans leur corps, dans leur moral, dans leur espoir d’un avenir sinon meilleur, du moins envisageable. On peut prier pour que le virus fiche le camp. On peut aussi dire quelques mots de soutien à un libraire local. On peut prier pour que les chrétiens restent fidèles à l’appel du Christ. On peut aussi remercier cette infirmière qui est au bout du rouleau, mais qui continue. On peut prier pour la paix dans le monde. On peut aussi faire en sorte qu’autour de soi, il y ait de vraies relations empreintes d’humanité et non de peur. On peut prier bien au chaud dans son salon avec une musique douce. On peut aussi sortir et aller à la rencontre de ceux qui tournent en rond en ville, parce que tout ou presque est fermé. On peut rendre grâce pour tout le confort qui est le nôtre. On peut aussi faire un don à une œuvre pour aider ici ou ailleurs celui et celle qui n’a pas de toit.

Porter du fruit

Demain, lundi 18 janvier, nous serons beaucoup à prier autour du thème « Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance » – Paroles du Christ. J’espère que nous serons tout autant voire plus à faire un geste, petit ou grand qu’importe. Un geste qui dira qu’Unité et Solidarité sont les deux pieds qui nous font avancer sur nos routes humaines au nom de l’amour du prochain. Un amour tout humain. Un amour qui pousse à donner. Un amour aux grands effets. Donner du fruit, et en abondance, pour nourrir, pour encourager, pour faire du bien, pour partager et pour dire qu’on n’est pas seul. Pour qu’Unité et Solidarité ne soient jamais réduits à des mots cachés dans un dictionnaire, mais des raisons de ne pas désespérer. Des raisons de vivre, tout simplement.

 

Une vive espérance

En lisant les vœux d’Antoine Nouis, le sel et la grâce, j’ai commencé à laisser ses mots résonner.  Il m’est alors venu cette petite réflexion entre espoir et espérance :

L’espoir est parfois un peu fou, parfois naïf, souvent déçu. L’espoir, c’est « si seulement… »

L’espérance, c’est autre chose. C’est parfois tout aussi fou, pas si naïf que ça en a l’air, mais jamais déçu. L’espérance, c’est « malgré tout ! »

Et, en même temps, je me suis laissé imprégner de ce tableau de mon épouse Myriam. Elle l’a intitulé JOUR DE PLUIE. Si le ciel est nuageux, tourmenté, agité, il y a aussi, et c’est cela qui compte, des pointes de ciel bleu, comme des signes prometteurs d’avenir. Car, comme le dit l’adage populaire :

Après la pluie, le beau temps.

Tableau de Myriam Leresche – JOUR DE PLUIE

Ce sont là mes vœux pour cette année sur le point de commencer : de l’espérance, toujours et malgré tout. De l’émerveillement, de la confiance, de la lucidité et, comme le dit Antoine Nouis, une bonne dose de grâce. Tout cela pour vous, vos proches et ceux que vous aimez.

Et n’hésitez pas à visiter le site de mon artiste préférée, il y a de quoi être émerveillé : myacrylique.wordpress.com.

BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2021.

Dernier billet

Stop ou encore ? Cette question m’occupe, ou plutôt m’obsède, depuis quelque temps. Ai-je encore l’envie, la motivation et l’enthousiasme nécessaires de continuer ce blog personnel ? Rien ni personne d’extérieur à moi ne me contraint à le continuer ni à l’arrêter.

Je décide d’y mettre un point final. Ma décision est un choix, mon choix. Lâche ou lucide ? À chacun de se faire son opinion.

Pourquoi bloguer ?

Le commencement de ce blog, il y a environ 18 mois, coïncidait avec mon engagement professionnel dans la paroisse de La Neuveville. Je pensais alors mon blog comme un journal de bord de mes expériences, des retours d’expérience, une mise en ligne de matériel liturgique.

Une autre raison a été de rejoindre ceux et celles qui se lançaient ou étaient déjà présents sur le web protestant, en y apportant ma couleur particulière et singulière de diacre, voire à motiver d’autres diacres à se lancer dans l’aventure.

Ce que j’espérais

En parcourant d’autres blogs, aussi hors du Réseau-protestant, j’imaginais mon blog comme un espace de dialogue, avec ceux et celles du sérail, mais aussi avec ceux et celles qui ne sont pas du nombre des théologiens, pasteurs, ministres : bénévoles, personnes engagées ou non, les « distancés », internautes de tous bord. J’espérais que mes articles suscitent des réactions et autres critiques. Des encouragements ou des questionnements stimulants de ma pratique.

Ce que j’ai constaté et ce qui me fait douter

Mon blog a suscité 14 abonnés. Je les remercie au passage. Il y a bien eu quelques commentaires, plutôt positifs et encourageants de la part de collègues d’abord et surtout. Merci à elles et eux aussi. Pour le reste, peu d’échos. Peut-être que les thématiques abordées, diaconat, diaconie, diacre, église ne parlent finalement pas tant que cela au-delà du cercle des habitués. Sans doute que l’Église n’est plus visible dans le radar de la plupart de nos contemporains.

Des recherches par ces mots-clés sur Google renvoient plus souvent à des sites catholiques et à la compréhension catholique du diaconat/diacre qu’à mon blog. À qui la faute ? À moi, à Google ?

C’est un article un peu plus critique en lien avec la pandémie de COVID-19, Mes projections, qui a suscité le plus de commentaires sur Facebook et que j’ai relayés sur mon blog. Commentaires issus pour la plupart de collègues. Peut-être aurais-je dû persévérer dans la critique. Peut-être…

Autre point. Je le sais bien, et j’essaie de me convaincre : les statistiques ne disent pas tout et que des graphiques ne traduiront jamais totalement ni la qualité ni l’intérêt de mon blog, mais ce sont des indicateurs que je ne peux pas ignorer non plus. Mon blog n’a pas vraiment décollé.

Je pourrais écrire juste pour moi, sans me soucier des chiffres, mais j’ai constaté que j’ai besoin de retours pour resté motivé.

Je m’en doutais aussi, mais la rédaction de « bons » billets nécessite du temps, de l’énergie, des recherches. Il faut dégager cette disponibilité. Ce n’était pas impossible, mais prenant.

Mes articles étaient-ils « bons »  ou aussi « bons » que je croyais et l’espérais ? En tout cas, ils n’ont pas déclenché une avalanche de commentaires, ni mêmes suffisamment à mon humble avis, pour m’encourager à continuer. Je ne blâme personne. C’est un constat, ni plus ni moins. Est-ce la qualité, la quantité, le contenu, la thématique qui étaient à côté ? Ai-je visé à côté de la cible ? Peut-être…

Sans doute que le rythme de parution était élevé et que je me suis peut-être brûlé les ailes à vouloir trop en faire. Peut-être… Je peux l’admettre.

Le monde réformé, dont une manifestation se rencontre sur internet, est-il suffisamment connu et ouvert pour être perçu comme un espace où se rencontrent ceux et celles qui en sont et ceux et celles qui n’en sont pas ?

D’abord, ce monde réformé intéresse-t-il encore au-delà de ses seuls acteurs et actrices ? J’en doute. Ai-je tort ? Peut-être…

Un collègue et ami compare le web protestant à une bulle qu’il est difficile de faire éclater.  Cette image m’interpelle et je me demande : est-ce nous, ceux du dedans, qui ne parvenons pas à faire éclater cette bulle ? Est-ce eux, ceux du dehors, qui n’y arrivent pas ? L’enveloppe est-elle au moins perméable ou si imperméable que rien ne rentre ni ne sort ?

Je constate que le web protestant est à l’image de l’Église : auto-centré. Les difficultés à rejoindre vraiment ceux qui ne sont pas là dans nos engagements et activités paroissiales se retrouvent dans l’internet.

Si je devais prendre une image pour décrire ce qu’a été jusqu’à aujourd’hui mon blog, je dirais ceci : je me suis donné du mal pour planter et entretenir un beau jardin, mais si bien clôturé que bien peu ont osé ou pensé s’y arrêter. Peut-être ai-je même empêché, sans le vouloir, certains d’y pénétrer. Peut-être…

Ce que l’expérience m’a apporté

D’abord, et grâce au concours d’autres blogueurs, j’ai acquis des compétences techniques de bases, appris quelques rudiments dans le référencement et dans WordPress. C’est déjà ça.

J’ai découvert des personnes et des contenus passionnants, des idées novatrices que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire et à regarder.

J’ai noué de belles amitiés au travers de blogs-amis dont j’ai relayé certains contenus, commenté d’autres, valorisé des points de vues. Ces amitiés perdureront au-delà de mon seul blog, j’en suis certain.

Un regard un peu plus lucide et critique sur la pertinence du partage sur les réseaux sociaux, où un contenu et des commentaires ont quelque chose de très éphémère mais de tellement pratique.

Et maintenant, et demain ?

Aujourd’hui, je fais le choix, sans doute discutable, de quitter la scène du web protestant et de signer mon dernier billet. Je le fais sans regret ni remords, mais avec un pincement au cœur quand même. Parce que je crois y avoir mis pas mal de moi-même, une bonne dose de sincérité et d’authenticité.

Et après ? Je ne sais pas. Pas encore. Il y a plusieurs options possibles :

  • Garder mon nom de domaine et y développer un autre contenu.
  • Résilier mon nom de domaine à son échéance, en février prochain.
  • Laisser mon blog en l’état, sous forme d’archive.
  • Repartir avec un autre chose, un autre nom.
  • Ce à quoi je n’ai pas pensé.

Il me reste encore quelques mois pour me décider. Je me donne du temps.

Vous avez été nombreux à m’encourager. Vos messages, commentaires, remarques ont été des marques d’amitiés que je garde précieusement et c’est sans doute là le plus bel effet de mon blog.

Aujourd’hui, je n’ai plus l’enthousiasme de continuer l’aventure. Je continuerai de vous suivre par vos blogs, si vous en tenez un, par d’autres canaux et des rencontres ici ou là.

À vous toutes et à vous tous va ma reconnaissance. Je vous adresse un merci sincère. Bonne route à vous et prenez bien soin de vous.

La dernière séance.… Le rideau sur l’écran vient de tomber.

La diaconie dans l’espace politique

J’ai déjà eu l’occasion d’aborder la présence de l’Église dans l’espace public, c’est-à-dire la société civile, la population. Mais, il est encore un autre lieu que les Églises, au-delà de leurs confessions, ont à reconquérir : l’espace politique, qui prend de l’importance à la veille de la votation sur l’initiative pour des multinationales responsables.

La politique est l’affaire de tous

En cette fin d’été 2020, l’initiative pour des multinationales responsables peut compter sur le soutien d’Églises, de paroisses et de communautés, et de personnes engagées. Cette initiative rejoint les valeurs telles que la sauvegarde de l’environnement (ou dans le langage chrétien de la Création) et des droits humains (la dignité).

Il est sans doute bon de rappeler que la politique n’est pas seulement l’affaire des élu.e.s, mais de chacun et chacune d’entre nous. Le système démocratique suisse permet aux citoyens que nous sommes non seulement d’élire nos représentants, mais aussi de nous exprimer, de lancer initiatives et référendums, jusqu’à demander à l’ensemble de la population suisse s’il faut ou non couper les cornes des vaches.

La Vache, Boeuf, Museau, Ongulés, Animaux, L'Élevage

Églises et État font-ils bon ménage ?

J’ai souvent entendu que si on est chrétien.ne, il n’est pas toujours bon de se mêler de politique. Parce que Dieu et l’État ne sont pas faits pour s’entendre… Parce que le monde et les politiciens sont soit corrompus ou sous l’emprise du Mal. Étrange, quand je lis cette invitation dans la Bible :

J’encourage donc avant tout à faire des demandes, des prières, des supplications, des prières de reconnaissance pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et en tout respect. Voilà ce qui est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, lui qui désire que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité.

1 Timothée 2, 1-4.

Je crois, au contraire, qu’en tant que citoyen et chrétien, je peux élire des hommes et des femmes, soutenir des causes, défendre des idéaux qui correspondent à mes valeurs chrétiennes. Je crois même qu’il est de mon devoir de le faire. Comme il est de mon devoir de dénoncer des abus, des situations injustes et inacceptables qui violent la dignité et les droits humains, qui bafouent les plus faibles et mettent à mal l’environnement. Raison pour laquelle j’ai soutenu la norme anti-homophobie et je soutiens l’initiative pour des multinationales responsables.

Les Églises peuvent-elles faire de la politique ?

Je crois que, non seulement, elle le peut, mais elle le doit. Il en va de sa responsabilité devant les hommes et devant Dieu. On m’a raconté qu’à une époque, le pasteur, en chaire à la fin du culte, invitait ses fidèles à aller voter et orientait parfois le choix :

Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, n’oubliez pas d’aller glisser votre oui (ou votre non) dans l’urne.

Extrait fictif d’un culte non moins fictif.

Ce temps-là est révolu. Mais l’engagement des Églises sur la scène politique, lui, n’a pas disparu. Et des causes sont soutenues par les communautés ecclésiastiques, à l’image de celle visant à responsabiliser les multinationales dans leurs agissements à l’étranger ou d’autres qui défendent la liberté et la dignité inaliénables de chaque être humain : homme, femme, enfant, quel qu’il soit.

Que ce soit à titre individuel ou communautaire, nous sommes aussi souvent interpellés par les œuvres d’entraide, EPER ou PPP, au sujet d’objets de votations et des enjeux qu’elles soulèvent.

Je discerne encore d’autres domaines où les Églises ont eu leur mot à dire. Pensons à la norme anti-homophobie, condamnant les discriminations liées à l’orientation sexuelle ou plus tôt à l’initiative contre l’immigration de masse. Deux exemples parmi d’autres, beaucoup d’autres.

Urne, Démocratie, Politique, Vote, Droit De Vote, Tour

Cependant, je trouve que les Églises sont souvent trop absentes ou trop timides sur le devant de la scène politique. Lors de campagnes, entre opposants et partisans, surtout lorsque des valeurs universelles sont en jeu, je n’entends pas les voix des Églises. Je ne les perçois pas dans le concert des pour ou des contre. Le prétexte que chacun est libre de voter ce qu’il veut, en âme et conscience, est un faux prétexte.

J’ai été déçu par l’absence des Églises aux côtés des associations qui venaient en aide aux plus pauvres, soudainement visibles, parce que renvoyés par leur employeur et non déclarés. Ou alors, les médias n’ont pas jugé utile de montrer des engagements concrets qui ont bien eu lieu en certains endroits.

Par contre, j’ai entendu l’Église catholique insisté (haut et fort) auprès du Conseil fédéral pour avancer la reprise des célébrations en présence à Pentecôte 2020.

L’Église est politique

[voir le commentaire reçu qui a légèrement influencé la rédaction de cette partie]

Le fonctionnement des autorités de l’Église, notamment réformée, est calqué sur le système fédéral bicaméral   et fait que l’Église fait de la politique. Qu’elle le veuille ou non.

Il y a deux « chambres » ou organes qui assurent la gouvernance. Le synode, majoritairement laïc, est composé de député.e.s élu.e.s par les paroisses ; c’est le pouvoir législatif, décisionnel. L’autre, le conseil synodal lui aussi plus laïc que ministériel dont les membres sont appelés conseiller.ère.s, assumant le pouvoir exécutif et appliquant les décisions synodales.

Au-delà de sa seule structure, l’Église a à défendre les plus défavorisés, à crier à l’injustice, à protéger la dignité et la liberté humaine, à s’engager dans l’accueil de l’étranger et sa reconnaissance et cela en tant qu’institution « Église ».

S’engager ?

Je connais personnellement des hommes et des femmes qui s’affichent chrétien.ne.s et qui s’engagent ou se sont engagé.e.s en politique que ce soit dans un gouvernement cantonal ou aux Chambres fédérales. Et leurs convictions ont donné une couleur particulière à leur engagement politique. Je pense ici à la famille de Jacques-André et Monika Maire.

Je connais d’autres personnes, tout aussi engagées qui ont rejoint une association ou un comité de défense.

Choix, Sélectionnez, Décider, Décision, Vote, Politique

J’en connais encore d’autres qui, individuellement, donnent de la voix lors de campagnes, sont présents sur les réseaux sociaux ou les médias, sur les marchés pour récolter des signatures, informer ou convaincre la population.

Ce sont, à mon sens, des actes chrétiens. Quoi qu’on puisse en dire !

 

Vos expériences et vos remarques sont les bienvenues en commentaires de cet article.

Priez ! Rompez !

La nouvelle ne vous aura sans doute pas échappé ou si, justement. La RTS a relayé l’info que le 5 juillet dernier, les membres d’un bataillon militaire ont été choqués, voire blessés, par l’invitation de l’aumônier militaire à prier le « Notre Père ». Dans les rangs de l’armée, comme dans les couloirs des institutions de soins, l’aumônier n’est plus ce qu’il était et est appelé à devenir qui il devra. Et si l’aumônier quittait l’Église ?

L’espace public, l’espace laïc ?

Dans un autre billet, j’ai fait mention de la présence de la diaconie dans l’espace public. Je la conçois comme une manière d’animer, de donner de la vie, de provoquer l’invitation et la convivialité et aussi, par ce biais, d’aborder des questions plus profondes, existentielles et spirituelles. Je pensais m’arrêter là, mais la dépêche mentionnée plus haut, et les propos suivants me font réagir.

De nombreux militaires ont été choqués, voire blessés, par ce moment. La lecture de la Bible et surtout l’invitation à la prière ont été ressenties comme une atteinte à leur liberté de croyance. D’autant que ce bataillon est composé majoritairement de Genevois, un canton laïque où l’Etat doit observer une stricte neutralité religieuse.

Les mots sont durs : « choqués », « blessés » par une invitation qui est entendue comme une obligation : « Compagnie, priez ! » Je ne connais pas l’aumônier en question (ou je ne crois pas le connaître). Mais n’est-ce pas son rôle que de remettre l’Église au milieu de la troupe ? Je n’ai pas entendu les mots qu’il a employés, mais une invitation peut se décliner. Sans doute que le retour d’une marche n’était pas le plus opportun pour faire tenir debout les soldats. Je ne suis pas soldat, je ne sais pas.

Mais, ce qui est révélateur, c’est le recours à la laïcité et la mention spécifique au Canton de Genève brandies comme l’étendard de notre liberté. La laïcité, on la met à toutes les sauces pour justifier toutes les exclusions. L’État est laïc dans son ensemble et promeut la liberté de croyance à chacun de ses citoyens. Liberté de ne pas pratiquer tout comme de pratiquer d’ailleurs. À quel titre, le Canton de Genève serait-il plus laïc que Neuchâtel ?

Et enfin, la stricte neutralité religieuse impliquerait donc de ne pas en parler, d’en faire un sujet tabou. On flaire quand même une compréhension de ce qu’on entend de la laïcité : l’évacuation de toute référence religieuse de l’espace public. A-t-on oublié que le Préambule de la Constitution fédérale commence par : Au nom de Dieu tout-puissant ? Et Genève de mentionner un héritage spirituel dans la sienne ?

Préambule
Le peuple de Genève,
reconnaissant de son héritage humaniste, spirituel, culturel et scientifique, ainsi que de son appartenance à la Confédération suisse,
convaincu de la richesse que constituent les apports successifs et la diversité de ses membres,
résolu à renouveler son contrat social afin de préserver la justice et la paix, et à assurer le bien-être des générations actuelles et futures,
attaché à l’ouverture de Genève au monde, à sa vocation humanitaire et aux principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme,
déterminé à renforcer une république fondée sur les décisions de la majorité et le respect des minorités,
dans le respect du droit fédéral et international,
adopte la présente constitution :

Source : Site de la République et Canton de Genève (consulté le 27.07.2020)

Spirituel plutôt que religieux.

Le profil de l’aumônier a évolué et évoluera encore, c’est certain. Il n’est plus l’ecclésiastique envoyé par une Église (ou communauté) pour rendre visite à ses paroissiens. Il a déjà acquis une dimension œcuménique indéniable.

Mais l’évolution la plus notoire est le glissement du religieux au spirituel. L’aumônier n’est plus le représentant d’une identité confessionnelle. Il n’est plus l’homme de Dieu, mais le spécialiste du spirituel dans son ensemble, surtout évacué de Dieu.

Par ailleurs, il [Noël Pedreira, remplaçant du chef de l’aumônerie de l’armée suisse] estime que la question de la modernité de l’aumônerie militaire est déjà prise en compte dans de nouvelles directives. « Aujourd’hui, les aumôniers de l’armée sont davantage dans le domaine de la spiritualité que dans celui de la religion, afin d’accompagner les soldats », dit-il.

J’ai constaté les débuts de cette évolution il y a une dizaine d’années au CHUV, lorsque j’y faisais mon stage. Les aumôniers préféraient la dénomination d’accompagnants spirituels. Et depuis, le vocabulaire a encore changé : Spécialiste en soins spirituels. La formation destinée aux accompagnants s’académise, elle aussi. Il est révolu le temps où chacun fixait ses propres objectifs de stage, ce que j’ai encore fait en 2011.

Le monde a changé. L’aumônier aussi.

Cette évolution est en marche pour correspondre à une réalité sociologique : le fait que nombre de patients, de soldats, de personnes ne pratiquent plus une religion ni ne se reconnaissent dans les Églises institutionnelles.

Cette réalité, je l’ai côtoyée de nombreuses années, notamment auprès des personnes âgées, dont bon nombre se réclamaient encore d’une des deux religions : catholique ou protestante. Mais, le personnel soignant ne se référait que peu à un ancrage religieux. Il en a été  de même des familles et proches que j’ai pu accompagner.

Se faire tout à tous… Vraiment ? En toute transparence.

Je ne suis pas convaincu par cette évolution dans la dénomination, je l’avoue. La réalité qui a été la mienne, aumônier réformée dans des EMS du Canton de Neuchâtel, m’a fait voir que le modèle proposé par le CHUV n’était pas encore entré dans le fonctionnement de toutes les institutions de Suisse et d’ailleurs.

Ne cherche-t-on à avancer masqués, à cacher ce qu’on croit (ou ce qui nous anime) pour être toléré dans des lieux qui défendent (peut-être maladroitement) la liberté de croyance ? Ne serait-il pas plus simple d’inscrire à l’entrée des homes par exemple : « Dans ce lieu, chacun est libre de croire ou non. Ses croyances seront respectées et il est possible de demander un accompagnement humain et spirituel respectueux. »

La réalité qui est la mienne actuellement, diacre en paroisse envoyé par elle dans les institutions pour y visiter les résidents et célébrer des cultes, date encore de l’ancien modèle. Et je m’y sens (encore) bien.

Derrière cette évolution lexicale d’aumônier à spécialiste, ne cherche-t-on à justifier la présence de représentant.e.s des Églises dans les institutions ? J’écris des Églises, mais je sais que les spécialistes en soins spirituels sont engagés par le CHUV et que le lien avec une communauté religieuse est de moins en moins évident, voire plus du tout. L’aumônerie du CHUV est devenue un système en circuit fermé, sans ouverture vers la communauté : des célébrations ont lieu dans la chapelle de l’hôpital, les visites sont faites majoritairement par les employés de l’aumônerie et devient un centre de recherche.

Et si, et si, les aumôniers d’antan étaient une espèce en voie de disparition ? Ils le sont déjà.

Et si, à l’avenir, les spécialistes en soins spirituels n’avaient plus de liens avec les Églises et qu’ils devenaient des académiciens ? Ils le deviennent. À voir le chemin entrepris, je me dis que cette option pourrait bien devenir la norme d’ici pas longtemps. Pour notre bien ? L’avenir nous le dira. Je reste sur la réserve.

Comme un poumon

En tant que diacre, j’aime ce double mouvement de l’intérieur vers l’extérieur, de l’extérieur vers l’intérieur. J’aime être sur le seuil entre société civile et communauté Église. J’aime comparer mon rôle à un poumon qui inspire et expire, qui accueille et envoie. Dans mes activités, passées et présentes, j’ai eu la chance de pouvoir rendre compte de ce que je faisais en-dehors de là où je le faisais. Et cela a éveillé l’intérêt et de la reconnaissance. J’ai aussi pu amener ceux qu’on ne voit jamais là où je travaillais là où je travaillais et cela a éveillé de l’intérêt et de la reconnaissance.

Lors de cérémonies d’adieux, et après en avoir discuté avec la famille, j’ai invité l’assemblée à prier le Notre Père. Parfois, je me suis senti bien seul à le réciter, mais c’est important de le faire. C’est une prière qui rassemble aussi ceux qui ne sont pas là. Elle a du sens et du poids pour moi. Elle nous inscrit dans une histoire, celle des enfants de Dieu. Il s’agit de ne pas l’oublier, sans doute plus encore à l’heure d’un décès. Et si on ne la dit pas soi-même, elle a son effet pour ceux qui l’entendent (ou pas). À la sortie, je n’ai rencontré personne qui avait été choqué ou blessé d’avoir entendu ces mots, mais le contexte était différent de celui d’une troupe de miliaires.

Différent, vraiment ?

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