Ces derniers jours, j’ai écrits des messages de fin d’année. J’ai terminé chacun par quelques lignes autour de Noël. J’aurais pu bien sûr reprendre à chaque fois le même texte. Mais, j’ai renoncé à cette solution de facilité pour personnaliser ces méditations. Je les partage ici.
Noël aura une couleur particulière
Évidemment, cette année, Noël aura une couleur particulière. Qui a dit qu’il serait plus terne ?
Au contraire, cette fête illuminera ces mois d’une vive espérance.
Noël est un heureux événement qui donne de la joie à qui l’accueille. Noël est ce jour qui se lève pour rappeler que demain est déjà là. Noël est ce moment de la vie où tout commence, où rien n’est impossible.
Pensez à ce Dieu qui vient naître au milieu d’animaux, dans la pauvreté d’une mangeoire. Ce petit d’homme qui est certainement passé inaperçu aux yeux de beaucoup et qui va changer le cours de l’histoire des hommes.
Noël, c’est le soleil qui réchauffe la terre et lui apporte toute la chaleur d’un amour inconditionnel. Dieu ne nous abandonne pas. Bien au contraire, il se fait proche, si proche qu’il vient naître dans ce monde.
Aujourd’hui, cette Bonne Nouvelle résonne dans nos cœurs, dans nos voix, tout autour de nous : un Sauveur nous est né ! Alors, n’ayons plus peur.
Noël essentiel
Ce Noël ne nous inviterait-il pas à redécouvrir l’essentiel ?
Toute la force d’une naissance, d’une présence, d’une parole, d’une écoute, de quelques mots…
Que ce Noël vous soit joyeux, vraiment !
Nous le fêterons différemment, évidemment. Nous pourrions regretter les grandes tablées de l’année dernière.
Nous pouvons aussi en faire (un peu) moins pour apprécier ce qui nous est donné. Ce qui nous est donné, c’est un Sauveur ! Un Fils, une lumière, une espérance. Rien de moins.
Ce qui nous est donné, c’est un Amour ! Sans condition, sans mérite, par pur don et pure grâce, car cela vient de Dieu.
Gardons confiance que rien ne peut nous séparer de cet Amour manifesté en Christ.
Noël, quatre petites lettres
Noël, quatre petites lettres de notre alphabet ; un mot dans le dictionnaire ; un jour dans l’année. Trois fois rien ou si peu. À l’image d’une graine ou d’un bourgeon. On risquerait bien ne pas le voir ou de l’écraser par mégarde, ce petit mot de rien du tout.
Noël, ça change tout. Ça donne un nom à une promesse. Ça illumine la nuit du monde. Ça ravive les espoirs les plus fous et ça nous met en route vers un avenir dont on peut qu’esquisser les contours encore flous.
Mais Noël, ça dit surtout, pour moi et pour nous, une certitude : Dieu est là. Dieu est avec nous. Dieu ne nous lâche pas. Dieu nous sauve de toutes nos peurs. Dieu croit en nous !
Noël dit à sa manière…
À vous toutes et tous, à vos proches et familles, j’adresse tous mes vœux pour un Noël joyeux. Oui, il le sera, car …
Noël dit à sa manière que Dieu veille et nous rejoint dans nos vies.
Noël dit à sa manière que Dieu ne nous abandonne pas, se réfugiant bien à l’abri dans ses cieux lointains, loin des vicissitudes du monde.
Noël dit à sa manière que Dieu veut et vient partager notre condition pour nous ouvrir un chemin lumineux fait d’espérance et de confiance.
Et que l’année qui vient soit placée sous le signe de l’espérance. Que la présence de Dieu, à l’image de l’étoile qui guida les mages, nous guide nous aussi dans les mois à venir.
Confiance, il nous appelle.
Noël, la visite de Dieu
Noël, c’est Dieu qui nous visite. Il vient discret et humble.
À Noël, Dieu se tait pour laisser ses messagers parler. Il laisse la parole aux anges, aux bergers, aux mages. Tous raconteront ce qu’ils ont vu et entendu. Ils annonceront une Bonne Nouvelle.
Marie, elle, ne dira rien, mais se laissera bouleverser par tout ce qu’elle entend et le gardera en mémoire.
Noël est la visite de Dieu dans notre vie. Il nous met en marche vers ceux et celles qui nous attendent. Il nous laisse dire avec nos mots sa Parole. Il habite nos silences partagés.
Noël, c’est Dieu qui est là, silencieux et présent. Il ne s’impose pas, mais se propose.
En ce troisième dimanche du temps de l’Avent, les textes proposés nous invitent à la rencontre avec Jean, celui qu’on appelle le Baptiste. Est-il celui qu’on attendait. « Qui es-tu ? » La question lui est posée. Elle nous est posée à nous aussi dans notre marche commune vers Noël.
Accueil
Ce matin aurait pu ressembler à tous les autres matins. Et pourtant, il n’a rien d’ordinaire.
D’abord, parce que nous pouvons à nouveau et enfin nous rassembler et nous revoir. Ensuite, parce l’extraordinaire de Dieu jaillit dans l’ordinaire de nos vies. Enfin, parce que Dieu nous accueille et nous rend visite dans ce que nous vivons. Il est là, avec nous et au milieu de nous.
Ce matin ne ressemblera plus à tous les autres matins. Il a quelque chose d’extraordinaire.
Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père, de Jésus-Christ son Fils et notre Sauveur dans le souffle et l’unité du Saint-Esprit.
Amen.
Invocation
Nous t’attendons, Seigneur notre Dieu, le cœur en éveil.
C’est par toi que nous vivons, car c’est toi qui renouvelles nos forces et notre espérance et qui donnes à notre vie son centre de gravité et son fondement.
Et que cette heure nous rapproche de toi et des autres, et surtout de ceux qui ne sont pas là avec nous, afin qu’ensemble, tous ensemble, nous formions la famille de tes enfants.
Voici le témoignage de Jean lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des Lévites pour lui demander : « Toi, qui es-tu ? »
Il déclara et sans restriction affirma : « Moi, je ne suis pas le Messie. »
Ils lui demandèrent : « Qui es-tu donc ? Es-tu Elie ? »
Et il dit : « Je ne le suis pas. »
« Es-tu le prophète ? »
Et il répondit : « Non. »
Ils lui dirent alors : « Qui es-tu ? Nous devons donner une réponse à ceux qui nous ont envoyés ! Que dis-tu de toi-même ? »
« Moi, dit-il, je suis la voix de celui qui crie dans le désert : ‘Rendez le chemin du Seigneur droit’, comme l’a dit le prophète Esaïe. »
Prédication
Les temps changent… Soudain
Cette année nous a donné un autre rapport au temps. Plus de temps que nous imaginions en avoir. Ou du temps qui nous venait à manquer parfois. Souvenez-vous, quand on courait d’un rendez-vous à une réunion. Quand on essayait de « caser » une fête de famille pour que chacun soit là, jonglant avec les agendas surchargés. Quand on ne savait plus vraiment prendre du temps, du bon temps.
Et soudain, voilà du temps à accueillir, à occuper, à remplir.
Au début, c’était étrange. Il y a eu deux attitudes que j’ai remarquées : la première, celle du soulagement : « Enfin, je vais pouvoir me reposer, prendre soin de moi, faire tout ce que j’ai remis à plus tard… Les rangements, notamment ! »
Et une autre, plus angoissante : « Que vais-je faire de mes journées ? »
Mais, peut-être aussi que ce printemps, cette année n’ont rien changé à votre rythme de travail.
Alors, peu à peu, on s’est habitué à cette situation. Pas le choix. Il fallait faire avec. Alors s’est posée la question : comment passer ces journées qui soudain pouvaient se dérouler différemment ?
Relire les classiques
Peut-être en avez-vous profité pour lire ou relire des classiques de la littérature. Découvrir de nouveaux auteurs contemporains ou regarder des films et séries en ligne et en boucle !
Mais, le temps m’a manqué. Eh oui ! La pastorale du téléphone et la pastorale de l’écran ne m’ont pas laissé suffisamment de temps.
Alors, en cette période de l’Avent, chargée elle aussi, je me rattrape en relisant avec plaisir les textes des Évangiles qui nous préparent à Noël. J’aime le faire chaque année. Je vois ainsi le décor se mettre peu à peu en place. Je découvre l’un après l’autre les personnages qui me font regarder vers la crèche, vers l’enfant à naître, vers la lumière du monde venue éclairer nos vies.
Et parmi eux, il y a Jean le Baptiste qui n’est pas sans me rappeler Jean Valjean, le héros des Misérables. Car, tous les deux sont un trait d’union entre deux temps, entre deux tomes d’une même histoire. Jean Valjean, passant du bagne de Toulon à la haute société de Paris, sous le nom de M. Madeleine qui reste une énigme à percer pour l’inspecteur Javert.
Et Jean le Baptiste, au bord du Jourdain, qui reste pour beaucoup aussi un personnage énigmatique.
Un trait d’union : « On se disait que… Peut-être… »
Jean-Baptiste nous permet de faire le lien entre le premier Testament et le second. Il nous rappelle que c’est bien une seule et même histoire qui se joue. Mais, on se pose cette question. Mais on lui pose cette question : « Qui es-tu ? » Et Jean chasse d’un revers de main toutes les spéculations qu’on pouvait faire à son sujet. Il n’est ni le Messie, ni Elie, encore moins le prophète qui étaient attendus.
Parce qu’au temps de Jean, les promesses qui annonçaient le Messie, l’envoyé de Dieu, qui affirmaient qu’Elie allait revenir ou qu’un prophète allait se lever étaient dans toutes les mémoires.
On guettait des signes qui diraient que les choses allaient changer, que les prophéties allaient se réaliser, qu’on avait raison de ne pas désespérer, qu’on avait raison de croire toujours et encore.
Alors, en voyant Jean baptiser aux bords du Jourdain, on se dit que… On espère que … Et on veut en avoir le cœur net : « Qui es-tu ? »
Jean répond : il est une voix. La voix de celui qui crie dans le désert.
De prime abord, je voyais cette voix se perdre, emportée par le vent, ricochant d’écho en écho, dans un lieu vide. Mais, en y réfléchissant, je comprends que le désert est le lieu privilégié de la rencontre avec Dieu, ce lieu qui place chacun face à Dieu et à lui-même. Souvenez-vous, par exemple, de Jésus au désert juste après son baptême par Jean, justement.
« Qui es-tu ? » Cette question n’est pas lancée en l’air, elle fait au contraire son chemin dans notre cœur et notre être, jusque dans nos profondeurs, mais aussi dans ce vis-à-vis avec Dieu qui se tient là. Silencieux vis-à-vis qui écoute.
Jean est cette voix qui rend témoignage. Cette voix qui annonce un chemin vers celui qui est la lumière du monde. Cette lumière que Dieu vient déposer dans notre monde et dans nos vies. Il annonce celui qui est déjà là, mais que personne ou presque n’a remarqué. Jean annonce que les prophéties d’Esaïe sont sur le point de se réaliser, là sous les yeux de ceux qui sont aux bords du Jourdain.
Se rappeler que Dieu n’oublie pas
Il affirme ainsi qu’on a raison de croire, de ne pas désespérer. Qu’on aurait tort de se résigner, pensant que le temps emporte tout vers l’oubli. Car on le sait, Dieu n’oublie pas !
Ta femme Elisabeth – dit le messager – te donnera un fils et tu l’appelleras Jean.
Jean… ce sera le Baptiste.
Je ne sais pas, mais il me plaît de croire que le vieux Zacharie avait peut-être tiré un trait sur son désir d’être père, qu’il avait abandonné l’idée, se disant que c’était sans doute trop audacieux ou trop tard de demander à Dieu une descendance. Mais rien n’est impossible à Dieu.
Jean rend témoignage. C’est-à-dire qu’il affirme une vérité. Celui qui vient, le Christ, le Messie annoncé, est aux portes du Jourdain. Jean prépare le chemin, comme on prépare jour après jour la crèche, mais il se retirera pour donner tout l’espace, toute la place à Jésus-Christ.
Tous en route…
A l’image de Jean, les personnages de la crèche que sont Joseph et Marie, les bergers, les mages venus de loin, les anges dans le ciel, tous nous entraînent à nous mettre en route, au moins intérieurement vers Bethléem. À regarder celui qui est sur le point de naître. Par leurs témoignages, parfois teintés de doutes, et c’est tant mieux, ils nous entraînent dans leur histoire qui devient alors la nôtre aussi.
Qui ne s’est pas, au moins une fois, identifié à Marie, à Joseph, à Jean Valjean ou à Cosette des Misérables ? On dirait, pour de faux…
Une histoire pour tous et qui s’adresse à tous
C’est cela qui est beau dans ces histoires : elles nous posent, chacune à sa manière, cette question : « Qui es-tu ? » « Que dis-tu de toi-même ? »
Ces histoires nous mettent face à nous-mêmes et nous invitent à regarder au-delà de ce que nous voyons, prenant conscience qu’il y a en chacune d’elles une part d’universel et en chacun de nous une part de divin.
Après Jean viendra Jésus de Nazareth qui racontera, à son tour, l’histoire de Dieu et des hommes. À Jésus, on posera cette même question « Qui es-tu ? » Dieu répondra : « Tu es mon Fils bien-aimé ».
Et Jésus mettra aussi ceux et celles qui croiseront son chemin face à cette même question : « Qui es-tu ? » Et il donnera sa réponse, celle de Dieu : « Tu es celui ou celle en qui Dieu place toute son affection ».
Je crois qu’il est bon de relire, toujours et encore, ce que nous croyons connaître, les Évangiles ou Les Misérables. Il est bon aussi d’avancer sur le chemin de l’Avent, et de la rencontre, avec cette question adressée à soi d’abord et aux autres ensuite : « Qui es-tu ? »
Amen.
Confession de foi
Ô Dieu de la vie,
Nous croyons que tu soutiens la petite flamme qui s’obstine à briller dans notre cœur.
Nous croyons que tu renouvelles notre courage quand il risque de disparaître.
Nous faisons confiance à tous les petits signes qui nous aident à attendre le jour de ta venue.
Nous croyons à la force d’une rencontre qui nous permet d’espérer les retrouvailles.
Nous avons l’espoir indestructible qu’un jour nous verrons notre sauveur.
Nous croyons en ton fils Jésus, qui vient tout fragile nous rencontrer dans la pauvreté.
Amen.
Prière d’intercession
Nous ouvrons nos mains et nos cœurs pour prier :
Seigneur,
Sur ce chemin qui nous conduit à la rencontre de ton Fils bien-aimé, apprends-nous à vivre chaque jour en servantes et serviteurs, en témoins, nous mettant à l’écoute de ta voix et à celle de nos frères et sœurs en humanité. Dans le monde, dans notre petit monde, ici, tout près, montre-nous le service que tu attends de chacun. Et donne-nous cette joie de le partager avec d’autres, eux aussi en chemin.
Seigneur,
Que notre service prenne la forme du témoignage en paroles et en actes et qu’ensemble nous portions ta lumière auprès de ceux qui ont abandonné tout espoir. Nous te confions tous ceux qui vivent difficilement ces jours, ceux qui sont loin de chez eux, qui souffrent à cause de la maladie, de la séparation, de la solitude. Nous te confions tous ceux qui ne ménagent ni leur temps ni leurs efforts pour aider, soigner, accompagner. Rends-nous attentifs, oreilles grandes ouvertes, à leurs cris.
Faisons silence. Dans le secret de notre cœur, prions le Seigneur.
Membres d’une même famille, enfants d’un même Père, animés d’un même Esprit, nous pouvons dire, avec confiance, la prière que Jésus nous a lui-même enseignée :
Notre Père qui es aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés
Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire
Aux siècles des siècles. Amen
Envoi et bénédiction
Les portes vont s’ouvrir, nous allons retrouver les visages connus, d’autres que nous aurons peut-être de la peine à reconnaître, les rues de notre ville et ses vitrines décorées, la maison qui nous est familière, la peine des malades, les joies, les solitudes, les émotions à fleur de peau : la vie comme elle est.
Redis-nous, ô Père, que nous n’avons pas rêvé.
Redis-nous, ô Père, que de l’extraordinaire a jailli dans notre ordinaire.
En Jésus, tu nous fais la grâce d’une nouvelle naissance, par lui, tu nous donnes la vie pour les siècles des siècles.
Que le Seigneur de toute éternité dépose sa lumière en vos cœurs, qu’il fasse luire au plus profond de votre être la flamme de l’espérance. Ce feu qui ne s’éteint jamais.
Que le Seigneur vous bénisse et vous garde, aujourd’hui, demain et tous les jours.
Stop ou encore ? Cette question m’occupe, ou plutôt m’obsède, depuis quelque temps. Ai-je encore l’envie, la motivation et l’enthousiasme nécessaires de continuer ce blog personnel ? Rien ni personne d’extérieur à moi ne me contraint à le continuer ni à l’arrêter.
Je décide d’y mettre un point final. Ma décision est un choix, mon choix. Lâche ou lucide ? À chacun de se faire son opinion.
Pourquoi bloguer ?
Le commencement de ce blog, il y a environ 18 mois, coïncidait avec mon engagement professionnel dans la paroisse de La Neuveville. Je pensais alors mon blog comme un journal de bord de mes expériences, des retours d’expérience, une mise en ligne de matériel liturgique.
En parcourant d’autres blogs, aussi hors du Réseau-protestant, j’imaginais mon blog comme un espace de dialogue, avec ceux et celles du sérail, mais aussi avec ceux et celles qui ne sont pas du nombre des théologiens, pasteurs, ministres : bénévoles, personnes engagées ou non, les « distancés », internautes de tous bord. J’espérais que mes articles suscitent des réactions et autres critiques. Des encouragements ou des questionnements stimulants de ma pratique.
Ce que j’ai constaté et ce qui me fait douter
Mon blog a suscité 14 abonnés. Je les remercie au passage. Il y a bien eu quelques commentaires, plutôt positifs et encourageants de la part de collègues d’abord et surtout. Merci à elles et eux aussi. Pour le reste, peu d’échos. Peut-être que les thématiques abordées, diaconat, diaconie, diacre, église ne parlent finalement pas tant que cela au-delà du cercle des habitués. Sans doute que l’Église n’est plus visible dans le radar de la plupart de nos contemporains.
Des recherches par ces mots-clés sur Google renvoient plus souvent à des sites catholiques et à la compréhension catholique du diaconat/diacre qu’à mon blog. À qui la faute ? À moi, à Google ?
C’est un article un peu plus critique en lien avec la pandémie de COVID-19, Mes projections, qui a suscité le plus de commentaires sur Facebook et que j’ai relayés sur mon blog. Commentaires issus pour la plupart de collègues. Peut-être aurais-je dû persévérer dans la critique. Peut-être…
Autre point. Je le sais bien, et j’essaie de me convaincre : les statistiques ne disent pas tout et que des graphiques ne traduiront jamais totalement ni la qualité ni l’intérêt de mon blog, mais ce sont des indicateurs que je ne peux pas ignorer non plus. Mon blog n’a pas vraiment décollé.
Je pourrais écrire juste pour moi, sans me soucier des chiffres, mais j’ai constaté que j’ai besoin de retours pour resté motivé.
Je m’en doutais aussi, mais la rédaction de « bons » billets nécessite du temps, de l’énergie, des recherches. Il faut dégager cette disponibilité. Ce n’était pas impossible, mais prenant.
Mes articles étaient-ils « bons » ou aussi « bons » que je croyais et l’espérais ? En tout cas, ils n’ont pas déclenché une avalanche de commentaires, ni mêmes suffisamment à mon humble avis, pour m’encourager à continuer. Je ne blâme personne. C’est un constat, ni plus ni moins. Est-ce la qualité, la quantité, le contenu, la thématique qui étaient à côté ? Ai-je visé à côté de la cible ? Peut-être…
Sans doute que le rythme de parution était élevé et que je me suis peut-être brûlé les ailes à vouloir trop en faire. Peut-être… Je peux l’admettre.
Le monde réformé, dont une manifestation se rencontre sur internet, est-il suffisamment connu et ouvert pour être perçu comme un espace où se rencontrent ceux et celles qui en sont et ceux et celles qui n’en sont pas ?
D’abord, ce monde réformé intéresse-t-il encore au-delà de ses seuls acteurs et actrices ? J’en doute. Ai-je tort ? Peut-être…
Un collègue et ami compare le web protestant à une bulle qu’il est difficile de faire éclater. Cette image m’interpelle et je me demande : est-ce nous, ceux du dedans, qui ne parvenons pas à faire éclater cette bulle ? Est-ce eux, ceux du dehors, qui n’y arrivent pas ? L’enveloppe est-elle au moins perméable ou si imperméable que rien ne rentre ni ne sort ?
Je constate que le web protestant est à l’image de l’Église : auto-centré. Les difficultés à rejoindre vraiment ceux qui ne sont pas là dans nos engagements et activités paroissiales se retrouvent dans l’internet.
Si je devais prendre une image pour décrire ce qu’a été jusqu’à aujourd’hui mon blog, je dirais ceci : je me suis donné du mal pour planter et entretenir un beau jardin, mais si bien clôturé que bien peu ont osé ou pensé s’y arrêter. Peut-être ai-je même empêché, sans le vouloir, certains d’y pénétrer. Peut-être…
Ce que l’expérience m’a apporté
D’abord, et grâce au concours d’autres blogueurs, j’ai acquis des compétences techniques de bases, appris quelques rudiments dans le référencement et dans WordPress. C’est déjà ça.
J’ai découvert des personnes et des contenus passionnants, des idées novatrices que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire et à regarder.
J’ai noué de belles amitiés au travers de blogs-amis dont j’ai relayé certains contenus, commenté d’autres, valorisé des points de vues. Ces amitiés perdureront au-delà de mon seul blog, j’en suis certain.
Un regard un peu plus lucide et critique sur la pertinence du partage sur les réseaux sociaux, où un contenu et des commentaires ont quelque chose de très éphémère mais de tellement pratique.
Et maintenant, et demain ?
Aujourd’hui, je fais le choix, sans doute discutable, de quitter la scène du web protestant et de signer mon dernier billet. Je le fais sans regret ni remords, mais avec un pincement au cœur quand même. Parce que je crois y avoir mis pas mal de moi-même, une bonne dose de sincérité et d’authenticité.
Et après ? Je ne sais pas. Pas encore. Il y a plusieurs options possibles :
Garder mon nom de domaine et y développer un autre contenu.
Résilier mon nom de domaine à son échéance, en février prochain.
Laisser mon blog en l’état, sous forme d’archive.
Repartir avec un autre chose, un autre nom.
Ce à quoi je n’ai pas pensé.
Il me reste encore quelques mois pour me décider. Je me donne du temps.
Vous avez été nombreux à m’encourager. Vos messages, commentaires, remarques ont été des marques d’amitiés que je garde précieusement et c’est sans doute là le plus bel effet de mon blog.
Aujourd’hui, je n’ai plus l’enthousiasme de continuer l’aventure. Je continuerai de vous suivre par vos blogs, si vous en tenez un, par d’autres canaux et des rencontres ici ou là.
À vous toutes et à vous tous va ma reconnaissance. Je vous adresse un merci sincère. Bonne route à vous et prenez bien soin de vous.
La dernière séance.… Le rideau sur l’écran vient de tomber.
Quatrième et dernier type de relation interpersonnelle évoqué par Robert Neuburger dans son livre Exister : la relation amoureuse.
Je m’essaie, encore une fois, à la mettre en perspective avec ma relation à Dieu.
Une relation au-dessus des autres
Voici ce qu’écrit Neuburger :
[La relation amoureuse], c’est la plus dévorante. Elle nous fait privilégier de manière irrationnelle une relation duelle exclusive avec un être élu. Lorsqu’elle se développe, elle domine toutes les autres relations. Sur elle, beaucoup a été écrit et peu a été compris (…) Ce qu’on cherche chez l’autre, c’est l’amour qu’il nous témoigne et le désir qu’on peut éveiller chez lui. Chacun est en quelque sorte amoureux de l’amour de l’autre.
Exister, p. 29
Je rejoins aisément Neuburger quand il affirme que beaucoup a été écrit et peu compris. Combien d’artistes ont évoqué ou représenté l’amour dans les différentes formes de l’art. Mais quant à expliquer le pourquoi et le comment de l’amour, c’est une autre chanson (pas d’amour, celle-là !). Les explications médicales et scientifiques enlèvent toute poésie à ce noble sentiment, ramené à des hormones, des neurones, des impulsions électriques du cerveau.
Si, pour le romantique (que je suis), l’amour se passe dans le cœur, pour le scientifique (que je respecte), tout se joue dans le cerveau.
Mais, revenons à cette relation au-dessus des autres, exclusive, qui est celle de Dieu avec un peuple d’abord.
Un amour à deux dimensions
Avant de nous y intéresser, un petit détour encore par Neuburger : en parlant du groupe couple, il écrit ceci :
Qu’apporte, en effet, le couple au sentiment d’exister ? Un autre amour que l’amour relationnel. Dans le couple, il y a deux amours, d’une part celui que l’on porte à son partenaire et que nous porte notre partenaire et, d’autre part, celui que les deux partenaires portent au couple qu’ils ont construit, la petite institution, que j’appelle volontiers la « maison-couple ».
Exister, p. 42
Ces deux dimensions de l’amour sont parlantes aussi dans la relation à Dieu. D’abord, parce qu’il y a cet amour (premier) de Dieu pour son peuple et pour l’ensemble de ses créatures et la réponse de ce peuple et des croyants par la foi. Ensuite, le soin porté à entretenir, développer, enrichir la relation Dieu-humain par des pratiques, telles que la lecture des Écritures, la célébration, la prière, la méditation, l’émerveillement…
Un amour, deux dimensions, une alliance et dix commandements
La relation exclusive (que je qualifie d’amoureuse au sens de Neuburger) de Dieu s’adresse d’abord à un peuple, sous la forme d’une alliance, celle conclue avec Israël1. Peuple d’hébreux d’abord esclaves en Egypte, puis libérés et conduits à travers le désert vers la Terre promise par Dieu, comme le résume ce texte de l’Exode :
(2) Dieu parla encore à Moïse, et lui dit: Je suis l’Éternel. (3) Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob, comme le Dieu tout puissant; mais je n’ai pas été connu d’eux sous mon nom, l’Éternel.(4) J’ai aussi établi mon alliance avec eux, pour leur donner le pays de Canaan, le pays de leurs pèlerinages, dans lequel ils ont séjourné.(5) J’ai entendu les gémissements des enfants d’Israël, que les Égyptiens tiennent dans la servitude, et je me suis souvenu de mon alliance. (6) C’est pourquoi dis aux enfants d’Israël: Je suis l’Éternel, je vous affranchirai des travaux dont vous chargent les Égyptiens, je vous délivrerai de leur servitude, et je vous sauverai à bras étendu et par de grands jugements. (7) Je vous prendrai pour mon peuple, je serai votre Dieu, et vous saurez que c’est moi, l’Éternel, votre Dieu, qui vous affranchis des travaux dont vous chargent les Égyptiens.
Un autre texte emblématique qui encadre cette relation est le Décalogue ou les Dix commandements. Les quatre premières exhortations mettent d’abord en évidence l’exclusivité de Dieu par rapport aux autres divinités :
(3) »Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi.
(4) »Tu ne te feras pas de sculpture sacrée ni de représentation de ce qui est en haut dans le ciel, en bas sur la terre et dans l’eau plus bas que la terre.
(5) Tu ne te prosterneras pas devant elles et tu ne les serviras pas, car moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux. Je punis la faute des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me détestent, (6) et j’agis avec bonté jusqu’à 1000 générations envers ceux qui m’aiment et qui respectent mes commandements.
(7) »Tu n’utiliseras pas le nom de l’Eternel, ton Dieu, à la légère, car l’Eternel ne laissera pas impuni celui qui utilisera son nom à la légère.
(8) »Souviens-toi de faire du jour du repos un jour saint. (9) Pendant 6 jours, tu travailleras et tu feras tout ce que tu dois faire. (10) Mais le septième jour est le jour du repos de l’Eternel, ton Dieu. Tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton esclave, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui habite chez toi. (11) En effet, en 6 jours l’Eternel a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il s’est reposé le septième jour. Voilà pourquoi l’Eternel a béni le jour du repos et en a fait un jour saint.
Exode 20, 3-11
Cette exclusivité sera reprise par Jésus comme un avertissement à n’avoir qu’un seul maître :
(13) Aucun serviteur ne peut être en même temps au service de deux maîtres. En effet, ou bien il détestera l’un et aimera l’autre ; ou bien il sera dévoué au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir en même temps Dieu et l’Argent.
Évangile de Luc 16, 13
On rencontre l’expression « Je suis un Dieu jaloux ». Il me paraît nécessaire ici de préciser ce qu’on entend par jalousie divine qui s’écarte de la compréhension humainement amoureuse, liée à l’envie. Je me réfère ici à l’article signé Pietro Povati dans le Dictionnaire critique de théologie2 :
Dans les écrits de l’Ancien Testament le terme de jalousie appliqué à Dieu (ou YHWH) se rapproche de l’idée de « zèle ». Le Nouveau Testament, pour sa part, introduira la notion de « passion puissante », ce qui se traduit par un amour possessif : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi ». Ainsi, la jalousie divine décrit un attachement exclusif et irrévocable de Dieu à Israël, comme partenaire de l’alliance.
Le texte d’Exode 20 met bien en évidence aussi les deux aspects de la jalousie : l’amour exclusif dont tout écart est sanctionné sur 3 ou 4 générations (seulement) et le pardon bien plus large, quasi illimité (jusqu’à 1000 générations).
Il y aurait certainement encore à dire à ce sujet. Mais l’espace me manque. N’hésitez pas à commenter.
Ma relation à Dieu
Comment puis-je dès lors entretenir une relation saine (voire sainte) avec ce Dieu jaloux et exculsif ? Je crois d’abord que cela me fait prendre conscience de la dimension quasi insondable de l’amour de Dieu pour son peuple et donc chacun·e, ses enfants.
Neuburger rappelle aussi que ces types de relations ne sont pas cloisonnés : une relation nourricière peut s’insinuer ou cohabiter dans une relation amoureuse : l’un des conjoints assumant ce rôle vis-à-vis de l’autre. Par conséquent, Dieu peut à la fois être la source nourricière de cet amour et le partenaire de cette même relation.
Le Dieu jaloux m’incite à m’interroger sur mon besoin d’être reconnu comme un être aimable, dans le sens qui peut être aimé. Et de me sentir aimé par lui, Dieu, même si j’éprouve des difficultés à m’aimer moi-même : « être amoureux de l’amour de l’autre. » écrit Neuburger.
Je prends alors conscience que cette acceptation ne peut venir que de Dieu et que lui d’abord m’offre un amour inconditionnel et exclusif, par pure grâce, sans que je doive prouver un quelconque mérite.
Sans tomber dans un mysticisme fondamental, je tente aussi d’entretenir et de raviver toujours et encore ce lien qui me relie à Dieu au travers des autres, de chercher ce Dieu qui se laisse trouver, un peu comme une partie de cache-cache entre amoureux. La lecture de la Parole, les célébrations, la prière, la marche,la méditation, la photographie, entre autres choses, m’y aident.
Dieu, où est mon amour pour toi ?
Et cette réflexion m’interroge plus encore sur ce que le monde et la société élèvent en dieux d’aujourd’hui : notoriété, productivité, individualisme, enrichissement, succès… Il nous faut « être quelqu’un« , « avoir réussi sa vie », « gagner un certain salaire »… Et mon rapport à la quête de parvenir à ces objectifs.
Et Dieu dans tout cela ? Où est cet amour exclusif pour lui dans cette quête sans fin à la reconnaissance ? Et si un grain de sable, un accident, un obstacle viennent tout remettre en question ?
Faudrait-t-il attendre de se casser la figure pour renouer une relation amoureuse ou nourricière avec Dieu qui sera toujours là à nous attendre et à nous accueillir. Ou bien est-il temps d’y réfléchir vraiment ?
Questions à (se) poser :
Qu’est-ce que je trouve dans la relation à Dieu qui puisse nourrir ma relation avec un être aimé ?
Comment accepter la jalousie ? Est-elle une composante nécessaire ou incontournable du couple ?
Qu’est-ce qui fait que je peux être aimé de l’autre ?
Qu’est-ce qui influence mon sentiment d’être reconnu ou pas ?
Et Dieu dans tout cela ? Quelle place a-t-il ?
Le terme d’alliance, s’il peut être employé pour définir un contrat entre États ou personnes dans un cadre par exemple commercial ou militaire, renvoie plus souvent à l’union de deux personnes liées par un amour partagé. ↩
Ed. Presses universitaires de France, 1998, p. 707-708. ↩
Troisième billet consacré aux relations interpersonnelles qui se base sur le livre Exister du psychiatre Robert Neuburger. Comme précédemment, je vais essayer de mettre ce que dit Neuburger en perspective de la relation à Dieu et à ma foi. Ce faisant, j’essaie de répondre à ce commentaire d’Elio Jaillet.
Intéressons-nous à la relation fraternelle et lisons d’abord ce qu’en dit Neuburger :
[Cette relation] est ce que l’enfant apprend au contact de ses « frères ». J’entends par là les autres enfants de sa propre famille ou les enfants qu’il va connaître à la crèche ou plus tard à l’école maternelle, voire simplement au square dans le bac à sable (…) La relation fraternelle nous relie à d’autres êtres que nous élisons comme étant des « frères » au sens de « semblables » (…) Le maître-mot de cette relation est le partage, le fait de vivre une expérience qui prend consistance parce qu’un autre la partage, d’exister dans ce plaisir partagé.
Exister, pp. 27-28
Le psychiatre emploie le masculin, mais ce qui est dit ici et dans ce qui suit peut (voire doit) s’entendre aussi au féminin, et ainsi passer de frères à sœurs.
Mes frères que je me choisis
De ce court extrait, je peux déjà dégager deux pistes de la fraternité. D’abord une fraternité de fait, biologique, où chacun, issu d’une même mère, est porteur d’un même patrimoine génétique et ensuite une fraternité de choix, sociale, où je me choisis ceux qui deviendront mes frères ou mes sœeurs. Ce qui va guider mes choix, ce sera l’envie de partager quelque chose de commun, ce qui me communiquera le sentiment d’exister.
On voit déjà poindre la compréhension religieuse de la fraternité, dans ce sens où je rejoins une communauté où je peux partager des valeurs qui me font sentir exister dans le partage d’une foi en un même Dieu, d’une même espérance et d’un même credo. D’ailleurs, ne parle-t-on pas des communautés religieuses composées de frères et/ou de sœurs1 ?
Sacrés frères
Les histoires bibliques font la part belle aux familles et notamment aux relations entre frères. Mais étrangement, ces photographies familiales mettent plus en évidence des relations conflictuelles qu’harmonieuses. Pensons par exemple à Caïn et Abel, Esaü et Jacob, Joseph et ses frères. Cette approche n’étonne pas Neuburger :
Les premiers rapports sont souvent rugueux. Découvrir que l’on n’est pas le seul de son espèce dans le regard maternel est une rude épreuve qui engendre ce que Lacan appelle le complexe de fraternité. Sur ce point, le psychanalyste était nanti, ayant un frère qui, non seulement lui faisait de l’ombre à l’intérieur de sa famille, mais aussi était frère en religion, donc lui volait une part important de regard de Dieu.
Exister, p. 27
Cette référence à Lacan n’est pas sans rappeler une parabole célèbre de Jésus, celle du fils prodique, et cet extrait notamment, le reproche de l’aîné à son père :
(29) Mais lui répondit : « Cela fait tant et tant d’années que je suis à ton service ; jamais je n’ai désobéi à tes ordres. Et pas une seule fois tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. (30) Mais quand celui-là revient, “ton fils” qui a mangé ta fortune avec des prostituées, pour lui, tu tues le veau gras !
Évangile de Luc 15, 29-30.
La relation à Dieu
Comme déjà évoqué dans le billet à propos de la relation nourricière, Dieu est notre origine commune. Il est ce Dieu nourricier d’un amour sans limite. Dans cette perspective croyante en Jésus-Christ, nous sommes appelés enfants de Dieu :
(1) Voyez quel amour le Père nous a témoigné pour que nous soyons appelés enfants de Dieu! Et nous le sommes! Si le monde ne vous connaît pas, c’est qu’il ne l’a pas connu, lui. (2) Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons un jour n’a pas encore été révélé. Mais nous savons que, lorsque Christ apparaîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. (3) Toute personne qui possède cette espérance en lui se purifie comme lui-même est pur.
Première lettre de Jean 1, 1-3
Mais la relation de Dieu à l’humain n’est pas que verticale (ou asymétrique), elle est aussi horizontale, en Jésus-Christ. En lui, c’est Dieu qui offre un vis-à-vis, un semblable, un frère à l’humain, qui permet alors de se relier au Divin, de le voir à notre hauteur.
Du Fils au frère
Ainsi, de Fils de Dieu le Père, Jésus se fait frère des humains. Lors de son baptême, la voix venant du ciel2 qualifie Jésus de Fils, qui bénéficie de l’amour (ou l’approbation) du Père :
(16) Dès qu’il fut baptisé, Jésus sortit de l’eau. Alors le ciel s’ouvrit pour lui et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. (17) Au même instant, une voix fit entendre du ciel ces paroles: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute mon approbation.»
Évangile de Matthieu 3, 16-17
Plus loin, lors de la transfiguration, cette même voix se fera à nouveau entendre aux trois disciples témoins de cette scène et légitimera Jésus à être écouté en tant que fils :
(35) Et de la nuée sortit une voix qui dit: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé: écoutez-le!»
Luc 9, 35
C’est le Prologue de Jean qui opère la transition du Fils du Père au frère, semblable :
(14) Et la Parole s’est faite homme, elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père.
Évangile de Jean 1, 14
Ainsi, en Jésus-Christ, c’est la parole de Dieu, force de création et de relation, qui devient un habitant de ce monde, semblable aux autres.
La lettre aux Philippiens ne dit pas autre chose :
(6)… Jésus-Christ: lui qui est de condition divine,
il n’a pas regardé son égalité avec Dieu comme un butin à préserver, (7) mais il s’est dépouillé lui-même en prenant une condition de serviteur, en devenant semblable aux êtres humains. Reconnu comme un simple homme (…)
Philippiens 2, 6-7
Tous frères, vraiment ?
On pourra certainement se demander si nous sommes vraiment tous frères et sœurs. En humanité, certainement, puisque nous partageons une commune condition : celle de vivants et de mortels appartenant à la famille homo sapiens.
Bien plus encore, à la lecture de Neuburger, et dans son chapitre consacré à la dépression, on prend conscience qu’aucune catégorie, fût-elle le résultat d’un diagnostic médical plus ou moins justifié, n’enlève la qualité fraternelle de chaque être humain :
(…) en considérant que la plupart des déprimés sont des sujets normaux confrontés ou ayant été confrontés à un environnement anormal. Le « déprimé » est d’abord notre frère : il n’y a pas de destin programmé.
Exister, p. 144.
Remarquez que les guillemets portent sur déprimé et non sur frère. Le premier pouvant être questionné, le second terme ne l’est pas.
Pour en revenir à l’approche des Écritures, Jésus va redéfinir la relation fraternelle, mais plus largement celles des membres de la famille, au-delà des seuls liens du sang :
(48) Mais Jésus lui répondit : Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ? (49) Puis, désignant ses disciples d’un geste de la main, il ajouta : Ma mère et mes frères, les voici. (50) Car celui qui fait la volonté de mon Père céleste, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère.
Évangile de Matthieu 12, 48-50
On notera au passage qu’il n’y a pas de redéfinition liée au Père, puisque Dieu est seul Père pour tous les humains : « Ne donnez pas non plus à quelqu’un, ici-bas, le titre de « Père », car pour vous, il n’y a qu’un seul Père : le Père céleste. » (Matthieu 23,9).
Ma relation à Dieu se trouve dès lors stimulée par cette réflexion qui me conduit à regarder mon prochain avec les yeux d’un frère et à le considérer comme un frère, une sœur. Car, en lui, c’est Dieu que je suis appelé à aimer :
(19) Quant à nous, nous aimons parce que Dieu nous a aimés le premier. (20) Si quelqu’un prétend aimer Dieu tout en détestant son frère, c’est un menteur. Car s’il n’aime pas son frère qu’il voit, il ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas. (21) D’ailleurs, Christ lui-même nous a donné ce commandement : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère.
Première lettre de Jean 4, 19-21
Je crois que tout est dit dans ces quelques mots : une verticalité en cet amour premier de ce Dieu nourricier qui me précède et me dépasse. Ce Dieu qui a créé chacun·e à son image et capable d’aimer. Ensuite, cet appel à l’horizontalité dans la reconnaissance de l’autre, quel qu’il soit, comme mon frère, et frère de Jésus-Christ. Enfin, une cohérence à défendre, un rappel à y revenir toujours et encore : la verticalité n’est rien sans l’horizontalité et vice-versa.
Questions à (se) poser :
Quelles personnes ont été, dans ma vie, des frères ou des sœurs, également au-dela du cercle famillial ?
La construction de soi, au contact de frères, passe-t-elle toujours par la confrontation ?
Comment ma relation à Dieu influence-t-elle ma relation à mes frères en humanité ?
Est-ce que je fais une différence entre frères en humanité et en Christ (ou en Dieu) ?
Dans son livre, Neuburger rappelle que dans certaines langues, à l’image du grec et du latin, il existe une distinction de mots pour désigner des frères de sang des frères de foi (Exister, pp. 38-39). ↩
Une manière de définir Dieu dont la voix est créatrice, notamment de relation (voir par exemple Gn 3) et de paix, puisque les Évangiles y ajoutent la manifestation d’une colombe. ↩